Fiche contextuelle : pratiques des artistes handicapés ou sourds

Nous avons préparé des fiches contextuelles qui renferment des renseignements et des ressources sur les communautés et les pratiques artistiques émergentes, minorisées et moins bien comprises. Notre intention est d’en favoriser la compréhension et de veiller à ce que les comités d’évaluation (internes ou formés de pairs) soient bien outillés pour formuler des recommandations éclairées.

Chaque fiche contextuelle est un document évolutif mis à jour de temps à autre afin qu’il progresse au rythme des discussions sur le sujet abordé.

Contexte

Principales caractéristiques du secteur des artistes handicapés ou sourds

Pour le Conseil, le secteur des artistes sourds ou handicapés désigne des pratiques artistiques dans lesquelles les expériences culturelles variées et collectives des personnes sourdes ou handicapées sont essentielles à l’étude du récit, de la forme ou de l’esthétique. Reposant sur le modèle social du handicap, ces pratiques établissent une rupture avec les conventions artistiques dominantes pour ce qui est de la création, de la production et de la diffusion, de même qu’avec les perceptions changeantes et la compréhension de la condition humaine. Ce travail s’applique à l’ensemble des arts de la scène ou de studio, combinant l’esthétique et des formes traditionnelles et contemporaines de manières souvent uniques au secteur.

Le modèle social du handicap

Le modèle social du handicap établit une distinction entre « déficience » et « handicap ». Les déficiences sont des états physiques ou mentaux, ou des troubles d’apprentissage visibles ou non qui ont des effets à long terme, temporaires ou variables. Le handicap amène à vivre l’exclusion ou à être désavantagé lorsque la société n’offre pas d’accommodements aux personnes atteintes d’une déficience ou ne les inclut pas.

Le modèle social remet en question les modèles dominants qui considèrent les déficiences comme des caractéristiques avec lesquelles une personne doit composer, ou encore qu’elle doit surmonter. Le modèle social s’intéresse plutôt aux transformations et aux adaptations que la société doit mettre en place pour accommoder les personnes. Elle rejette la notion selon laquelle ce sont les personnes qui doivent changer ou « s’améliorer ». La déficience et le handicap sont plutôt traités comme des éléments valables qui font partie intégrante de l’identité.

Le secteur des artistes sourds ou handicapés, en tant que champ distinct, repose sur les valeurs et principes de base du modèle social et du mouvement de défense des droits des personnes handicapées, qui affirment ce qui suit :

  • la surdité et le handicap sont des identités collectives plutôt que des catégories médicales;
  • les personnes sourdes ou handicapées devraient exercer les pleins contrôles et le pouvoir sur la détermination de leurs propres objectifs en tant que citoyens actifs et contribuant à la société.

Les diverses expressions des artistes sourds ou handicapés

Les œuvres créées dans le secteur des artistes sourds ou handicapés exposent fréquemment l’injustice sociale, l’inégalité et l’exclusion systémique. Souvent, elles soulignent et reflètent aussi la fierté à l’égard des expériences et des points de vue qu’apportent les personnes atteintes d’une déficience. Ces angles différents constituent la base d’un ensemble varié de pratiques artistiques, dont la musique des Sourds, le DeVIA (Deaf Visual Image Art) et la danse en fauteuil roulant.

Par ailleurs, les moyens par lesquels les personnes s’identifient dans le secteur où évoluent les artistes handicapés ou sourds sont extrêmement complexes. Il est important de noter que les artistes sourds ou handicapés ne créent pas nécessairement des pratiques artistiques se rapportant à ce secteur particulier. Plusieurs choisissent de définir leurs pratiques en fonction des disciplines traditionnelles.

Le Conseil a remarqué que la diversité esthétique, le degré d’innovation, l’ampleur et la portée des activités dans ce secteur se sont accentués de façon spectaculaire en quelques années seulement.

Trois communautés distinctes

Le Conseil reconnaît, en termes généraux, qu’il existe trois communautés distinctes au sein de ce secteur :

  • les personnes sourdes;
  • les personnes handicapées;
  • les personnes qui vivent avec une maladie mentale.

Bien que les trois se recoupent, dans une certaine mesure, elles ont un historique différent sur le plan des normes et des valeurs, de même que sur le plan des expériences et réactions en matière de discrimination et d’exclusion.  

Les personnes sourdes

Les pratiques des artistes sourds sont produites par des personnes sourdes qui explorent leur identité, leur communauté d’appartenance ainsi que les relations qu’elles entretiennent entre elles et avec la culture dominante des entendants. Bien des personnes sourdes s’identifient comme une minorité linguistique, et non comme un groupe de personnes handicapées, qui emploient des langues gestuelles régionalement et culturellement spécifiques, distinctes des langues écrites et parlées (au Canada, il s’agit surtout de l’ASL [American Sign Language], de la LSQ (langue des signes québécoise) et de diverses langues gestuelles autochtones.

Les personnes handicapées

Les pratiques des artistes handicapés sont créées par des personnes handicapées qui utilisent leur déficience comme point de départ vers la création. Les déficiences, qu’elles soient intellectuelles, physiques, psychologiques, neurologiques, sensorielles ou qu’il s’agisse d’un trouble d’apprentissage, ne sont pas présentées comme des obstacles au processus artistique, mais comme des fondements dictant les choix de forme et d’esthétique. Ce travail vient faire le contrepoids aux notions dominantes de la beauté, de l’autonomie et du pouvoir, qui présentent généralement le sujet handicapé dans un mouvement de pitié et de charité, et permet de leur donner d’autres dimensions.

Les personnes qui vivent avec une maladie mentale

Ces pratiques artistiques sont le fruit de personnes vivant avec des problèmes de santé mentale et sont l’expression de la fierté de la folie (Mad pride), un terme né d’un mouvement populaire mondial de personnes ayant des problèmes de santé mentale ou des déficiences psychiatriques. Le terme « fou » est réhabilité comme un symbole de fierté, d’identité collective et de renforcement de la communauté. Dans ce contexte, la maladie mentale n’est pas construite comme une pathologie, mais plutôt comme une partie intégrante de l’identité et des expériences façonnées par des déterminants sociaux de la santé comme le revenu, le statut social, l’emploi, les conditions de travail, le logement et la sécurité alimentaire.

Enjeux et analyse

Déséquilibres du pouvoir et inégalités

Il est impossible de bien comprendre les pratiques des artistes sourds ou handicapés sans prendre conscience que la surdité, le handicap et les problèmes de santé mentale (ou les déficiences psychiatriques) ont été constamment confrontés à des réactions négatives depuis les temps anciens. Ces perspectives ont mené à des transformations de la société, comme l’eugénisme, qui a mené à la victimisation, à la persécution et au génocide systémiques des personnes sourdes ou handicapées dans le monde entier. Les défenseurs des droits des personnes sourdes ou handicapées continuent de contester cet héritage de la discrimination à grand renfort de revendications, de poursuites et d’expressions culturelles collectives.

Les expériences de l’inégalité sont considérées comme le fruit de discrimination sur les plans politique, social et économique. On met l’accent sur les inégalités causées par :

  • l’environnement bâti, incluant divers niveaux d’accès aux lieux, aux moyens de transport et aux services;
  • l’inaccessibilité du contenu, incluant l’absence de services d’interprétation en langue des signes et autres formats;
  • le temps alloué, incluant le manque de flexibilité dans la planification et l’enchaînement des évènements;
  • la langue et la communication, incluant la terminologie, les attitudes et le comportement structuré qui ne tiennent pas compte des réalités des personnes sourdes ou handicapées.

Les expériences des inégalités subies par les personnes sourdes ou handicapées sont aussi fortement façonnées par la race, la classe, le genre, l’expression du genre, l’orientation sexuelle, l’historique de la colonisation et de l’immigration. Au sein des peuples autochtones et de certaines communautés racisées, les notions de handicap et de maladie mentale sont souvent grandement influencées par les expériences collectives de traumatisme et d’aliénation sociale découlant d’un héritage de colonialisme et de racisme.

Les grands défis auxquels sont confrontés les artistes sourds ou handicapés et leurs organismes artistiques

Au cours des deux dernières décennies, les mouvements de revendication des communautés des personnes handicapées ou sourdes ont amené des changements législatifs, des niveaux d’accès accrus et une participation plus active à tous les aspects de la vie au Canada, y compris aux arts. Le secteur des artistes handicapés ou sourds a connu une croissance rapide, accompagnée d’une explosion de la création et d’une visibilité accrue pour leur travail. Bien des artistes ont été encouragés à être fiers de se présenter comme ils sont et à explorer cet aspect de leur identité.

Malgré ces changements positifs, il reste qu’il manque d’infrastructures dans le secteur et dans le milieu artistique en général pour favoriser la formation, la création, la production et la diffusion des formes d’art et des œuvres d’artistes handicapés ou sourds. Par ailleurs, en raison du fait qu’une grande partie du travail remet en question l’esthétique dominante et la vision du monde à l’égard du handicap, les normes selon lesquelles la majorité compare, perçoit et évalue l’art peuvent ne pas s’appliquer.

Reconnaissance esthétique

Les pratiques des artistes handicapés ou sourds possèdent leur propre esthétique. La danse destinée aux personnes handicapées, par exemple, explore généralement les thèmes de la beauté, de l’autonomie et du pouvoir, et intègre le caractère physique et le mouvement de divers aides à la mobilité (fauteuils roulants, déambulateurs, cannes, prothèses) comme élément essentiel de la création et de l’exploration artistiques. La musique des Sourds est visuelle plutôt qu’auditive et repose sur la langue des signes.

Ces formes d’art remettent en question le fondement même des disciplines et de l’esthétique artistiques traditionnelles. Elles exigent que le public voie les choses différemment. Par exemple, pour apprécier la danse et le théâtre spécifiques aux artistes handicapés ou sourds, les artistes non handicapés et le public accoutumés de voir des corps athlétiques et agiles se mouvoir sur scène doivent élargir leurs notions de beauté afin d’inclure des personnes atteintes d’une déficience physique et considérer les aides à la mobilité non pas comme des symboles de limitation et de confinement, mais comme des outils d’expression artistique. Par conséquent, il est essentiel de reconnaître le traitement qui a toujours été réservé à la déficience et au handicap et de comprendre que les définitions de mérite artistique sont fluctuantes lorsqu’il s’agit d’évaluer le travail d’artistes handicapés ou sourds.

Infrastructures et financements inadéquats

Bien qu’au cours des dernières années, le Conseil des arts du Canada et d’autres bailleurs de fonds provinciaux et municipaux aient lancé des initiatives stratégiques et des programmes visant surtout à développer le talent et les capacités des artistes handicapés ou sourds et des organismes axés sur leurs pratiques, le secteur demeure nettement défavorisé, comme le prouvent les statistiques sur le financement.

L’accès à un soutien constant reste particulièrement difficile pour ces organismes, spécialement sous-représentés dans les programmes de subventions de base. Comme d’autres communautés minoritaires, mais à un degré sans doute plus élevé encore, les organismes de ce secteur sont confrontés à des barrières systémiques, comme le manque de ressources humaines et financières, d’installations accessibles et de possibilités sur les plans de l’administration, du marketing et de la collecte de fonds. Ainsi, les demandes de subvention de ces organismes peuvent témoigner :

  • d’une plus grande dépendance à l’égard des fonds publics;
  • de coûts plus élevés pour rendre les environnements et les contenus artistiques plus accessibles (p. ex. : coûts liés aux accompagnateurs ou à l’interprétation en langue des signes);
  • d’un plus grand recours aux services bénévoles ou en nature.

Il est essentiel de renforcer les infrastructures et les capacités pour assurer la viabilité à long terme du secteur des artistes handicapés ou sourds.

Peu de possibilités pour la diffusion

Même si le nombre d’œuvres réalisées par des artistes handicapés ou sourds a nettement augmenté au cours des dix dernières années, il manque d’infrastructures pour la présentation, l’exposition ou la publication de ces réalisations. Les diffuseurs canadiens traditionnels ne font que commencer à vouloir inclure les pratiques des artistes handicapés ou sourds, surtout grâce à des actions militantes permanentes, mais aussi à une reconnaissance et un intérêt qui se manifestent de plus en plus à l’échelle internationale.

Malgré cet élan, les circuits de présentation traditionnels demeurent assez inaccessibles aux artistes handicapés ou sourds. Le manque de réseaux officiels, de matériel promotionnel et de visibilité globale signifie que les diffuseurs ont peu d’occasions de voir les œuvres au préalable. Par ailleurs, les salles de spectacle sont souvent physiquement inaccessibles aux artistes de ce secteur, et leur travail n’est pas toujours compris par les diffuseurs des courants dominants, qui ont une connaissance limitée des pratiques des artistes sourds ou handicapés. Le nombre limité d’artistes handicapés ou sourds professionnels qui jouent un rôle décisionnel au sein des institutions artistiques du pays contribue encore davantage à ces obstacles.

En raison de ces désavantages, les artistes sourds ou handicapés sont souvent obligés de :

  • présenter eux-mêmes leurs œuvres;
  • tirer profit de possibilités hors du circuit officiel pour offrir des prestations ou des expositions, dans des salles et des milieux non traditionnels;
  • mettre au point de nouvelles plateformes numériques pour leurs œuvres;
  • lancer leur propre festival ou réseau de diffusion et de tournée pour atteindre de nouveaux publics.

Ainsi, les curriculums vitae des artistes handicapés ou sourds peuvent indiquer des antécédents de présentation différents, comparativement à leurs collègues non handicapés (par exemple, des présentations à l’occasion de congrès ou dans des salles communautaires). Les pairs évaluateurs peuvent percevoir à tort ces présentations comme étant moins « professionnelles » que celles qui ont lieu à des endroits plus conventionnels, parce que les cachets versés aux artistes sont moins élevés.

À l’échelle internationale, les artistes handicapés ou sourds créent aussi de plus en plus eux-mêmes leur visibilité et leurs réseaux. Ce faisant, ils relient le Canada aux secteurs où évoluent leurs pairs en Angleterre, en Europe, en Asie et en Australie. Cependant, présenter ou exposer des œuvres d’artistes handicapés ou sourds est souvent plus coûteux, en raison des frais d’accommodement et d’accessibilité accrus. Cela risque de dissuader les diffuseurs d’engager ces artistes, ou bien d’entraîner une baisse des cachets versés à ces derniers ou d’augmenter les services et les ententes en nature. Il est donc essentiel de pleinement comprendre et valider les divers contextes et cadres où les œuvres d’artistes handicapés ou sourds sont présentées.

De multiples barrières systémiques

Dans le secteur des arts au Canada, les artistes handicapés ou sourds doivent encore franchir des barrières systémiques et comportementales qui peuvent mener à la discrimination, à des gestes purement symboliques et à l’exclusion. Malgré des années de pratique professionnelle, les artistes se trouvent fréquemment étiquetés comme étant « non professionnels » et leur travail est souvent sous-évalué. La déformation culturelle est une préoccupation constante, et diverses œuvres traditionnelles dépeignent les personnes handicapées ou sourdes de manières stéréotypées, allant du tragique (évoquant la pitié) à l’héroïque (surmontant leur handicap).

Les artistes du secteur font souvent face aussi aux mêmes barrières que les artistes régionaux du point de vue de l’isolement, de l’autosuffisance ou de l’interdépendance et de la survie créatrice. Il faut absolument comprendre aussi que le roulement des leaders artistiques au sein des organismes axés sur les pratiques des artistes handicapés ou sourds est souvent lié à un manque de mesures destinées aux personnes handicapées. En général, il y a lieu de mieux prendre conscience des contextes social, institutionnel et historique plus larges qui influent sur les artistes handicapés ou sourds.

Revenus moindres et rares occasions de travailler

Bien que la rémunération inadéquate pour le travail artistique constitue une préoccupation universelle pour les professionnels des arts au Canada, les artistes handicapés ou sourds sont les moins bien payés de tous les artistes canadiens en raison de barrières accrues aux occasions d’emploi et de la dévaluation fréquente de leur travail.

Ils sont aussi plus susceptibles de compter sur des programmes provinciaux ou territoriaux de soutien du revenu. Ces genres de programmes financent les mesures et les services destinés aux personnes handicapées, souvent coûteux. Cependant, ces programmes déterminent strictement le revenu et les fonds que les artistes peuvent toucher d’autres sources et ils limitent les sommes que les personnes peuvent détenir à tout moment. Cela peut limiter les possibilités de perfectionnement professionnel des artistes handicapés ou sourds.

Ceux-ci risquent de ne pas pouvoir, par exemple, être aussi enclins à participer à des projets d’envergure, à des résidences artistiques prolongées ou à des ateliers que les autres artistes. De plus, ils peuvent parfois se voir forcés de refuser des cachets, puisque des parties risquent de les rendre non admissibles à des mesures et des services destinés aux personnes handicapées par leur programme de soutien du revenu.

La nécessité de gérer des problèmes liés à l’accessibilité et au handicap, tout comme les limites imposées quant au revenu pouvant être accepté, risque aussi de prolonger les cycles de création et de production. Des projets pourraient prendre plus de temps à réaliser, et le travail continu risque de s’avérer plus difficile à maintenir. Des artistes pourraient peut-être voir leur carrière interrompue de manière importante, et même des organismes axés sur les pratiques des artistes handicapés ou sourds pourraient peut-être devoir prévoir une pause annuelle dans leur programmation.

Possibilités de formation limitées

Les occasions de formation structurée adaptées et accessibles aux artistes handicapés ou sourds sont très limitées au Canada. Les problèmes d’accès physique et l’accessibilité des curriculums et des méthodes d’enseignement représentent des barrières énormes pour eux. De plus, les pratiques des artistes handicapés ou sourds sont très peu reconnues au sein des établissements de formation structurée. Même les établissements de formation établis et bien financés offrent rarement l’interprétation en langue des signes ou des accommodements. Par conséquent, bien des artistes sont autodidactes ou sont encadrés, souvent gratuitement, par des chefs de file dans leur communauté artistique.

Étant donné ces restrictions, les organismes axés sur les pratiques des artistes handicapés ou sourds se trouvent de plus en plus engagés dans un large éventail d’activités de formation et de transfert de connaissances, y compris des mentorats, des programmes d’apprentissage, des ateliers, des laboratoires et des cours spécialisés. En raison du bassin extrêmement réduit d’artistes professionnels qui connaissent à fond les formes artistiques destinées aux personnes handicapées ou sourdes, bien des organismes du secteur doivent recruter, cultiver et former des artistes afin, notamment, d’alimenter leurs productions et leurs expositions. Les groupes d’arts de la scène, en particulier, démarrent souvent leurs propres programmes de formation dans le but de former la prochaine génération d’artistes-praticiens. Ces groupes peuvent inviter des artistes étrangers bénéficiant peut-être d’un meilleur soutien législatif dans leur pays, comparativement aux artistes canadiens, afin d’augmenter leur bassin d’interprètes, de mentors et de créateurs et d’enrichir leur répertoire.

Les considérations du Conseil en matière d’équité pour les artistes sourds ou handicapés

Qu’est-ce que l’équité?

L’équité est un principe et un processus visant à offrir des conditions équitables à toute personne qui désire participer pleinement à la société. En vertu de ce principe, l’on reconnaît que, si toutes les personnes ont droit à un traitement égal, elles n’ont pas toutes le même accès aux ressources, aux possibilités ou aux avantages. L’équité ne se résume pas toujours à traiter toutes les personnes ou tous les groupes de la même façon, mais peut exiger le recours à des mesures particulières par souci de justice.

Assurer un accès équitable à ses programmes et services fait partie des valeurs fondamentales du Conseil des arts du Canada. Cet engagement de longue date remonte à 1991, lorsque le Conseil a créé le Bureau de l’équité afin d’améliorer l’accès pour les artistes canadiens issus des communautés autochtones et de diverses cultures. En 2008, les pratiques des artistes handicapés sont devenues un nouveau domaine d’exploration dans le Plan stratégique du Conseil, et le Bureau de l’équité a vu son mandat s’élargir pour englober les pratiques des artistes sourds ou handicapés.

Considérations juridiques

L’engagement du Conseil des arts du Canada à favoriser les pratiques des artistes sourds ou handicapés se fonde sur des droits fondamentaux de la personne et des impératifs juridiques, notamment sur des textes aussi importants que la Charte canadienne des droits et libertés, la Loi canadienne sur les droits de la personne, la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, ainsi que des décisions particulières rendues par des tribunaux. Ce cadre juridique jette les bases des mesures d’adaptation et d’appui du Conseil à l’intention des candidats, des pairs évaluateurs et des employés sourds ou handicapés.

Reconnaissance officielle des artistes handicapés ou sourds par le Conseil

Le Conseil reconnaît les artistes sourds, handicapés ou vivant avec une maladie mentale comme faisant partie des groupes visés par l’équité. Il a mis au point pour eux des définitions, des politiques et des mécanismes, lesquels sont énoncés dans sa Politique en matière d’équité.

En 2010, après de vastes consultations avec les communautés des artistes sourds et handicapés, le Conseil a publié L’art à part entière : stratégie d’accès et d’égalité pour l’avancement des pratiques des artistes handicapés ou sourds.

En publiant son nouveau plan stratégique, Façonner un nouvel avenir : 2016-2021, le Conseil a réitéré que se concentrer sur le soutien aux pratiques des artistes handicapés ou sourds faisait partie de ses engagements continus. Le Conseil a fait un grand pas en avant en ce sens en reconnaissant les pratiques des artistes handicapés ou sourds comme un champ distinct dans tous les programmes. En 2019, le Conseil a lancé L’art à part entière II : stratégie sur l’expression et l’engagement des personnes sourdes ou handicapées, qui poursuivait sur la lancée de la première stratégie L’art à part entière.