Remise de trois prix d’architecture
Place à l’innovation, à la créativité et à la responsabilité sociale
Prix de Rome
S’inspirant du Prix de Rome en architecture qui était décerné au XVIIIe siècle, le prix de Rome en architecture, catégorie Professionnel, du Conseil des arts du Canada a été créé en 1987, et suivi en 2004 du Prix de Rome en architecture, catégorie Début de carrière, afin d’encourager l’adoption d’une vision plus ouverte sur le monde.
Professionnel
Le Prix de Rome en architecture, catégorie Professionnel, est décerné à un jeune praticien de l’architecture ou à un bureau d’architectes ayant réalisé ses premières œuvres bâties et ayant fait preuve d’un potentiel artistique exceptionnel. Le gagnant reçoit une bourse de 50 000 $ destinés au programme de travail, aux déplacements et à la présentation publique.
Le gagnant du prix en 2017 est KANVA, un bureau d’architectes multidisciplinaire de Montréal qui a fait preuve de beaucoup de créativité et de diversité dans son travail. Dans le cadre de ce prix, le programme de travail du bureau vise à explorer de nouvelles approches en matière de design cohabitationnel, dans le but ultime d’intégrer d’autres êtres vivants à la pratique architecturale actuelle.
L’équipe est dirigée par Rami Bebawi (OAQ MRAIC RBQ) et Tudor Radulescu (OAQ LEED PA MRAIC), qui souhaitent promouvoir une perceptive architecturale découlant d’une approche novatrice et ouverte du design. « Nous sommes à la fois honorés et enthousiasmés à l’idée d’entreprendre une recherche liée à l’architecture inclusive et cohabitationnelle. L’exploration proposée sera rendue possible par le soutien du Conseil des arts du Canada. »
La méthodologie du bureau est fondée sur sa sensibilité aux particularités des sites, sur l’histoire de la ville et sur l’utilisation novatrice des matériaux. « L’histoire du site a continuellement influencé notre approche du design. En faisant usage des traces morphologiques urbaines et historiques, nous générons des idées et des concepts qui dynamisent les projets. Cette approche a mené au caractère unique de chaque projet, qui est fortement lié à son environnement. »
Ils ont pris des risques en créant des façades novatrices et en intégrant des prototypes dans de vrais projets architecturaux. « Le design novateur pose de nombreux défis, notamment l’introduction de nouveaux matériaux ou de nouvelles techniques dans certaines collectivités (compatibilité climatique, enjeux de responsabilité, etc.), l’adaptation de l’équipe aux nouvelles méthodes de construction, et la nécessité de convaincre les autorités compétentes. Le recours à de nouveaux matériaux et à de nouvelles techniques a été avantageux pour le bureau, car nous avons pu repousser les limites de notre créativité. »
À titre de bureau respecté et reconnu, ils ont appris que l’architecture est un processus long et très prenant, auquel participent de nombreux intervenants. « À cette étape de notre carrière, nous réalisons qu’il est essentiel de pouvoir travailler à des projets dans lesquels nous désirons investir temps et énergie. Cela peut sembler facile, mais de nombreuses années ont été nécessaires pour établir un réseau stable afin de concevoir et de construire de façon à respecter le concept tout au long du projet. »
Les travaux collaboratifs et progressifs du bureau visent à créer des choses qui vont au-delà des paramètres standards du design architectural et qui ajoutent au dialogue architectural actuel en ce qui concerne nos responsabilités sociétales envers la Terre et le monde qui nous entoure.
Début de carrière
Le Prix de Rome en architecture, catégorie Début de carrière est décerné à un récent diplômé de l’une des écoles d’architecture du Canada faisant preuve d’un potentiel exceptionnel dans le domaine du design architectural contemporain. Le prix permet au lauréat de visiter des édifices architecturaux et de profiter d’un stage au sein d’un bureau d’architectes de renommée internationale, n’importe où dans le monde. Le gagnant reçoit une bourse de 34 000 $ destinés au programme de travail, aux déplacements et à la présentation publique.
La gagnante du prix en 2016, Piper Bernbaum, est professeure auxiliaire à l’École d’architecture de l’Université de Waterloo. Le domaine d’intérêt de Mme Bernbaum est l’appropriation informelle de l’espace par le design où l’architecture est un appareil dont les personnes sont à la fois les constituants et les sujets. Mme Bernbaum a travaillé comme stagiaire à l’Atelier Jean Nouvel à Paris, chez Sauerbruch Hutton à Berlin et chez KPF à New York, ainsi que dans des bureaux d’architectes de Vancouver, de Calgary et de Toronto.
Bernbaum mènera des travaux de recherche et d’investigation sur l’érouv (un fil qui, pour les ménages juifs orthodoxes, délimite une zone qui élargit le domaine privé en leur octroyant plus de liberté dans l’espace public) en Europe, en Israël et au Canada, en examinant les idéaux rattachés au Canada postnational ainsi que la pluralité en architecture. « Le Prix de Rome m’ouvre les portes de la recherche et du voyage – ce qu'il m’aurait été impossible de faire – en me donnant accès à de nouvelles possibilités en ce qui a trait à l’importance publique et à l’impact social du design sur les collectivités, affirme Mme= Bernbaum. Ce prix met l’accent sur la responsabilité des architectes de reconnaître et de maintenir la pluralité, et d’en tenir compte dans leur travail. »
Les principales influences de Mme Bernbaum sont son propre foyer, ses recherches dans l’Arctique canadien et sa participation à des projets de recherche et d’exposition sur l’architecture d’Auschwitz. Sa passion pour l’architecture lui a toutefois été transmise par ses parents, qui ont leur propre bureau d’architectes à Calgary, en Alberta. « À la maison, nos parents nous parlaient dès notre plus jeune âge, à ma sœur et à moi, de la façon dont le design et l’architecture influencent et améliorent notre vie quotidienne. Cette expérience fut inestimable pour moi. J’ai appris tôt que le design a comme objectif de donner un sens à et une notion de l’espace qui se répercutera dans la vie de ceux et celles qui font l’expérience de cette architecture. »
À cette étape de sa carrière, Piper Bernbaum a compris l’importance des traditions, des histoires et des contes. « La compréhension de notre propre histoire et de celles des autres, des collectivités, des villes, etc. est aussi importante dans la pratique de l’architecture que la conception, la construction et les études. Elle nous aide à comprendre la destinée, la responsabilité, l’histoire et nous-mêmes. »
J.B.C. Watkins Award
La bourse J.-B.-C. Watkins en architecture de 5 000 $ est offerte à un architecte professionnel canadien qui poursuit des études supérieures à l’extérieur du Canada, idéalement au Danemark, en Norvège, en Suède ou en Islande.
La gagnante de 2017 est Annie Breton, de Montréal. Elle utilisera cette bourse pour obtenir une maîtrise en architecture paysagère de l’Oslo School of Architecture and Design de Tromsø, en Norvège. Son champ d’études porte sur les paysages et les agglomérations dans les régions arctiques et subarctiques.
Le comité d’évaluation a déclaré avec enthousiasme que le programme d’étude choisi par Mme Breton portait sur des questions très pertinentes qui mèneront à des projets concrets, et qu’il lui sera utile dans sa pratique. « Remporter ce prix m’indique que les sujets que j’ai choisi d’explorer à travers cette maîtrise ne présentent pas uniquement un intérêt personnel, a déclaré Breton, mais qu’ils ont une réelle pertinence pour la pratique actuelle et future de l’architecture. »
Dès lors intéressée par la question des paysages et territoires nordiques, elle développe sa curiosité et ses connaissances sur le sujet à travers divers séminaires et voyages, dont un périple d’un an à Copenhague où elle est inspirée par différentes approches multidisciplinaires.
En 2015, elle décide de poursuivre une maîtrise en architecture de paysage à Tromsø, afin d’élargir ses habiletés et connaissances au cœur même de l’Arctique. « Interrompre le début de ma carrière en architecture pour retourner aux études dans un nouveau pays me semblait définitivement risqué. Ces études en paysage m’ont amené à développer une compréhension beaucoup plus fine et nuancée de la complexité des territoires nordiques. »
À ce stade de sa carrière, Annie Breton accorde une grande importance à l’observation et à la compréhension des processus naturels et humains, et plus spécifiquement de leurs points d’intersection. « Il est évident que l’activité humaine change en profondeur les dynamiques de nos environnements et en retour, ces environnements influencent nos manières de vivre. Il m’apparaît important d’étudier cet enchevêtrement afin d’en tirer le meilleur pour le développement de nos villes et territoires. »