Fiche contextuelle : Communautés de langue officielle en situation minoritaire
Nous avons préparé des fiches contextuelles qui renferment des renseignements et des ressources sur les communautés et les pratiques artistiques émergentes, minorisées et moins bien comprises. Notre intention est d’en favoriser la compréhension et de veiller à ce que les comités d’évaluation (internes ou formés de pairs) soient bien outillés pour formuler des recommandations éclairées.
Chaque fiche contextuelle est un document évolutif mis à jour de temps à autre afin qu’il progresse au rythme des discussions sur le sujet abordé.
Contexte
Qu’est-ce qu’une communauté de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM)?
La Politique du Conseil des arts du Canada sur les langues officielles définit les CLOSM comme des groupes de personnes dont la langue maternelle ou la langue officielle choisie est la langue de la minorité dans leur province ou leur territoire, c’est-à-dire les anglophones qui vivent au Québec et les francophones qui vivent à l’extérieur du Québec. Aux fins des programmes de subventions, le Conseil des arts du Canada considère comme des artistes, des groupes et des organismes artistiques issus de CLOSM ceux qui déclarent appartenir à l’un de ces groupes.
Il y a 1 007 583 francophones qui vivent en situation linguistique minoritaire au Canada. Environ 54 % d’entre eux vivent en Ontario, et 23 % au Nouveau-Brunswick. Il y a 1 058 000 anglophones qui vivent en situation linguistique minoritaire au Canada. Environ 80 % d’entre eux vivent dans la région de Montréal[1].
Les organismes artistiques reconnus des CLOSM du Canada enrichissent ces communautés et il est essentiel de les soutenir et de les valoriser. Ces organismes sont en effet, bien souvent, le cœur de l’activité artistique dans leur milieu. Ils mettent en relation les artistes et les publics, dans l’intérêt de l’ensemble des acteurs impliqués, tant du côté des médias que des lieux de diffusion.
En jouant avec efficacité leur rôle moteur, les organismes artistiques permettent à de multiples œuvres de voir le jour, ce qui contribue à cimenter l’identité culturelle des CLOSM et à faire rayonner ses créateurs tant dans leur région qu’à travers le pays. Sans eux, le nombre d’artistes issus des CLOSM ne serait pas le même et l’on perdrait de ce fait une facette importante de la diversité de la production artistique canadienne des CLOSM.
[1] « Information supplémentaire sur les langues officielles au Canada », gouvernement du Canada, Patrimoine canadien. Dernière mise à jour : 27 juillet 2016.
Enjeux et analyse
Plusieurs enjeux s’appliquent à la fois aux CLOSM francophones et anglophones, et à toutes les disciplines artistiques. Il est toutefois important de souligner que la situation des CLOSM anglophones et francophones n’est pas identique. L’expérience d’un membre d’une CLOSM anglophone dans le centre urbain de Montréal est très différente de celle d’un anglophone qui vit ailleurs au Québec. Par ailleurs, le manque d’accès à la formation institutionnelle en français et la fermeture d’universités existantes accroît le risque d’assimilation graduelle des communautés francophones minoritaires. Compte tenu des différentes réalités et des différents contextes culturels, ainsi que des obstacles, à divers niveaux, auxquels sont confrontées ces communautés, le Conseil s’est engagé à mettre au point des stratégies particulières pour répondre aux besoins distincts de chaque groupe.
Pour les besoins de ses programmes de subventions, le Conseil des arts désigne comme artistes individuels, groupes et organismes artistiques issus des CLOSM ceux qui s’identifient comme appartenant à l’un de ces groupes et dont la résidence principale se trouve, au moment de la présentation de la demande, dans une province ou une région où leur langue officielle est minoritaire.
Les principaux défis des artistes et organismes artistiques des CLOSM
La nécessité de nourrir la variété esthétique plutôt que les créneaux spécialisés
La création est parfois difficile pour bon nombre d’artistes et d’organismes artistiques des CLOSM qui œuvrent hors des centres urbains. Les artistes et les professionnels des arts tels que des commissaires, metteurs en scène, dramaturges, les éditeurs, les agents, etc. ne sont pas légion dans les plus petites communautés et il existe peu d’établissements d’enseignement (écoles, universités) où ils peuvent se manifester. En conséquence, les progrès et la diffusion d’une variété de pratiques artistiques relèvent donc des organismes artistiques des CLOSM. Le fait de présenter une diversité d’œuvres et de cibler des publics variés peut mener à la perception selon laquelle l’organisme n’a pas une vision claire, ce qui peut nuire à son évaluation dans un concours pour obtenir une subvention.
Insuffisance des fonds et des infrastructures
Comme les organismes artistiques des CLOSM qui œuvrent en région ont un mandat plus vaste que celui des organismes artistiques établis dans les centres urbains, l’éventail de leurs activités (création, diffusion, événements) procède souvent moins d’un choix que d’une nécessité. Toutefois, les organismes artistiques hors des centres urbains disposent rarement des ressources requises et peuvent rarement compter sur du soutien municipal ou provincial suffisant.
Malgré leur importance culturelle dans leur région, plusieurs artistes et organismes artistiques n’ont pas de lieu approprié ou encore se trouvent confrontés à la difficulté de gérer celui qu’ils ont établi en raison d’un manque de ressources. Ces problèmes nuisent à leurs activités.
Les multiples défis de la diffusion
Le marché primaire des artistes et organismes des CLOSM se révèle passablement plus limité que celui de langue française au Québec, ou de langue anglaise hors Québec. Même dans les grandes CLOSM, les publics sont souvent dispersés sur de vastes territoires et immergés dans une grande population de langue majoritaire. Le statut de la langue dominante affecte aussi les habitudes de consommation de la population et conduit, en pratique, à restreindre considérablement le public. Ces réalités rendent le développement des marchés difficile.
Pour les artistes des CLOSM, les lieux de diffusion sont peu nombreux et les présentateurs et festivals importants de la province majoritaire n’ont peut-être pas un espace consacré aux artistes de la minorité linguistique. Les artistes et les organismes des CLOSM ont souvent aussi de la difficulté à rejoindre un plus large public dans les régions du Canada où leur langue est majoritaire, que ce soit en raison de l’intérêt médiatique limité ou du peu d’occasions de se produire en tournée. En outre, ils doivent composer avec la concurrence des vedettes locales.
Le manque de formation institutionnelle
Bon nombre de communautés en situation minoritaire ne possèdent pas d’institution qui leur permettrait de renouveler leur bassin de créateurs. C’est donc aux organismes artistiques qu’il appartient de se préoccuper de former, puis d’entretenir des ressources locales répondant au niveau de professionnalisme désiré.
De nombreux problèmes systémiques
À cause de leur situation minoritaire, les artistes et organismes artistiques des CLOSM œuvrent dans un environnement culturel qui est souvent loin d’être aussi dynamique que celui qu’on retrouve au Québec pour les francophones ou hors Québec pour les anglophones.
Voici quelques-unes des raisons :
- Les communautés qu’ils tentent de rejoindre ne recèlent pas un nombre comparable d’institutions (écoles, universités, centres culturels, musées, etc.) qui contribuent généralement à soutenir la vie culturelle.
- Les ressources artistiques sont généralement moins diversifiées et leur animation repose sur les épaules de petites équipes.
- Les artistes ne peuvent pas compter, dans leur milieu, sur un grand nombre de médias pouvant faire écho à leurs œuvres.
Les artistes et organismes artistiques des CLOSM ne peuvent souvent pas compter sur un appui structurel de leurs gouvernements ou de leurs institutions et ne peuvent pas être facilement comparés à ceux qui s’incarnent dans des contextes linguistiques majoritaires. En effet, le contexte dans lequel ils travaillent peut être mal compris ou ne pas être pris en considération.
Les considérations du Conseil pour les CLOSM en ce qui a trait à l’équité
Conscient des importants défis et obstacles systémiques que rencontrent les artistes, les groupes et les organismes artistiques des CLOSM, le Conseil inclut les candidats issus de ces communautés parmi les groupes pour lesquels il a adopté des politiques particulières de soutien, lesquelles sont présentées dans sa Politique en matière d’équité.
Qu’est-ce que l’équité?
L’équité est un principe et un processus visant à offrir des conditions équitables à toute personne qui désire participer pleinement à la société. En vertu de ce principe, l’on reconnaît que, si toutes les personnes ont droit à un traitement égal, elles n’ont pas toutes le même accès aux ressources, aux possibilités ou aux avantages. L’équité ne se résume pas toujours à traiter toutes les personnes ou tous les groupes de la même façon, mais peut exiger le recours à des mesures particulières par souci de justice.
Considérations juridiques
L’approche du Conseil à l’égard des CLOSM dans le contexte de l’équité tient également compte de l’évolution des mesures qu’il a prises par rapport à ses obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles. Par conséquent, le Conseil s’est doté d’outils, de pratiques et de mécanismes destinés à soutenir les CLOSM. Ceux-ci sont décrits de façon détaillée dans la Politique sur les langues officielles.
Le Conseil valorise les CLSOM
Le Conseil des arts du Canada croit en la contribution distincte des deux langues officielles du Canada et des artistes et des organismes artistiques issus de CLOSM à la diversité et au foisonnement des arts au Canada. Il reconnaît également l’importance du rôle des arts dans la promotion de la dualité linguistique et de la vitalité des CLOSM. Le Conseil veille à ce que ses activités contribuent de manière tangible et soutenue à la dualité linguistique et à l’essor des artistes et des organismes artistiques issus de CLOSM.
Renseignements supplémentaires
Pour en savoir plus sur le contexte artistique et culturel des artistes et des organismes artistiques issus des CLOSM, veuillez consulter les sources suivantes :