Fiche contextuelle : la collaboration entre les artistes et la communauté

Nous avons préparé des fiches contextuelles qui renferment des renseignements et des ressources sur les communautés et les pratiques artistiques émergentes, minorisées et moins bien comprises. Notre intention est d’en favoriser la compréhension et de veiller à ce que les comités d’évaluation (internes ou formés de pairs) soient bien outillés pour formuler des recommandations éclairées.

Chaque fiche contextuelle est un document évolutif mis à jour de temps à autre afin qu’il progresse au rythme des discussions sur le sujet abordé.

Contexte

Principales caractéristiques des activités de collaboration entre les artistes et la communauté[1]

Les activités de collaboration entre les artistes et la communauté (qu’on appelle aussi « arts socialement engagés », « médiation culturelle » ou « artistes dans la communauté ») impliquent la participation active et la mobilisation de membres de la communauté dans la création artistique, auprès d’artistes professionnels et d’organismes. Ces activités enrichissent l’expérience de tous les participants en facilitant la mise en commun d’idées, d’expertises et de pratiques. Elles favorisent la présence de l’art dans la vie de tous les jours et rendent plus accessibles les expériences artistiques participatives.

Les activités de collaboration entre les artistes et la communauté englobent généralement :

  • des activités qui s’incarnent dans la communauté et suscitent l’engagement, et qui importent autant que le résultat final et ont une valeur égale à ce dernier;
  • des stratégies claires et appropriées pour garantir une collaboration fructueuse;
  • un point de vue communautaire dont le projet fait clairement état;
  • des activités collaboratives et relationnelles où de véritables partenariats de création, souvent à long terme, se créent entre des artistes ou des partenaires non liés aux arts;
  • des processus prévus pour surveiller ou évaluer le projet;
  • des activités pertinentes pour les membres de la communauté qui y participent, et qui ont des retombées pour les artistes impliqués;
  • un engagement solide de toutes les parties impliquées dans le projet.

Définir les activités de collaboration entre les artistes et la communauté au Canada

À l’échelle nationale, il existe différentes définitions et approches en matière de collaboration entre les artistes et la communauté (vous trouverez des exemples d’artistes et d’organismes artistiques dans Répertoire et carte de l’art communautaire au Canada et l’Arts for Change Directory). Par exemple, voici les définitions proposées par le Conseil des arts du Canada, le BC Arts Council et le Conseil des arts de l’Ontario, qui montrent bien la diversité des intentions artistiques dans ce domaine.

Conseil des arts du Canada

« Un processus artistique où les artistes professionnels et les citoyens collaborent activement en tant que partenaires créateurs[2]. »

BC Arts Council

« Les artistes professionnels aident les communautés grâce à une activité axée sur les arts afin de prendre conscience de leur propre pouvoir en tant que créateurs de culture et contribuent à faire progresser la productivité créatrice, les occasions de célébrer ainsi que la dignité, la santé et le bien-être des êtres humains[3]. »

Conseil des arts de l’Ontario

« Bien qu’il n’y ait pas de modèle unique de ce type d’art, les pratiques artistiques axées sur la communauté peuvent être définies très largement comme des démarches de création en collaboration qui mobilisent des artistes professionnels et des institutions sociales, des groupes populaires ou des particuliers.[4] »

Historique de la collaboration entre les artistes et la communauté au Conseil des arts du Canada[5]

Depuis le début des années 1970, le Conseil des arts du Canada reconnaît et appuie sous différentes formes les activités de collaboration entre les artistes et la communauté, mais celles-ci sont généralement moins bien connues au sein de la communauté artistique.

En 2001, le Conseil a lancé le Fonds de collaboration entre les artistes et la communauté (FCAC), une initiative de financement qui avait pour objectif de soutenir « diverses activités artistiques réunissant des artistes professionnels et le grand public ». La spécialiste indépendante en arts communautaires Laurie McGauley a examiné le FCAC en 2006. La recommandation formulée dans son rapport IMAGINE : Un examen indépendant du Fonds de collaboration entre les artistes et la communauté du Conseil des arts du Canada a mené à la création du Programme de collaboration entre les artistes et la communauté (PCAC) dans toutes les disciplines artistiques.

[1]Conseil des arts du Canada

[2]Ancien programme de collaboration entre les artistes et la communauté, jusqu’en 2016

[3]Arts-Based Community Development Program

[4]Encadrer la communauté : manuel sur l’art axé sur la communauté

[5]Conseil des arts du Canada

Enjeux et analyse

Points de vue théoriques sur la collaboration entre les artistes et la communauté

Il existe de nombreuses sources de textes critiques sur la collaboration entre les artistes et la communauté et les pratiques connexes au Canada et à l’échelle internationale (reportez-vous à la section Renseignements supplémentaires ci-après) lesquelles ont élargi et approfondi notre appréciation et notre compréhension du sujet. L’extrait ci-dessous, tiré du rapport IMAGINE de Laurie McGauley, en est un exemple :

Les approches collaboratives en vue d’une création artistique présentent des défis et des perspectives à notre définition moderniste de ce que le conservateur irlandais Declan McGonagle appelle la « culture de la signature » : « l’idée d’un artiste comme un individu créateur et de génie, et de tous les mécanismes de soutien qui existent pour entretenir et mettre cette idée de l’avant ». McGonagle fait écho aux autres artistes et théoriciens lorsqu’il lance un appel en faveur de l’ajout d’idées telles que « participation, transaction et négociation ». Il s’agit d’un virage essentiel vers une notion et une pratique de création commune et intersubjective porteuse de sens, pour laquelle nous nous efforçons encore de trouver un langage. […] Si la participation, le dialogue et les liens sont articulés comme étant des buts esthétiques, l’esthétique comprend nécessairement autant le processus que le produit, indissociables l’un de l’autre. La collaboration ne constitue pas le but en soi, pas plus que la création l’est d’un produit. L’objectif est de collaborer pour créer de l’art ensemble. L’art est façonné par la relation et la relation est façonnée par l’art. Le résultat artistique est une représentation, si vous voulez, de la relation.

Disparités dans la compréhension

En 2011, le Conseil a noté une disparité dans la manière dont le PCAC était compris par les candidats et appliqué à l’interne. Par conséquent, le Service de la recherche et de l’évaluation du Conseil a procédé à une évaluation officielle du programme. Il s’agissait surtout d’examiner la prestation sur le plan de 1) la manière dont la pratique est interprétée d’une discipline à l’autre et de 2) la cohérence des processus, y compris de l’évaluation par les pairs.

Dès le 1er avril 2017, le Conseil a intégré bon nombre des conclusions (comme la nécessité de meilleurs systèmes de déclaration) dans son modèle de financement non lié aux disciplines. C’est alors qu’il a aussi reconnu l’apport important de cette pratique à l’engagement communautaire envers les arts au Canada et partout dans le monde.

Le Conseil a aussi confirmé que les activités de collaboration entre les artistes et la communauté demeureront admissibles à tous ses programmes et continueront d’y évoluer en tant que méthode artistique établie et transversale omniprésente dans tous les domaines de pratique (ou disciplines artistiques).

Considérations de sécurité et d’éthique

Les activités de collaboration entre les artistes et la communauté devraient viser à respecter les normes pertinentes d’éthique et de sécurité qui s’imposent pour qu’elles soient exécutées de manière professionnelle. Les activités qui peuvent présenter des problèmes de sécurité et d’éthique (par exemple, le travail artistique pouvant représenter un risque de blessure ou de préjudice) devraient inclure de la documentation démontrant que tous les risques prévisibles ont été pris en compte et que des outils ou des systèmes de soutien peuvent être utilisés, au besoin. Ces documents, sous forme de permissions, de renonciations, de lettres ou d’ententes de consentement, notamment, devraient être joints à la demande de subvention de l’artiste, avec les documents d’appui.

Renseignements supplémentaires

Pour en savoir plus sur le contexte artistique et culturel propre à la collaboration entre les artistes et la communauté, veuillez consulter les sources suivantes.

  • Encadrer la communauté : manuel sur l’art axé sur la communauté est un manuel d’introduction destiné aux artistes, aux communautés, aux organisateurs et aux institutions culturelles qui s’intéressent aux arts engagés dans la communauté. Il procure des outils pratiques, des conseils, des cadres et des techniques pour aider les artistes, les citoyens et les organisateurs à planifier, amorcer, exécuter, puis évaluer un projet d’art communautaire. Il donne aussi des exemples de pratiques contemporaines en art communautaire en Ontario et fournit d’autres ressources pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce champ.
  • Ressources et outils en art communautaire est une ressource bilingue produite par la ToileDesArts et qui regroupe, notamment, des trousses d’outils, des modèles, des textes présentant des réflexions, des histoires et des pratiques exemplaires. Si vous en êtes à vos débuts avec l’art communautaire, vous pouvez consulter les documents de la catégorie « Par où commencer?». Des artistes et des personnes œuvrant dans le domaine de la culture y partagent des ressources conçues au fil de leur parcours. Les collaborateurs sont mentionnés ainsi qu’un lien vers le site approprié.
  • STATE of the ART: A Report on Art for Social Change (ASC) in Canada est un projet de recherche sur cinq ans qui porte sur l’art pour l’évolution sociale et qui est réalisé par l’International Centre for Art and Social Change. Le rapport est un instantané de certaines des conclusions et donne un aperçu du travail du Centre. Parmi les sujets abordés dans le document figurent des analyses d’activités actuelles dans le domaine de l’art pour l’évolution sociale, des aperçus de modèles de financement, des approches à l’évaluation et à la recherche, et des constatations initiales sur les partenariats.