2023 APA
 

Discours prononcés à l’Assemblée publique annuelle de 2023 du Conseil des arts du Canada

24 janvier 2023

Discours prononcé par Michelle Chawla à l’APA de 2023 du Conseil

Le Conseil des arts du Canada en est à la deuxième année de son plan stratégique 2021-2026, L’art, plus que jamais.

Le plan se trouve sur notre site web.

L’objectif de L’art, plus que jamais est de reconstruire le secteur sur des bases plus inclusives, équitables et durables.

Ce plan présente trois grandes orientations :

  • Investir dans la reconstruction et l’innovation.
  • Accroître les bénéfices des arts pour la société.
  • Encourager et accentuer la collaboration et les partenariats.

Il présente une vision de ce que nous cherchons à accomplir.

Mais pour concrétiser cette vision, nous avons défini des actions clés qui vont guider notre travail et nos investissements.

Nous en sommes aujourd’hui à la moitié de la deuxième année de ce plan, et ces actions ont bien progressé.

Pour ce qui est d’investir dans la reconstruction et l’innovation, par exemple, nous avons apporté du soutien ciblé pour faire face aux répercussions de la pandémie sur le secteur des arts.

Dans le cadre de notre mission consistant à accroître les bénéfices des arts pour la société, nous avons entrepris le projet Recherche sur la valeur du financement public des arts et des cultures autochtones.

La recherche a été menée à l’aide d’une méthodologie micmaque que l’on appelle aussi « principe du double regard » et qui combine les forces des visions du monde autochtones et occidentales, pour pouvoir avancer en entretenant des relations harmonieuses et viables.

Ce projet novateur aide l’organisme de financement aux arts que nous sommes à mieux comprendre et énoncer le rôle essentiel que jouent les arts et les cultures autochtones dans la vie de la population canadienne.

Nous sommes convaincus que cette recherche constitue également une ressource précieuse pour l’ensemble du secteur des arts au Canada.

Nous avons publié la Recherche sur la valeur du financement public des arts et des cultures autochtones sur notre site web.

Elle est accompagnée d’un résumé en anishinaabemowin et en inuktut.

Parmi nos principales activités visant à encourager et à accroître la collaboration et les partenariats pendant la dernière année, nous avons coorganiser le Sommet des arts de l’Arctique avec le gouvernement du Yukon en juin 2022.

L’événement a eu lieu à Whitehorse, au Yukon, avec une participation en ligne importante.

Il a rassemblé des participantes et participants de toute la région circumpolaire, notamment des représentantes et représentants de pays de l’Arctique et des nations autochtones de la région circumpolaire.

Il est essentiel d’établir des relations solides dans le cadre de notre travail actuel dans le Nord et pour le Nord.

D’ailleurs, les relations nouées pendant le Sommet ont mené à de nombreuses collaborations, dont deux partenariats de mise en œuvre conjointe : l’un avec l’Inuit Art Foundation et l’autre avec le gouvernement du Yukon.

Les partenariats de mise en œuvre conjointe représentent pour le Conseil une nouvelle façon de travailler.

Ils nous permettent de soutenir les artistes et les travailleuses et travailleurs des arts selon leurs propres conditions et selon les réalités et priorités associées à la production artistique et à la culture dans le Nord.

Nous voulons créer davantage de partenariats de ce type.

Des discussions sont d’ailleurs en cours avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et d’autres instances.

Restez à l’affût pour en savoir plus bientôt.

Ce ne sont là que quelques exemples des actions de notre plan stratégique que nous avons réalisées jusqu’à maintenant.

Vous pouvez prendre connaissance de toutes ces actions et de nos progrès sur notre site web.

Je vous encourage aussi à lire nos rapports annuels, qui présentent un résumé des retombées générées par le Conseil, année après année.

Discours prononcé par Jesse Wente à l’APA de 2023 du Conseil

Merci, Michelle.

Je suis content de vous parler depuis la salle Kakaekwewin (gah-gay-geh-win) du Conseil à Ottawa.

Il s’agit de ma troisième Assemblée publique annuelle en tant que président du Conseil des arts du Canada, mais en raison de la pandémie, c’est la première à laquelle j’assiste en personne.

C’est merveilleux de vous voir en grand nombre dans cette salle et de savoir qu’encore plus de gens sont avec nous en ligne, d’un océan à l’autre.

Au milieu de toutes les difficultés des deux dernières années, le plan stratégique du Conseil a été une force directrice.

Au printemps dernier, j’ai eu le privilège de voir ce plan en action quand je me suis rendu dans le Nord avec le conseil d’administration et la haute direction de notre organisme.

Dans notre plan stratégique, le Conseil s’est engagé à consolider sa présence et ses relations dans le Nord du Canada, pour répondre aux réalités culturelles variées et uniques de cette région et pour appuyer la création et le rayonnement des arts et de la culture.

L’objectif de ce voyage était de trouver des moyens pratiques de concrétiser cet engagement.

Nous avons rencontré des artistes, des leaders artistiques et des travailleuses et travailleurs du milieu dans des studios, théâtres, centres communautaires et boutiques d’artisanat.

Nous avons aussi eu des échanges constructifs avec des élus et des leaders de la région.

Nous avons participé à des rassemblements communautaires, notamment à Tuktoyaktuk (tok-to-yak-tok), sur la côte de l’Arctique.

Nous avons visité des lieux de projets novateurs, comme la serre communautaire d’Inuvik, un ancien aréna comptant maintenant plus de 170 plates-bandes où des Aînées, des Aînés, des enfants, des bénévoles de banques alimentaires et d’autres membres de la communauté peuvent faire pousser des aliments.

Nous avons également tenu notre première réunion du conseil d’administration aux Territoires du Nord-Ouest.

Nous avons aussi coorganisé le Sommet des arts de l’Arctique à Whitehorse. Lors de ce rassemblement international, nous en avons appris davantage sur les expériences communes des gens vivant dans le Nord et sur les domaines propices à la collaboration.

Je me réjouis des deux partenariats conjoints ayant émergé de ce voyage, que Michelle a déjà mentionnés.

Les initiatives de ce genre sont au cœur de l’engagement du Conseil à l’égard du Nord.

Effectivement, en tant qu’organisme du Sud, le Conseil a une compréhension limitée des réalités de la région.

Nos partenaires sur le terrain, en revanche, connaissent intimement leur communauté et les nuances qui nous échappent; c’est pourquoi leurs recommandations et leur collaboration sont cruciales.

À vrai dire, c’est ainsi que le Conseil doit travailler pour respecter un des engagements pris dans son plan stratégique; celui de corriger les inégalités du passé.

Le travail du Conseil en faveur de l’équité doit continuer de prôner l’autonomie des communautés historiquement marginalisées et privées de leurs droits.

En travaillant ainsi, le Conseil s’efforce de promouvoir un secteur artistique :

  • qui inclut et représente la diversité de notre pays;
  • qui reconnaît la souveraineté culturelle des peuples autochtones et respecte les concepts d’autodétermination des Premières Nations, des Inuits et des Métis;
  • et, finalement, qui est durable.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous présenter les trois personnes qui ont été nommées au conseil d’administration depuis la dernière Assemblée publique annuelle.

Si vous pouviez vous lever quand j’appelle votre nom :

  • Irfhan Rawji
  • Stéphane Moraille
  • et Charlie Wall-Andrews, qui n’a pas pu être des nôtres aujourd’hui.

J’aimerais aussi saluer les membres dont le mandat au conseil d’administration a récemment été prolongé et les personnes qui y siègent depuis quelque temps :

  • Jennifer Dorner
  • Marie Pier Germain, Vice-présidente
  • Cheryl Hickman
  • Ingrid Leong
  • Ben Nind
  • Karl Schwonik
  • et Gaëtane Verna.

Ce conseil représente une diversité d’expériences vécues, de points de vue, de communautés, de régions et de champs d’expertise, dans le domaine des arts et ailleurs, qui sont complémentaires et qui enrichissent la supervision collective du Conseil des arts du Canada.

J’aimerais terminer en remerciant le gouvernement du Canada pour sa confiance renouvelée dans le Conseil des arts et le travail que nous accomplissons.

J’aimerais aussi exprimer ma gratitude envers le personnel et la haute direction du Conseil.

Enfin, je tiens à remercier Simon Brault, le directeur et chef de la direction, pour son travail impressionnant des neuf dernières années au Conseil.

Je suis très fier de ce que nous avons accompli ensemble cette année, et j’ai hâte de découvrir nos prochaines réalisations communes.

Chi Miigwetch.

Discours prononcé par Simon Brault à l’APA de 2023 du Conseil

Comme beaucoup d’entre vous le savent, c’est ma dernière assemblée publique annuelle en tant que directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada.

Alors qu’il ne reste que cinq mois à mon mandat, j’ai eu l’occasion de réfléchir au chemin parcouru durant mes années à ce poste.

Je l’ai fait en essayant d’anticiper l’avenir du Conseil des arts du Canada, et celui du financement des arts de façon plus générale.

L’époque où, au Canada et ailleurs dans le monde, les organismes de soutien aux arts étaient comme des arbitres de la vie artistique et culturelle de la société tire à sa fin, et ce n’est pas une mauvaise chose.

Je m’estime très privilégié d’avoir pu mener le Conseil des arts sur un chemin transformateur pour en renforcer les retombées sur la société, une voie que nous poursuivons maintenant depuis plusieurs années.

En effet, l’équité a été – et doit plus que jamais rester – un moteur puissant et une dimension centrale de la transformation et de l’évolution du Conseil.

Bien que le Conseil soit depuis déjà longtemps engagé en faveur d’un financement équitable, c’est dans son plan stratégique 2021-2026 qu’il a placé, pour la première fois, l’équité, l’accessibilité et l’inclusion au cœur de ses orientations et décisions.

Notre plan stratégique vise à mieux comprendre et à aplanir les nombreux obstacles rencontrés par les jeunes, par les membres des communautés de langue officielle en situation minoritaire et par les personnes issues de groupes historiquement désavantagés ou marginalisés, comme les membres des communautés autochtones, noires et racisées, les personnes sourdes ou handicapées, les membres de la communauté 2ELGBTQI+, les personnes de diverses identités de genre, les femmes et les personnes au croisement de diverses identités.

Nous nous sommes engagés à verser 50 % de nos subventions à des projets et 20 % du montant total de nos subventions de projets à de nouvelles et nouveaux bénéficiaires, ce qui nous aidera à toucher des communautés historiquement marginalisées et désavantagées.

Je suis convaincu que c’est en ouvrant grandes nos portes à toutes les personnes qui ont le droit de créer, de parfaire et de diffuser leur art que nous assurons notre propre avenir comme conseil des arts, parce que nous serons en phase avec notre société.

Ça me fait penser à une citation célèbre et puissante de Lilla Watson, une artiste, universitaire et activiste aborigène australienne, traduisant très bien l’idée que j’essaie d’exprimer : « Si vous êtes venu ici pour m’aider, vous perdez votre temps. Mais si vous êtes venu parce que votre libération est liée à la mienne, alors travaillons ensemble. »

Notre transformation ne s’arrête pas aux changements apportés à nos subventions.

Par exemple, nous avons aussi lancé une campagne de recrutement visant à diversifier considérablement les effectifs qui travaillent ici, au Conseil, au quotidien.

En un an, l’organisme a dépassé ses objectifs en augmentant considérablement le nombre de personnes autochtones, racisées, sourdes ou handicapées parmi le personnel.

Plus de deux ans après le lancement de cette campagne, je suis très fier de la façon dont elle a transformé la composition et le travail quotidien du Conseil.

La gamme d’expériences vécues – à tous les niveaux et dans toutes les équipes du Conseil – est bien plus riche qu’elle ne l’était quand j’ai entrepris mon premier mandat en 2014.

Maintenant, lorsque nous prenons des décisions sur notre travail, nous le faisons en laissant s’exprimer encore plus de voix, afin de nous assurer de comprendre quelles en sont les implications pour les nombreuses communautés différentes du pays.

Cela signifie aussi que, quand les gens contactent le Conseil ou viennent à notre rencontre à des rassemblements comme celui d’aujourd’hui ou à des séances d’information, nous reflétons mieux la diversité du Canada.

Ce n’est pas pour autant un dossier bouclé.

Le Conseil doit aussi continuer à transformer sa culture organisationnelle pour devenir un lieu où les personnes de tous les horizons se sentent accueillies et entendues, et où elles ont le sentiment de contribuer à changer les choses.

À l’avenir, le Conseil doit aussi continuer à se transformer pour devenir l’organisme le plus accessible possible.

C’est-à-dire veiller à ce que son environnement bâti, ses communications, ses technologies, ses programmes et ses services soient accessibles.

Nous avons d’ailleurs publié, à ce sujet, notre premier plan d’accessibilité sur notre site web en décembre dernier.

Ce plan sera mis à jour tous les trois ans, à mesure que nous constaterons ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré.

L’engagement de notre plan stratégique pour un secteur des arts plus équitables va de pair avec notre vision d’un avenir décolonisé des arts.

Pour concrétiser cette vision, il faut aussi décoloniser le Conseil en remettant en question nos propres principes et convictions.

Il est important de reconnaître que la décolonisation est un concept et un cheminement complexe, ouvert et en évolution.

Il n’existe pas non plus de guide de référence expliquant comment mener à bien cette tâche.

Et la décolonisation a eu des retombées différentes pour divers secteurs et diverses organisations de notre société.

Pour décoloniser le Conseil, il faut :

  • accepter de redéfinir ce que nous considérons comme de l’art;
  • remettre en question les notions de professionnalisme et de disciplines artistiques, qui sont profondément ancrées dans une période particulière de l’histoire, dans une vision essentiellement eurocentriste et dans une perspective souvent très colonialiste;
  • remettre en question la notion même d’« excellence artistique », un concept qui soutient la hiérarchie du bon goût et des valeurs qui confirment et perpétuent la culture dominante;
  • regarder au-delà des concepts limités d’expertise artistique, qui sont souvent le produit d’un système éducatif conçu pour reproduire les relations de pouvoir et maintenir les privilèges associés au discours colonial dominant sur l’art et la culture.

Le travail de décolonisation du Conseil a déjà commencé.

Il s’agit d’un cheminement fascinant, que nous apprivoisons jour après jour.

Dans les dernières années, le jalon probablement le plus important a été la création du programme Créer, connaître et partager, qui est doté d’une aspiration authentique en faveur de l’autodétermination et la souveraineté culturelle des Autochtones.

Une autre part de ce travail réside dans les récents partenariats du Conseil soutenant l’autodétermination et la souveraineté culturelle des Autochtones, comme celui avec l’Inuit Art Foundation, qui a été mentionné précédemment.

Il reste encore beaucoup à faire pour décoloniser le Conseil, et ce travail repose sur la collaboration continue entre les peuples autochtones et les peuples allochtones au sein et en dehors du Conseil.

Ce travail doit être guidé par l’humilité, l’ouverture, l’écoute, la patience, le respect et l’empathie.

La transformation du Conseil vise aussi le prolongement de son rôle au-delà du financement.

Bien sûr, les programmes de subventions restent au cœur de ses activités.

Mais au cours des dernières années, nous avons réussi à développer d’autres aspects de nos activités pour générer des retombées encore plus importantes pour le secteur des arts et la société en général.

Ce fut notamment le cas pendant la pandémie, quand des responsables du gouvernement se sont tournés vers le Conseil pour comprendre comment la crise affectait le secteur des arts et déterminer quelles mesures d’urgence étaient nécessaires et adaptées au milieu.

Il est maintenant temps pour le Conseil de se faire encore plus le porte-voix des défis auxquels fait face le secteur des arts.

Compte tenu du contexte de la pandémie, nous savons que l’amélioration des conditions de travail et de la rémunération des artistes et des travailleuses et travailleurs artistiques est un enjeu urgent que l’on doit continuer de défendre.

Le Conseil doit aussi participer activement aux conversations les plus pressantes de notre époque, par exemple à propos de la crise climatique.

Dans le même ordre d’idées, le Conseil continue de jouer un rôle important au sein de la diplomatie culturelle canadienne.

Je pense, entre autres, à nos partenariats pour le Canada en Allemagne, pendant la Foire du livre de Francfort 2021, où le Canada était l’invité d’honneur, et au Festival International Cervantino 2019, où le Canada était le pays invité.

Puisque la communauté mondiale continue à faire face à d’importants défis, il est essentiel que le secteur des arts fasse partie des solutions communes au-delà des frontières qui nous divisent.

La transformation du Conseil ne s’arrête pas ici, à cette assemblée, ni à la fin de mon mandat de directeur et chef de la direction.

En effet, le Conseil doit continuer de se transformer lui-même, de bâtir sur ce qui a déjà été accompli et de répondre aux réalités changeantes de notre monde.

Je suis fier du plan stratégique 2021-2026, L’art, plus que jamais; c’est un document visionnaire qui continuera de guider le Conseil dans les prochaines années.

Je suis certain que l’extraordinaire équipe de la haute direction ainsi que toutes les équipes du Conseil vont continuer à mettre en œuvre ce plan.

Il en va de même pour notre conseil d’administration, qui regroupe un grand éventail d’expertises et une diversité de points de vue essentiels pour tirer pleinement parti des mutations et transitions en cours.

Au-delà des murs de l’organisme, la transformation du Conseil – qui est liée à une vision d’un avenir plus inclusif et durable – dépend de l’appui et de l’apport de l’ensemble du secteur des arts et du grand public.

Plus encore, il faut que vous bousculiez le Conseil, que vous remettiez en question ses principes et ses approches, que vous le teniez responsable de son mandat et de la vision de son plan stratégique.

C’est maintenant le moment de la période de questions; alors à vous de jouer.

Je vous invite à nous poser des questions difficiles et à nous amener à nous pencher sur ce que nous avons peut-être négligé ou ce qui n’est pas encore dans notre ligne de mire.

Aidez-nous à poursuivre notre transformation.

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