Landon Mackenzie

Landon Mackenzie : 
le film est encore à venir

15 février 2017

Le Conseil des arts du Canada a collaboré, pour la 5e année de suite, avec des cinéastes indépendants, en partenariat avec l’Independent Media Arts Alliance, afin de produire le portrait vidéo des personnes qui ont remporté les prix du gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques.

Une fois de plus, les résultats sont révélateurs, souvent inspirants, toujours inventifs. Nous avons invité certains des cinéastes à relater leur expérience par écrit.

Notre première rencontre a eu lieu dans un café d’East Vancouver dont l’architecture se voulait une imitation de gare ferroviaire. Nous avons bu du café sur un quai de gare immersif. Le décor mural et les artéfacts du XIXe siècle devaient nous rappeler un voyage transcontinental. Madame Mackenzie a commencé tout de suite à parler de son studio.

Au sens littéral, elle faisait allusion aux différents espaces artistiques où elle avait travaillé ou travaillait toujours au Canada ou en Europe. Mais c’est le sentiment que lui inspirait le studio au sens emblématique qui a commencé réellement à orienter notre conversation. Le studio comme carrefour de création, comme espace partagé avec des collègues respectés, comme refuge contre la frénésie des engagements professionnels et privés… sa vénération pour le studio a mis en mouvement tout le film comme une locomotive et en est devenue clairement le noyau et l’épine thématique.

Elle a fini par m’inviter à son lieu de travail et j’ai rencontré les collègues avec qui elle partage son studio de Vancouver. Plus tard, nous avons visité l’Emily Carr University of Art and Design, ce qui m’a amené à voir d’autres studios et à rencontrer d’autres personnes, cette fois les peintres en herbe à qui elle enseignait. Chaque endroit revêtait son propre charme, et représentait une certaine rigueur et le respect pour la pratique artiste, et chacune des rencontres a révélé clairement à quel point madame Mackenzie était tenue en haute estime.

Avant que nous commencions à tourner, elle a établi certaines règles de base. « Je ne donnerai aucune entrevue pendant que je peindrai, dit-elle. Mon travail finirait tout simplement par avoir l’air faux ». Et bien sûr, nous devions inventer une histoire afin que son prix du gouverneur général soit tenu secret. En tant que cinéaste, je voulais parler de l’interprétation de ses tableaux, de l’accueil du public. J’ai fait état des nombreuses galeries et des nombreux lieux publics au pays et ailleurs où son œuvre a été exposée. J’ai même soulevé la possibilité que nous nous rendions à une galerie locale pour tourner quelques séquences. Mais rien de tout cela ne comptait. Le studio était le seul endroit dont nous avions besoin.

Notre équipe de production de quatre personnes est arrivée à son studio. Nous avons mis au point l’éclairage, installé nos caméras et nos microphones, et commencé à enregistrer... Et le studio est devenu un vaisseau en mouvement, piloté par une peintre qui pouvait clairement le manœuvrer à son gré, les canevas blancs agissant comme la fenêtre qui donnait sur les paysages figuratifs et conceptuels qui allaient décorer sa carrière.

Félicitations, madame Mackenzie. Nous avons adoré travailler avec vous. Et si je peux me permettre, j’aimerais avoir l’honneur d’annoncer l’arrêt suivant… « Mesdames et messieurs, prochaine station… Rideau Hall ».

Auteur :

Anthony Grieco est un cinéaste et auteur qui vit à Vancouver.

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