
La pépinière de la CITF : une occasion de créer une communauté autour d’expériences communes
En tant qu’artiste de théâtre francophone à Vancouver, Siona Gareau-Brennan se sent souvent très loin du milieu théâtral francophone du Canada. Aussi a-t-elle saisi l’occasion de participer à un atelier de deux semaines avec d’autres artistes du théâtre francophones de partout dans le monde. Elle explique que, grâce à ce rassemblement, elle s’est sentie accueillie par une communauté familière.
« Nous nous sommes ralliés autour de nos points communs : la francophonie et le théâtre, qui est un magnifique tremplin pour se découvrir, échanger et s’écouter. »
Tous les deux ans, la Commission internationale du théâtre francophone (CITF) rassemble des créatrices et créateurs du milieu théâtral des quatre coins de la francophonie pour participer à sa pépinière internationale. Cet atelier est une occasion pour les participantes et participants de réseauter et de collaborer à des projets. Il permet aux artistes de tisser des liens, de découvrir ce que font les autres et de soumettre leurs projets à des pairs d’autres cultures qui ont diverses expériences de vie. Au printemps 2025, le Conseil des arts du Canada a financé la participation de Siona à la pépinière, qui s’est tenue à Marseille, en France. Elle y a rencontré des créatrices et créateurs de l’Afrique, de l’Europe, des Caraïbes et du Canada.

En plus de permettre à Siona de renforcer ses attaches avec sa langue, le rassemblement lui a donné l’occasion d’explorer de nouvelles voies théâtrales et de découvrir comment d’autres utilisent l’art pour composer avec des expériences personnelles difficiles et des crises externes dans un monde de plus en plus compliqué.
« Nous nous sommes ralliés autour de nos points communs : la francophonie et le théâtre, qui est un magnifique tremplin pour se découvrir, échanger et s’écouter. »
— Siona Gareau-Brennan
Raconter des histoires uniques sur des expériences universelles
Siona est arrivée à Marseille avec deux œuvres sur lesquelles elle souhaitait travailler : Le sublime est ici, une pièce qu’elle écrit sur la naissance, la perte et les changements cérébraux qui accompagnent la maternité, et Age is a feeling, un monologue qu’elle est en train de traduire. Celui-ci est tiré d’une œuvre originale de l’artiste canadienne Haley McGee, qui incite l’artiste et son public à accepter les aléas inévitables de la vie, comme la souffrance, les cheveux gris et la mort.
Au cours de cette expérience de deux semaines, Siona a plongé dans les thèmes de chacune de ses œuvres avec ses pairs.
« En travaillant, en écoutant et en échangeant avec les autres, de nouvelles façons de travailler se sont présentées à moi, ainsi que de nouveaux paradigmes de création en fonction de nos différences culturelles et géopolitiques, explique-t-elle. Ma pratique a été enrichie par de nouvelles perspectives, de nouvelles voix et de nouvelles façons de voir le monde. »
Les deux œuvres portent sur des expériences humaines communes (la parentalité et le vieillissement), mais, dans ses conversations avec les autres participantes et participants, Siona a découvert que même les expériences les plus universelles peuvent être vécues différemment selon la personne.

Avec l’aimable autorisation de la Commission Internationale du Théâtre Francophone (CITF)
« J’ai été touchée par la candeur et la générosité des femmes qui m’ont parlé de leurs expériences avec la maternité et le travail d’artiste, du deuil et de l’amour, et des différences culturelles, sociales et politiques qui existent par rapport à certaines de ces questions », dit-elle. Ces conversations avec des pairs de partout dans le monde ont aidé Siona à identifier les éléments universels au cœur de ses projets. « Ces échanges m’ont aidée à voir des fils conducteurs possibles dans ma recherche et mon écriture. »
Créer une communauté
Au bout du compte, le séjour de Siona à Marseille lui a permis de renouer avec une affinité et un sentiment d’appartenance énergisants.
« J’ai senti que je faisais partie d’une collectivité, d’une communauté plus grande que moi, mais où j’avais une place, affirme-t-elle. Ces échanges ne font qu’augmenter mon appartenance et ma fierté de pouvoir travailler en français. » La pépinière l’a également inspirée à continuer de tisser des liens entre les cultures et à explorer davantage les différences dans les façons dont des expériences apparemment communes sont vécues.
D’un point de vue pratique, Siona affirme être retournée chez elle avec des listes inspirantes, qu’il s’agisse d’artistes avec qui elle souhaite collaborer, de pièces qu’elle veut lire, de festivals de théâtre et de résidences qu’elle compte explorer ou de pratiques artistiques. Elle a aussi ramené avec elle de nouveaux outils concrets à utiliser pour perfectionner sa pratique d’écriture. Par exemple, une nouvelle approche qu’elle a apprise consiste à se demander : qui parle et qui est absent?
« Cette expérience m’encourage à continuer cette exploration de la création et de la collaboration avec des artistes de partout, déclare Siona. Je crois profondément qu’avec toutes les horreurs du monde, nous devons continuer à nous retrouver et à nous rencontrer, afin de créer ensemble. »