image générique

Écrire l'histoire d'un avenir prometteur pour les arts et la littérature au Canada

17 juin 2016

Discours de Simon Brault

Sommet canadien des écrivains, Toronto
17 juin 2016

Bonjour. C'est un plaisir d'être ici, en compagnie d'un aussi grand nombre d'écrivains talentueux venus de partout au pays.

Le Conseil des arts du Canada est fier d'avoir appuyé cet événement. Je tiens à remercier The Writers' Union of Canada ainsi que les nombreux partenaires qui ont participé à la mise sur pied d'un programme aussi passionnant et pertinent, abordant bon nombre des principaux enjeux qui touchent les écrivains du XXIe siècle.

Ce sommet est unique, car il réunit des écrivains canadiens anglophones et francophones. Il s'agit bien évidemment de deux communautés littéraires distinctes. Cependant, lors du Forum national sur les arts littéraires que nous avons organisé en 2014, ce qui est clairement ressorti, c’est que l'échange d'expériences, la collaboration et le rapprochement des « deux solitudes » présentent un grand intérêt, aujourd'hui probablement plus que jamais.

Cela tient au fait que nous vivons un moment historique pour le monde des arts et des lettres. Une époque marquée par une incroyable articulation des perspectives et des défis. Une époque où les bienfaits des arts et des lettres dans nos vies sont de mieux en mieux compris et de plus en plus appréciés. Une époque où un élan grandissant pousse les artistes et les écrivains à jouer un rôle accru dans les conversations portant sur les enjeux complexes actuels. D’ailleurs, Alberto Manguel n’écrit-il pas, dans Le Voyageur et la tour, que la lecture serait un indispensable instrument de déchiffrement du monde?

Les conséquences de la mondialisation et de l'utilisation des technologies numériques ont soulevé des questions d’équité, de diversité, d’identité, de réconciliation, de liberté d'expression et de droits culturels, questions qui façonnent la société dans laquelle nous vivons – en tant qu'écrivains et en tant que citoyens.

Ces questions sont également les sujets de préoccupations clairement exprimées dans le cadre des consultations menées par le Conseil des arts du Canada dans tous les secteurs artistiques – de la danse au cinéma, en passant par le théâtre, la musique, les arts visuels et la littérature. Ce sont ces préoccupations qui ont motivé la transformation à grande échelle actuellement en cours au sein du Conseil, transformation dont l'objectif est de faire en sorte que les écrivains – comme vous – reçoivent le soutien dont ils ont besoin.

Or, à présent, compte tenu de la dernière annonce du budget fédéral, le Conseil a les moyens de mener à bien cette transformation d'une manière qui n’était pas envisageable depuis des dizaines d'années.

En mars, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il doublerait progressivement, sur cinq ans, le crédit parlementaire du Conseil des arts du Canada. C'est la première fois que le Conseil des arts du Canada profite d'un investissement d'une telle ampleur. Il s'agit également d'une situation unique au monde, en cette époque où de nombreux organismes de soutien aux arts ont vu leurs budgets amputés. C'est pour nous une occasion incroyable de réaliser des investissements stratégiques qui contribueront grandement à changer les choses – pour les créateurs comme pour le public.

C’est le propre de l’art, et encore plus de la littérature de se questionner constamment, avec lucidité et souvent brillamment, sur son avenir, sur les conditions mêmes de son apparition, de son affirmation et de sa survie. Il serait hors de question pour moi de tenter de répondre à toute question sur l’avenir de la poésie, du roman ou de l’essai. De par son existence même, la littérature témoigne de la condition humaine. Comme le disait Camus dans le discours de Suède « L’artiste se forge dans l’aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut pas se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s’arracher. C’est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien, et s’obligent à comprendre au lieu de juger. »

Pour ce qui est du Canada, il convient de dire, je crois, que les écrivains de notre pays occupent une place particulière dans le cœur des Canadiens – et de celui de lecteurs du monde entier. Sans doute plus que toute autre forme d’art, notre littérature a fini par nous définir – et par nous inspirer – à chaque étape de notre développement. Il y a ces histoires qu’enfants, nous avons entendues, et celles que l’on reprend et que l’on réinterprète au cinéma, au théâtre, à l’opéra et par la danse.

D’ailleurs pour Nancy Huston, lauréate d’un prix littéraire du Gouverneur général, être humain, c’est avoir une histoire et raconter des histoires… Selon elle chaque détail de nos identités précieuses ferait partie d’une histoire inventée à un endroit précis et à une période particulière… C’est ce qu’elle évoque dans L’espèce fabulatrice.

Nos auteurs font la fierté de la population canadienne et sont des catalyseurs de conversations. Nous avons tous éprouvé un sentiment de fierté lorsqu'Alice Munro a remporté le prix Nobel et que Dany Laferrière a été le premier Canadien à devenir membre de la prestigieuse Académie française.

Il est donc peu surprenant que la littérature soit la forme d'art à laquelle le Conseil des arts du Canada accorde le soutien le plus important. Le Conseil se soucie profondément des écrivains et de leur travail, et nous avons d’abord et avant tout à cœur de les soutenir dans leur recherche de l'excellence et dans leur quête d'un lectorat – et ce, dans un contexte en constante évolution.

Les outils numériques permettent aux artistes de partager leur travail plus facilement que jamais, mais la réalisation d'un travail de qualité demande tout de même du temps et comporte des risques. Il faut en effet du temps pour faire des recherches, pour concevoir et pour créer. Or, même les écrivains les plus à l'aise dans le monde virtuel ont toujours besoin d'un appui solide et tangible dans le monde « réel ». Il leur faut une infrastructure solide qui leur permet de partager leur travail avec les lecteurs.

C'est pour cette raison que la priorité du Conseil des arts du Canada reste l'excellence littéraire. Nous soutiendrons les écrivains directement et indirectement, afin de leur permettre de satisfaire leurs ambitions créatrices comme ils l'entendent. L'objectif est de leur donner du temps pour créer, et de les aider à toucher de nouveaux publics. En effet, lorsque nous agissons ainsi, les écrivains, les lecteurs et l'ensemble de la société bénéficient de notre démarche.

Tout ce que fait le Conseil repose sur cette idée, qui est au cœur de notre mandat. Comment pouvons-nous donc nous acquitter au mieux de ce mandat au XXIe siècle? C'est autour de cette question que s'articulent notre transformation et nos engagements stratégiques pour les cinq prochaines années.

Nous avons formulé quatre engagements sur lesquels nous concentrerons nos efforts et nos investissements. Alors, permettez-moi de prendre un instant pour évoquer chacun d'entre eux :

Nous nous engageons tout d'abord à augmenter notre soutien aux artistes, aux collectifs et aux organismes en visant l’excellence artistique et en suscitant l’engagement accru d’un public toujours plus diversifié envers les arts.

Cet engagement revêtant une importance vitale, nous investirons plus de 80 % de nos nouveaux financements dans sa mise en œuvre. Les écrivains ont besoin d'investissements ciblés pour s'épanouir et réussir – c'est particulièrement vrai pour les écrivains qui se sont heurtés par le passé aux obstacles au financement, pour ceux qui entament leur carrière, ou encore pour les écrivains de cultures diverses et ceux qui vivent dans des collectivités éloignées, par exemple.

En plus d'accroître l'accès à nos programmes de subventions, nous souhaitons aider les écrivains à comprendre les nouveaux modèles d'affaires qui émergent rapidement, afin que ces artistes puissent survivre et prospérer dans ce nouveau contexte économique.

Il s'agit notamment de trouver de nouvelles façons de toucher les publics. Les jeunes et les néo-Canadiens interagissent de plus en plus avec l'art d'une façon non traditionnelle. Tous les publics intéressés aux arts – même les lecteurs – attendent toujours plus de possibilités de collaboration et de participation. Ils expriment leurs opinions dans les médias sociaux afin d'affirmer leur présence dans le monde, et ils veulent élargir et faire connaître leurs expériences avec les livres de la même manière.

Cela m'amène à notre deuxième engagement pour les cinq prochaines années, qui vise à accentuer la qualité, la portée et le partage de l'art au Canada grâce au numérique.

Si, en tant que société, nous voulons veiller à ce que notre culture numérique représente de façon authentique ce que nous sommes et nous serve à l'exprimer, nos artistes et nos écrivains doivent être suffisamment équipés pour maîtriser ces outils et stratégies numériques.

Vous savez peut-être que le ministère du Patrimoine canadien mène actuellement une consultation à grande échelle sur le contenu canadien dans l'environnement numérique. À une époque où nous avons au bout des doigts une profusion de contenu du monde entier, Patrimoine canadien cherche un moyen d'accroître la visibilité du contenu canadien de qualité.

Le Conseil des arts du Canada s'intéresse de près à cette démarche : de toute évidence, les décisions du gouvernement – quelles qu'elles soient – auront une incidence sur notre travail. Cependant, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre plus longtemps. Nous désirons agir rapidement afin d'apporter au secteur des arts et des lettres un soutien ciblé et concret qui aura un impact dans un proche avenir.

Il ne s'agit pas pour cela de consacrer des fonds considérables à une technologie en particulier. Après tout, nous ignorons quelle sera la technologie de pointe dans les années à venir. Il s'agit simplement de reconnaître que la façon dont les gens communiquent, partagent et échangent évolue constamment, et qu'un écrivain de notre époque doit être en mesure d'adapter continuellement la manière dont il pratique sa forme d'art et partage son travail avec le monde.

Nous en sommes actuellement à la phase de découverte de cet engagement relatif au numérique. Nous avons lancé en avril une enquête visant à recueillir des renseignements – enquête à laquelle je vous invite à participer puisqu’elle se termine le 24 juin.

L'année prochaine, nous organiserons un sommet afin d'approfondir les questions et les idées soumises dans le cadre de l'enquête, et nous vous tiendrons informés des résultats de cette recherche.

Notre troisième engagement est de favoriser le renouvellement des liens entre les artistes autochtones et les publics autochtones et non autochtones pour un avenir commun.

Le Canada aborde un tournant critique quant à la redéfinition des relations entre les peuples autochtones et non autochtones, et l’État canadien. Le rapport de la Commission de vérité et de réconciliation a souligné que les arts ont le pouvoir de faciliter ce rapprochement, et insisté sur le rôle du Conseil des arts dans le soutien aux arts autochtones.

Je suis fier du leadership du Conseil dans ce domaine et des efforts déployés par notre Bureau des arts autochtones qui a été mis en place il y a plus de 20 ans. Il est maintenant temps de se tourner vers l’autodétermination culturelle comme principe fondamental d’une aspiration légitime à remettre en contexte et à réinventer notre approche en matière d’investissement dans les arts autochtones.

Parmi les auteurs les plus appréciés au Canada, plusieurs sont autochtones : que l’on pense à Richard Wagamese, à Thomas King et à Tracey Lindberg, pour n’en citer que quelques-uns. Il y a également ces voix émergentes d’écrivains francophones au sein des communautés autochtones. Notamment, Natasha Kanapé Fontaine, Rita Mestokosho – des poétesses dont les œuvres reflètent le mouvement vers la réconciliation et les questions liées à la tragédie des femmes autochtones disparues ou assassinées. Non seulement leurs œuvres incarnent l’excellence littéraire, elles transmettent aussi des récits et des expressions qui nous aideront tous sur la voie de la réconciliation. Comme l’écrit la poétesse innue Joséphine Bacon :

« Quand une parole est offerte, elle ne meurt jamais. Ceux qui viendront l’entendront. » Parallèlement, la préservation des langues autochtones est essentielle à la survie des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Nous tenons à soutenir les écrivains résolus à créer et à diffuser leurs œuvres dans leur propre langue.

Notre quatrième engagement vise à accroître le rayonnement de la création d'ici et de nos artistes à l'international.

Dans un pays peu densément peuplé comme le Canada, l'atteinte des marchés internationaux est indispensable à la réussite financière et artistique des écrivains canadiens. En outre, l'exportation de la culture canadienne accroît notre influence à l'étranger.

Dany Laferrière a dit : L’écrivain est un homme privilégié à qui on donne le droit de traverser les barrières entre les classes sociales aussi bien que les frontières entre les pays.

Il y a deux semaines seulement, j'ai discuté avec un groupe de nouveaux diplomates qui étaient mis au courant de leurs premières missions et affectations. Ils reconnaissent, par exemple, que la littérature peut constituer un sujet de conversation sûr. Un moyen de discuter des valeurs canadiennes. Une expression de notre identité en tant que personnes, et de ce que signifie être Canadien aujourd'hui.

Dans le cadre de ces quatre engagements que j'ai brièvement passés en revue, l'accent est également mis sur la jeunesse et l'équité. Un grand nombre de jeunes écrivains font leur entrée sur la scène littéraire avec des œuvres remarquables. Citons par exemple les récents lauréats des Prix littéraires du Gouverneur général, Raziel Reid et Gabriel Nadeau-Dubois.

Dans le même ordre d'idées, les histoires de néo-Canadiens occupent de plus de plus de place dans notre paysage littéraire. Leur travail est novateur et rend compte d'expériences uniques qui nous ouvrent à tous de nouvelles perspectives sur le monde qui nous entoure. Nous sommes fiers d'avoir financé des écrivains comme Michael Ondaatje, Kim Thúy, Rawi Hage, Vincent Lam, Saleema Nawaz et Wajdi Mouawad. Et la liste ne s'arrête pas là...

Le Conseil est déterminé à être un organisme public de soutien aux arts réellement tourné vers l'avenir. Il doit donc créer davantage d'occasions pour la prochaine génération d'écrivains et de lecteurs. Ces derniers sont l'avenir de la littérature de notre pays, et nous devons veiller à leur ouvrir grand la porte.

Je viens donc de vous présenter un aperçu de nos engagements pour les cinq prochaines années. Maintenant, comment parviendrons-nous à les concrétiser?

Les programmes de subventions sont les principaux leviers de changement pour un organisme de financement comme le Conseil des arts du Canada. C'est donc vers ces programmes que nous orienterons la plupart de nos nouveaux investissements dans les années à venir.

Vous devriez maintenant avoir entendu parler de notre nouveau modèle de financement et de ses six programmes. Nous avons publié sur notre site web quelques renseignements généraux à ce sujet, à conseildesarts.ca. De plus, nous avons fourni, la semaine dernière, plus de précisions sur les échéances et sur le passage de nos programmes actuels aux nouveaux programmes.

De manière générale, je peux vous dire que nous cherchons à apporter à la littérature un soutien flexible qui sera adaptable aux besoins actuels et à venir des auteurs. Nous établirons ainsi des liens entre les structures traditionnelles de la communauté littéraire et la façon dont les histoires sont créées et partagées. Cette vision transparaîtra clairement dans nos nouveaux programmes – chacun d'entre eux a été conçu en tenant compte des besoins des écrivains.

Par exemple, le programme Explorer et créer servira à financer la démarche créatrice de la naissance de l'idée jusqu'à la création, en passant par le perfectionnement professionnel et la recherche – le financement cessera juste avant la production. Pour la première fois, les écrivains auront accès à des financements pluriannuels ainsi qu'à des financements favorisant leur perfectionnement professionnel, financements qui leur seront octroyés de manière souple et ouverte. Au lieu de déterminer ce dont vous avez besoin, nous vous invitons à adopter une attitude proactive, à prendre le contrôle de votre propre perfectionnement et à nous faire part de vos besoins.

D'autres programmes serviront à financer l'infrastructure qui soutient les écrivains, des éditeurs et des périodiques de littérature aux résidences en passant par les organismes comme The Writers' Union of Canada et plusieurs autres associations qui ont collaboré à l'organisation du présent événement. Ces organismes et associations s'efforcent d'aider les écrivains à progresser dans la pratique de leur art et à entrer en contact avec les lecteurs.

Le programme Rayonner au Canada financera des voyages et des tournées visant à permettre aux Canadiens – même à ceux qui vivent à l'écart des endroits où ont lieu les grandes manifestations littéraires – d'avoir accès aux auteurs. Il apportera par exemple le même type de soutien que celui qui a aidé la bibliothèque publique des Territoires du Nord-Ouest et le Centre régional de services aux bibliothèques publiques de Gaspésie à accueillir des auteurs en tournée dans des collectivités éloignées.

Le programme Rayonner à l'international financera des voyages et des tournées, des travaux de traduction et des activités de rayonnement à l'étranger. Ce programme a été élaboré sur la base des enseignements tirés d'un projet pilote de deux ans réalisé en partenariat avec des festivals littéraires au sein des principaux marchés internationaux. Dans le cadre de ce projet, des délégations composées de certains des meilleurs écrivains canadiens se sont par exemple rendues en Haïti, en Colombie, en Suède, en Australie, en Slovénie, en Irlande, au Mexique et en Chine.

Enfin, les écrivains des communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis peuvent profiter du programme Créer, connaître et partager. Une approche unique et autodéterminée sera nécessaire pour offrir à ces communautés un soutien adapté à leurs besoins, à leurs ambitions et à leurs objectifs particuliers.

Cependant, le Conseil ne se contente pas de mettre en place des programmes de subventions. Je tiens à insister sur le fait que nous proposons aux écrivains un éventail complet de mesures de soutien.

L’un des plus importants et des plus connus de cette série est le Programme du droit de prêt public – et il y aura une séance sur le DPP dès la fin de ma présentation. Plusieurs d’entre vous connaissent le DPP, car il vous fait parvenir un chèque annuel -- un paiement direct en reconnaissance de l’utilisation de vos livres dans les bibliothèques publiques de tout le Canada.

Cette année, le DPP fête ses 30 ans. C’est un programme qui a connu un succès remarquable depuis sa création et qui a dû également relever des défis croissants, attribuables notamment à l’augmentation constante du nombre de titres admissibles et à l’émergence du livre électronique. Ce n’est pas un système parfait -- d’ailleurs aucun système n’est parfait. Le DPP demeure cependant un mécanisme qui permet de subventionner directement – sans intermédiaire – les auteurs et traducteurs littéraires; et c’est pour cela que le Conseil des arts du Canada a pris la décision d’investir une somme substantielle dans ce programme dès le 1er avril 2018.

Nos prix littéraires constituent un autre élément du système de soutien aux auteurs. Chaque année, les Prix littéraires du Gouverneur général remettent 450 000 dollars en prix aux 70 auteurs lauréats et finalistes. En plus des versements directs du DPP, ces prix génèrent de l’excitation et de l’enthousiasme pour la littérature canadienne; ce qui a une incidence directe sur les ventes de livres. Je dois souligner que 2016 sera une année importante pour les prix du GG qui vont célébrer leur 80e anniversaire! Soyez à l’affût, cet automne, pour plus de renseignements. Parmi les autres prix littéraires importants, parfois moins en vue, il ne faut pas oublier le Prix Molson (évalué à 50 000 $) et les Prix Burt décernés chaque année à des ouvrages de fiction en langue anglaise écrits par des auteurs inuits, métis et ceux des Premières Nations.

Grâce à notre Feuille de route pour les langues officielles du Canada et aux fonds associés, le Conseil aide des écrivains à accéder à de nouveaux marchés dans les collectivités minoritaires francophones et anglophones. Cet appui permet aux citoyens de ces collectivités de briser l’isolement culturel en ayant accès à la riche diversité des œuvres littéraires écrites dans leur langue.

L’un des principaux objectifs de la transformation du Conseil est de nous assurer que nous pouvons nous montrer souples et réactifs, et que nous sommes toujours en mesure d'établir des liens entre les arts et les lettres et le monde qui nous entoure. Nous défendons toujours l'idée selon laquelle les écrivains devraient avoir voix au chapitre quant aux grandes questions d'intérêt public de notre époque.

C'est pour cette raison que j'ai ressenti une telle fierté lorsque la communauté artistique s'est également montrée capable de réagir prestement à notre initiative Bienvenue aux arts, mise sur pied à l'intention des réfugiés syriens. Par l'intermédiaire de cette initiative, mise en œuvre en partenariat avec le ministère du Patrimoine canadien ainsi qu'avec des éditeurs de tout le pays, nous avons pu offrir à chaque famille de réfugiés des lots de livres en anglais et en français écrits par des auteurs canadiens. Cette initiative est une illustration frappante du pouvoir qu’ont les arts de contribuer à la guérison et à l'amélioration de la compréhension au sein d'un monde divisé.

Notre Initiative {Ré}conciliation est un autre exemple de notre capacité à travailler avec le secteur des arts – ainsi qu'avec d'autres partenaires – afin de répondre à un problème ponctuel et urgent. Cette initiative a été prolongée d'une année, avec l'appui des partenaires fondateurs que sont le Cercle sur la philanthropie et les peuples autochtones au Canada et la Fondation de la famille J.W. McConnell.

L'auteur métis Joseph Boyden et la cinéaste Terril Calder participent à l'un des projets menés dans le cadre de la première phase de cette initiative. Ils collaborent à la réalisation d'un film d'animation intitulé Project Charlie. Ce film raconte l'histoire d'un élève d'un pensionnat autochtone, Charlie Wenjack, dont la mort à l'âge de 12 ans a déclenché la toute première enquête sur le traitement infligé aux élèves dans ces écoles. Le film sera présenté dans tout le pays, conjointement avec le nouveau roman de Joseph Boyden intitulé Seven Matches, dans le cadre d'une tournée qui marquera le 50e anniversaire de la mort de Charlie Wenjack.

Je tiens enfin à évoquer une dernière initiative. Il s'agit d'un programme de financement spécial et unique, lancé pour souligner le 150e anniversaire de la Confédération en 2017.

Ce programme ambitieux, intitulé Nouveau chapitre, vise à soutenir les projets d'une envergure exceptionnelle. Les projets en question ne doivent pas nécessairement avoir un quelconque rapport avec le 150e anniversaire; le programme appelle en fait les artistes et les organismes artistiques à rêver plus grand après des années d'absence de nouveaux investissements publics, et à proposer des projets qui laisseront un héritage durable. Les dates limites sont le 4 juillet et le 31 octobre de cette année. J'espère que ce programme donnera naissance à des projets exceptionnels dont notre pays profitera au cours des années à venir.

Je m'arrêterai là, car je tiens à ce qu'il reste du temps pour les questions. En conclusion, je tiens cependant à répéter à quel point la littérature est importante pour le Conseil – et à quel point je suis emballé par le potentiel que présentent notre transformation et nos nouveaux financements, qui pourraient avoir des retombées réelles et durables sur la scène littéraire canadienne.

Nous écrivons ensemble l'histoire d'un avenir prometteur pour les arts et les lettres au Canada. Nous savons qu'il ne s'agira jamais d'une histoire insipide. Nous écrivons une histoire qui sera enrichissante et passionnante, inspirée et inspirante. Une histoire dans laquelle le pouvoir de transformation de l'imagination, la beauté et le langage universel de l'art seront pleinement reconnus, célébrés et partagés.

Portrait - Simon Brault 2014
Simon Brault, O.C., O.Q.

Directeur et chef de la direction

Simon Brault est directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada. Auteur du Facteur C : l’avenir passe par la culture, un essai sur l’avancement des arts et de la culture dans l’arène publique, il a participé activement à d’importantes initiatives, notamment à l’Agenda 21C de la culture au Québec. Instigateur des Journées de la culture, il a aussi été membre fondateur de Culture Montréal et, de 2002 à 2014, président élu de l’organisme. En 2015, l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec lui remettait le prestigieux prix Hommage pour avoir réussi « à réunir deux univers que tout opposait auparavant, les arts et le milieu des affaires, une union des plus profitables pour l’ensemble de la société ». Suivez Simon Brault sur Twitter : @simon_brault

Mots-clés Nouveau chapitre Discours {Ré}conciliation