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Assemblée publique annuelle de 2022

 

Description de la vidéo

L’Assemblée publique annuelle de 2022 du Conseil des arts du Canada s’est tenue le 30 mars 2022 à 16 h (HE). La haute direction du Conseil a livré un aperçu des réalisations de la dernière année et présenté la vision d’avenir de l’organisme pour le secteur artistique. On a ensuite répondu à des questions du secteur et du grand public.

Nous aimerions remercier toutes les personnes qui ont participé à l’assemblée et, plus particulièrement, The Halluci Nation, le duo de musique électronique qui a conclu l’assemblée avec une inspirante prestation.

#ConseilDesArts22

Oratrices et orateurs

Jesse Wente, président du conseil d’administration

Michelle Chawla, directrice générale, Stratégies, affaires publiques et rayonnement des arts

Simon Brault, directeur et chef de la direction

Carolyn Warren, directrice générale, Programmes de subventions aux arts

Date de publication

2 mai 2022

[Narrateur] 

Provoquant 

Inspirant 

Contagieux

Sa créativité nous gagne, 

Son imaginaire nous habite. 

C’est un monde de tous les possibles, 

Un monde de liberté, d’essais, de douleur, de joie. 

Un monde où de nouveaux mythes bousculent et réinventent les anciens 

Baume sur nos blessures, 

Source de nos espoirs, 

C’est la langue de nos âmes. 

Audace de tous les instants, 

désaveu des idées reçues, 

son appel irrépressible nous rassemble. 

L’art saisit notre essence et nous pousse à aller plus loin. 

Au fil de nos histoires, au son de nos voix, 

L’art exprime qui nous sommes. 

L’art, c’est nous. 

[Michelle Chawla] 

Welcome, bonjour, kwe kwe.

Je m’appelle Michelle Chawla, je suis directrice générale, Division des stratégies, des affaires publiques et du rayonnement du Conseil des arts du Canada.

Je suis ravie de vous accueillir à notre assemblée publique annuelle.

Je vous parle aujourd’hui de la salle Kakaekwewin du Conseil au 150, rue Elgin, à Ottawa.

J’aimerais d’abord souligner que nos bureaux sont situés sur le territoire non cédé de la Nation algonquine anishinaabe, dont la présence ici remonte à des temps immémoriaux.

Le Conseil reconnaît que les Algonquins sont les gardiens et défenseurs traditionnels du bassin versant de la rivière des Outaouais et de ses affluents.

Nous honorons leur longue tradition d’accueil de nombreuses nations sur ce magnifique territoire et nous soutenons et élevons la voix et les valeurs de notre nation hôte.

Le Conseil respecte et affirme les droits inhérents et issus de traités de tous les peuples autochtones de ce territoire.

Le Conseil a honoré et continuera d’honorer les engagements d’autodétermination et de souveraineté qu’il a pris envers les nations et les peuples autochtones.

Le Conseil reconnaît l’oppression historique des territoires, des cultures et des premiers peuples de ce que nous appelons aujourd’hui le Canada, et croit fermement que les arts contribuent à la guérison et à la décolonisation que nous poursuivons ensemble.

Cette reconnaissance territoriale a été élaborée par des membres de la communauté algonquine, et je les remercie de leur générosité et de leur collaboration.

L’assemblée publique doit encore tenir compte de la pandémie. Ainsi, certains segments sont en direct et d’autres, préenregistrés.

Le secteur des arts est d’ailleurs toujours durement affecté par la pandémie, mais les choses évoluent rapidement.

Les arts rejoignent à nouveau un plus vaste public et c’est encourageant.

Le secteur ainsi que les artistes et les travailleuses et travailleurs ressentiront les effets de la pandémie pendant longtemps encore.

Nous sommes toutefois déterminés à soutenir les arts dans les jours, les semaines et les mois à venir, quoi qu’ils puissent apporter.

Je peux vous assurer que les pensées de tout notre personnel sont avec les artistes, groupes et collectifs artistiques.

Nous pensons aussi aux nombreuses personnes qui, dans le monde entier, vivent les horreurs de la guerre. Non seulement la paix mondiale est menacée, mais sur le plan humain, des millions de réfugiés doivent vivre dans des situations précaires et leur nombre augmente sans cesse.

Nous sommes bien sûr solidaires avec l’Ukraine, qui traverse présentement une terrible épreuve.

Notre solidarité envers le peuple ukrainien s’exprime par la participation du Conseil aux sanctions économiques du Canada et de la communauté internationale, et par des efforts pour sauvegarder le patrimoine culturel de l’Ukraine.

La semaine dernière, nous avons d’ailleurs fait une annonce importante en ce sens par l’intermédiaire de la Commission canadienne pour l’UNESCO qui, je le rappelle, fait partie du Conseil.

Nous allons contribuer au Fonds d’urgence pour le patrimoine de l’UNESCO afin de protéger le patrimoine culturel menacé, notamment en Ukraine.

Maintenant, je vais vous rappeler notre ordre du jour pour aujourd’hui.

D’abord, le président du conseil d’administration du Conseil, Jesse Wente, prendra la parole.

Je reviendrai ensuite sur les réalisations de l’année dernière.

Ensuite, notre directeur et chef de la direction, Simon Brault, prendra la parole.

Il y aura ensuite une période de questions avec Simon et Carolyn Warren, directrice générale, Programmes de subventions aux arts.

Vous pouvez fournir vos questions avec le formulaire au bas de l’écran.

Nous avons aussi reçu vos questions par courriel avant l’événement d’aujourd’hui.

Vous pouvez choisir la langue de la diffusion en cliquant sur le lien, en haut à droite.

Nous publierons aussi la vidéo de l’événement sur notre site en avril.

J’aimerais remercier l’équipe d’interprétation simultanée et l’équipe d’interprétation en langues des signes.

Vous pouvez suivre l’événement sur Twitter avec le mot-clic #Conseildesarts22.

À la fin de l’assemblée, vous pourrez assister à une prestation préenregistrée du groupe The Halluci Nation.

Maintenant, le président du conseil d’administration, Jesse Wente.

[Jesse Wente] 

Merci, MichelIe.

Je vous parle aujourd’hui de Tkaronto, le territoire traditionnel de plusieurs nations et visé par le traité du bol à une seule cuillère, qui nous rappelle notre accord pour vivre ensemble en paix et partager l’abondance de cet endroit ainsi que l’obligation de le préserver pour les générations à venir.

Il s’agit de ma deuxième assemblée publique annuelle comme président du conseil d’administration du Conseil des arts du Canada.

Encore une fois cette année, nous faisons face à de nombreux défis pour les arts et la société en général.

En ces temps difficiles, j’ai trouvé inspirant de voir les artistes, les travailleuses et travailleurs et les publics se rassembler pour réclamer un secteur des arts plus juste et équitable au Canada.

Je suis fier d’annoncer que cette réclamation est au cœur du plan stratégique 2021-2026 du Conseil, L’art, plus que jamais.

Ce plan est une feuille de route pour guider l’organisme et le secteur en général à travers les nombreux inconnus qui nous attendent.

Il envisage une transformation des arts afin d’inclure, de refléter et de valoriser plus fortement chacun d’entre nous, dans toute notre diversité, dans tout le pays.

Cette vision répond aux besoins de plusieurs communautés historiquement marginalisées et mal servies : les Autochtones, les personnes noires, les personnes racisées, les personnes sourdes ou handicapées, les membres de la communauté LGBTQ2S+, les personnes non binaires, les femmes et les personnes à l’intersection de ces groupes.

Bien entendu, le Conseil s’est engagé dans un long cheminement vers un secteur artistique plus juste et équitable, et ce, bien avant le plan stratégique actuel.

Il y a plusieurs années, le Conseil s’est engagé à soutenir les arts autochtones d’une manière qui respecte et soutient la souveraineté culturelle des Autochtones et le concept d’autodétermination.

L’une des façons dont nous l’avons fait et dont nous continuons de le faire, c’est avec le programme Créer, connaître et partager : arts et cultures des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

Dans le cadre du plan stratégique actuel, le Conseil approfondira ses relations avec les communautés qu’il sert à travers tout le pays afin de les soutenir selon leurs propres conditions.

Dans les prochains mois, par exemple, le Conseil le fera en soutenant le Sommet des arts de l’Arctique 2022.

Ce sommet est un partenariat entre le Conseil et le gouvernement du Yukon.

Il aura lieu en juin 2022 et réunira des personnes représentant les nations autochtones et des pays de l’Arctique et de la région circumpolaire.

Il s’agit d’un sommet créé par le Nord pour le Nord qui mettra en valeur les voix, les visions et la réalité du Nord du Canada avec un fort leadership fort et un fort engagement autochtones.

Il permettra aux artistes, aux travailleuses et travailleurs culturels et aux leaders créatifs de toute la région de s’exprimer, d’apprendre et de se développer.

Le Sommet comprend un programme en ligne ouvert à tous, avec des événements diffusés en direct, des galeries d’images, des profils d’artistes et bien plus encore.

Je vous invite à explorer ces expériences en ligne sur arcticartssummit.ca.

Le titre et les principes qui sont au cœur de notre plan stratégique, L’art, plus que jamais, reconnaissent le rôle vital que l’art et les artistes ont joué pour nous aider à relever les défis des dernières années en nous offrant divertissement, réconfort, joie et amour.

C’est aussi un appel à l’imagination pour que les artistes et leurs œuvres nous aident à imaginer notre avenir ensemble, à envisager un avenir commun qui répond aux défis d’aujourd’hui avec les solutions de demain, et à former les liens communautaires nécessaires à la réalisation de cet avenir.

En terminant, j’aimerais remercier le gouvernement du Canada pour la confiance qu’il continue à accorder au Conseil des arts du Canada et au travail que nous accomplissons.

J’aimerais également remercier le personnel du Conseil, l’équipe de direction, le directeur et chef de la direction, Simon Brault, ainsi que mes collègues du conseil d’administration. Votre travail et votre dévouement de la dernière année nous ont permis de réagir à la pandémie tout en maintenant nos activités régulières.

Je suis profondément fier de ce que nous avons accompli ensemble au cours de cette année, et je me réjouis des réalisations à venir.

Chi miigwetch

[Michelle Chawla] 

Merci, Jesse.

La pandémie continue d’exercer une pression importante sur l’ensemble du secteur des arts.

Malgré les difficultés, le Conseil a su demeurer à l’écoute des besoins de la communauté. Durant la pandémie, le Conseil a soutenu le secteur artistique en créant des occasions d’emploi pour les artistes, mais aussi en favorisant la diffusion numérique et la participation du public.

L’an dernier, le Conseil a versé 377 M$ en subventions, dont 62,8 M$ en fonds de soutien d’urgence à la COVID‑19 provenant du gouvernement fédéral. 

Cette année, le Conseil a versé un nombre record de fonds en appui au secteur, soit 455 M$ en subventions, dont 141 M$ en fonds de soutien d’urgence à la COVID‑19 et pour la reprise du secteur.

En avril 2021, nous avons lancé notre plan stratégique quinquennal, L’art, plus que jamais. Il vise à aider à reconstruire un secteur des arts qui, la pandémie nous l’a rappelé, est essentiel à notre société. Mais une reconstruction en mieux, soit sur des bases plus inclusives, équitables et durables.

Ce plan comprend, entre autres, trois orientations majeures, soit :

  • Investir dans la reconstruction et l’innovation.
  • Accroître les bénéfices des arts pour la société.
  • Encourager et accentuer la collaboration et les partenariats.

Ces orientations sont accompagnées d’actions clés qui vont guider notre travail et nos investissements au cours des prochaines années.

Bien sûr, toutes ces actions seront mises en œuvre progressivement.

Le Conseil a d’ailleurs commencé à échanger avec la communauté au sujet des actions comprises du plan. À la fin du mois de novembre, nous avons tenu deux rencontres virtuelles et échangé avec plus de 200 personnes et organismes du secteur artistique.

Les conversations ont été concentrées autour de trois thèmes, soit l’innovation, l’équité et les partenariats. Elles ont été éclairantes pour nous et nous avons eu l’occasion de répondre à plusieurs questions. D’autres rencontres auront lieu en 2022 afin que l’on puisse continuer le dialogue.

Puisque les derniers mois ont été remplis de rebondissements, il faudra aussi demeurer flexibles et agiles de façon à pouvoir effectuer des ajustements. Je peux vous assurer que nous avons l’intention de demeurer humbles et transparents.

Je vous invite à consulter le site web du Conseil pour en savoir plus sur notre plan stratégique et ses orientations.

Je cède maintenant la parole à notre directeur et chef de la direction, Simon Brault, qui va vous donner plus de détails sur le plan et la vision du Conseil pour les prochaines années.

[Simon Brault] 

Merci, Michelle, pour cet aperçu du travail du Conseil cette année.

Depuis plus de deux ans maintenant, nous vivons dans l’incertitude.

Les prochaines années pourraient elles aussi être marquées par l’incertitude.

Ces incertitudes ne devraient pas nous inciter à adopter une posture d’inertie ou de retrait.

Ces deux dernières années, nous avons davantage pris conscience des inégalités dans la société et notre secteur, inégalités qui sont souvent alimentées par nos modes de pensée, nos façons de travailler et de nombreuses autres approches systémiques.

Les problèmes remontent à bien plus loin, mais nous ne pouvons plus les ignorer, nous devons penser et agir différemment.

C’est vrai pour tout le monde dans notre secteur et, évidemment, pour le Conseil des arts du Canada, la source principale de financement public. Il faut penser et agir avec davantage d’intention pour avoir une vraie inclusivité.

Cette année, nous avons entamé des échanges courageux et signifiants avec la communauté et avec diverses parties prenantes sur l’avenir à moyen et à long terme du secteur.

Comme certains d’entre vous, nous allons être présents et actifs au Sommet national sur la relance des secteurs des arts, de la culture et du patrimoine qui se tiendra les 2 et 3 mai à Ottawa. Le Sommet sera accueilli par le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez.

Notre engagement à participer à des plateformes qui contribuent au développement durable du secteur et, donc, de la société, est plus inébranlable que jamais.

Nous comptons sur l’esprit de collaboration et de communication, car les arts ont un rôle important à jouer dans la réalisation de changements sociétaux véritables et durables.

L’Assemblée publique annuelle d’aujourd’hui est plus qu’un simple bilan; c’est un moment pour esquisser les grandes étapes des années à venir.

Nous devons amorcer une transition sociétale en augmentant tous les efforts en faveur de l’élimination du racisme et de la discrimination et en faisant progresser la décolonisation des esprits, des institutions et des systèmes.

Nous devons aussi faire appel à notre créativité et à notre pouvoir d’influence pour prendre part à la lutte mondiale contre les changements climatiques qui préoccupent la population et plus particulièrement la jeunesse, ici et partout sur la Terre.

Il y a aussi urgence à se doter d’une meilleure infrastructure sociale qui doit s’étendre à notre secteur qui se développe trop souvent au dépens de la santé et des conditions de vie de ses artistes et de toutes les personnes qui y œuvrent.

La reconstruction et la relance du secteur des arts doivent viser un secteur beaucoup plus juste, équitable et durable pour toutes et tous et au bénéfice de notre société tout entière.

Le secteur des arts a démontré son caractère essentiel pendant la pandémie, mais ce caractère essentiel peut et doit être affirmé avec encore plus de vigueur, notamment :

  • avec un soutien public accru;
  • avec un espace plus grand accordé aux arts au sein de nos instances et de nos discussions sur la société;
  • dans le processus de vérité et réconciliation;
  • dans les collaborations et les partenariats qui misent sur l’innovation;
  • dans notre développement personnel et collectif.

Les arts doivent être au cœur de notre développement humain et pour y parvenir, le secteur doit avoir davantage les outils et les moyens de prendre des risques.

En ce moment, au Conseil, nous misons sur l’innovation pour encourager cette prise de risques et repousser les frontières de ce qui est convenu.

Notre fonds d’innovation est un moyen de soutenir les arts lorsqu’ils s’attaquent aux défis auxquels ils sont confrontés en prenant des risques, en essayant de nouvelles approches et en adoptant une perspective qui mise sur le caractère transformateur et durable des propositions qui vont être mises de l’avant.

En ce moment, l’innovation est une des clés pour permettre de revoir ce qui ne fonctionnait pas, de maximiser ce que nous avons appris pendant la pandémie – notamment en explorant les territoires du numérique – et de développer des partenariats qui sont porteurs.

L’innovation peut permettre :

  • de développer des modèles organisationnels et d’affaires nouveaux et durables;
  • de soutenir la transformation numérique;
  • d’améliorer les conditions de rémunération et de travail des artistes;
  • de promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion;
  • de nous attaquer aux conséquences toujours très réelles, très présentes, du colonialisme;
  • de lutter contre les changements climatiques;
  • de plaider d’une façon nouvelle et convaincante en faveur des arts au sein de notre société.

Évidemment, l’innovation, c’est la première approche stratégique que nous avons déployée parce que l’heure est à la reconstruction innovante de notre secteur.

Avec les sessions d’information que nous avons tenues jusqu’à maintenant et grâce à d’autres moyens de communication, nous avons entamé et nous allons continuer cette importante et fructueuse conversation avec le secteur.

J’aimerais dire quelques mots sur notre programme de droit de prêt public.

En dépit de la pandémie, le Programme a pu travailler avec un nombre record de bibliothèques publiques partout au Canada afin de remplir son mandat, qui consiste à compenser financièrement directement les personnes dont les œuvres littéraires se trouvent dans les bibliothèques. 

Cela nous a permis de verser des paiements à plus de 18 000 créatrices et créateurs l’an dernier.

Je veux souligner la vague d’amour et de reconnaissance qu’on a reçue au moment où on a distribué les chèques cette année. C’est très apprécié au Conseil et je crois que ça résonne énormément auprès des décideurs publics.

En terminant, j’aimerais aussi mentionner que la Banque d’art du Conseil fête cette année son 50e anniversaire. Nous allons donc dévoiler dans les semaines et les mois à venir une série d’initiatives qui vont nous permettre de célébrer dignement cet anniversaire et d’assurer la pérennité de la Banque d’art.

Thank you, merci.

[Michelle Chawla] 

Merci, Simon.

Dans l’esprit d’un échange continu, on va commencer la période de questions-réponses avec quelques questions qu’on a reçues par courriel en prévision de cette rencontre.

Nous allons ensuite passer à certaines questions qu’on a reçues pendant l’événement d’aujourd’hui.

Avec Simon, nous avons Carolyn Warren, directrice générale, Programmes de subventions aux arts.

La première question : on a reçu plusieurs questions qui concernaient notre décision récente d’interrompre temporairement les activités en Russie et au Bélarus.

Il y avait une question de la part de Carmen Rodriguez qui a demandé pourquoi le Conseil a décidé d’arrêter de financer ces organismes à cause de l’invasion russe de l’Ukraine, étant donné qu’il n’a pas fait de même lors d’autres conflits mondiaux.

Simon, vous pouvez prendre la parole.

[Simon Brault] 

Merci, Carmen de votre question.

On a décidé de participer au mouvement international de sanctions contre la Russie pour l’invasion de l’Ukraine parce qu’on croit que c’était très important d’indiquer au monde, à nos collègues et aux artistes de l’Ukraine notre appui.

On a fait des choses semblables par le passé, mais c’est clair que c’est une situation tout à fait unique, actuellement.

Nous croyons que, si nous voulons considérer les arts comme étant importants et comme jouant un rôle central dans la société, c’est normal qu’en situation de conflit ou de tensions majeures comme ici, nous prenions position, même si c’est plutôt symbolique.

On peut dire, effectivement, que nous aurions pu le faire avant avec d’autres conflits, mais nous sommes peut-être en train d’ouvrir un nouveau chapitre quant à notre façon de réagir lorsque des situations dramatiques comme celle-ci se produisent dans le monde.

Merci encore une fois pour la question.

[Michelle Chawla] 

Merci, Simon.

La prochaine question nous a été envoyée avant l’événement de la part de l’auteure, rédactrice et traductrice Elaine Wang.

« Quelles actions le Conseil a-t-il prévues pour 2022 et les cinq prochaines années en termes de respect de ses engagements en matière d’équité, et, surtout, de soutien aux écrivains, artistes et créatifs racisés? »

Je vais vous passer la parole, Carolyn.

[Carolyn Warren] 

Merci, et merci pour la question.

Le nouveau plan stratégique aborde directement cette question, comme vous l’avez déjà entendu de mes collègues.

Nous avons déjà pris des engagements très clairs qui permettront de prioriser la diversité, l’équité et l’inclusion et de diminuer les obstacles à l’accès à notre financement.

J’aimerais peut-être souligner en premier que le soutien aux écrivains et aux artistes autochtones, noirs ou racisés est essentiel pour la pertinence et la durabilité du secteur des arts à long terme.

Nous croyons fortement que les arts doivent être plus importants dans la vie de plus de citoyens et de citoyennes et, par conséquent, être mieux défendus et soutenus par la société.

Donc, quelques actions concrètes que nous mènerons au cours des cinq prochaines années.

D’abord, le Conseil va allouer 50 % du total des subventions à des projets, ce qui permet aux nouveaux demandeurs d’accéder à notre financement. Et je peux vous dire que, cette année déjà, nous sommes en train de verser plus de 20 % du financement des projets à de nouveaux bénéficiaires.

Nous nous engageons aussi à consacrer 100 M$ aux arts et aux cultures autochtones.

Le Conseil est aussi en train d’élaborer une stratégie pour les arts du Nord – comme l’avez déjà entendu – afin de renforcer notre présence et notre soutien aux arts dans le Nord.

Nous diversifions notre collection de la Banque d’art du Conseil, et nous révisons nos prix pour nous assurer qu’ils reconnaissent toutes les contributions artistiques et littéraires à notre société.

Nous allons aussi participer vivement et activement au dialogue avec les organismes artistiques et toutes les parties prenantes du secteur afin de soutenir le développement de stratégies et d’initiatives visant à faire progresser l’équité, la diversité et l’inclusion, la réconciliation avec les peuples autochtones et le combat contre la discrimination de toutes formes incluant, bien sûr, envers les femmes.

Merci encore pour la question.

[Michelle Chawla] 

Merci, Carolyn.

Passons maintenant à une question envoyée à l’avance par Rea Beaumont.

[Rea Beaumont] 

Merci beaucoup de répondre à ma question.

Je suis Rea Beaumont, pianiste et compositrice.

J’aimerais savoir, à la lumière de la dévastation économique causée par la pandémie partout dans le monde, si le Conseil des arts a l’intention d’inclure un aspect de besoin dans ses demandes de subvention, ou bien s’il va y avoir un secteur séparé de subventions qui répondrait à ce type de besoin là.

Merci de prendre ma question et pour tout ce que vous faire pour les arts au Canada.

[Simon Brault] 

Merci beaucoup pour la question.

La question de la situation financière des artistes au Canada en ce moment est au cœur des priorités du Conseil.

C’est clair, comme organe de financement, nous ne compensons pas pour la perte de revenus.

Notre rôle premier n’est pas d’appuyer le revenu de l’artiste, mais quand on mène nos activités de subvention, on tient bien sûr compte de leurs besoins.

Ce qu’on fait, essentiellement, quand on soutient le travail et la création, c’est d’acheter du temps pour l’artiste, de développer leur art, leurs œuvres, leurs créations.

Le Conseil s’engage aussi à défendre les artistes et à donner des conseils au gouvernement pour élargir la sécurité sociale.

Je pense que la pandémie a été un moment très important. On a vu que c’était possible d’avoir davantage de soutien pour les artistes et ceux qui travaillent en culture aussi bien que pour n’importe quels autres travailleurs qui ont perdu des revenus pendant la pandémie.

Je pense qu’on va avoir une grande discussion dans notre société, voir comment on peut s’assurer qu’à l’avenir, on trouve des façons de compenser le travail visible et invisible des artistes et des personnes qui travaillent en culture.

Mais c’est clair que c’est une considération importante, qui va demeurer importante pour nous.

[Michelle Chawla] 

Merci, Simon.

Ensuite, nous passons à Clayton Windatt, qui a aussi envoyé une question préenregistrée.

[Clayton Windatt] 

Bonjour, le Conseil des arts du Canada!

Je m’appelle Clayton Windatt, et je suis le directeur général de la Conférence des collectifs et des centres d’artistes autogérés, aussi appelée l’ARCA.

Merci d’entendre ma question préenregistrée.

En tant qu’artiste et administrateur d’art, je pose souvent des questions basées sur ce que j’entends sur le secteur et je cherche à obtenir des réponses de votre part, notamment quant à la confirmation et à la réaffirmation de votre mandat.

Il y a beaucoup d’incompréhension. Il y a plusieurs artistes et groupes qui pensent qu’avec votre façon de structurer les subventions, il y a de l’argent qui n’est pas dirigé vers les arts.

Comment est-ce que ce fonds d’innovation qui vient d’être annoncé appuie les artistes?

J’espère que votre réponse touchera des enjeux plus vastes comme la communication et la manière dont les programmes sont liés à vos valeurs clés.

Merci de votre temps.

[Carolyn Warren] 

Merci de cette question et de nous donner l’occasion de vous expliquer comment ce nouveau fonds d’innovation soutient les artistes, les travailleurs et les organismes directement et indirectement.

Le but, évidemment, est de soutenir la création d’un secteur artistique plus durable, comme on a dit aujourd’hui, et de rendre les arts plus pertinents et accessibles pour plus de gens.

Nous savons que l’emploi du mot innovation peut être corsé pour certaines personnes.

L’innovation est l’une des façons dont on va soutenir les artistes et travailleurs du secteur pour s’attaquer aux difficultés auxquelles nous faisons face et que Simon a évoquées tout à l’heure.

Notre investissement dans le Fonds d’innovation représente seulement 13 % de notre budget de subventions de cette année. Les autres programmes vont continuer à soutenir toutes sortes d’activités, qu’il s’agisse de recherche, de production, de dissémination, de diffusion, de développement professionnel ou autres.

Directement en appui aux artistes, ce fonds et censé bâtir et renforcer les capacités dans le secteur et trouver de nouvelles façons pour, justement, gérer les difficultés avec lesquelles on vit depuis longtemps, mais qui ont été clairement exacerbées par la pandémie.

Beaucoup de ces difficultés, comme Simon l’a dit, ne sont pas spécifiques au secteur des arts. Je pense à la crise climatique, aux problèmes de justice sociale, à l’équité et au besoin de travailler sur la réconciliation avec les Autochtones.

Nous partageons ces préoccupations avec la société dans son ensemble. Il y a aussi des difficultés qui sont spécifiques à notre secteur. Je pense notamment à la sous-rémunération chronique des artistes et des travailleurs du secteur, au manque de durabilité de notre modèle actuel et aux lacunes persistantes dans notre compréhension et nos capacités numériques.

Alors, l’innovation, c’est tout simplement une façon de résoudre les problèmes et d’amener des changements.

C’est une approche qui est, selon nous, essentielle à l’écosystème artistique pour trouver de nouvelles façons durables de travailler.

Nous savons que c’est difficile avec cette crise qui perdure. Nous sommes assez épuisés et découragés au bout de deux ans.

C’est pourquoi nous avons voulu que ce fonds donne un accès facile à des artistes, groupes et organismes pour, justement, mener des projets qui vont créer des changements.

Nous avons créé différentes voies vers ces programmes : des bourses à petite échelle qui vous permettent d’identifier un problème, d’imaginer un plan, de chercher des partenaires appropriés; ou des subventions de taille moyenne qui permettent des partenariats ou la mise en œuvre de projets-pilotes.

Le fonds offre des subventions qui vont jusqu’à 1 M$ pour des projets à multiples partenaires qui vont avoir un impact important sur le secteur dans son ensemble.

Alors, il s’agit de financer des artistes et des travailleurs, qui peuvent soumettre une demande à titre individuel, mais nous espérons aussi créer de meilleures conditions de travail et des modèles de travail plus durables.

En ce qui concerne le soutien pour la création artistique et les artistes, nous avons augmenté nos subventions de manière importante au cours des deux dernières années, comme Michelle et Simon l’ont évoqué, en s’assurant que les millions du fonds d’urgence du gouvernement se rendent directement dans les poches et entre les mains des personnes qui en ont le plus besoin.

Enfin, j’aimerais dire que le nouveau fonds a encouragé des partenariats dans le secteur des arts, mais aussi à l’extérieur du secteur.

J’aimerais souligner clairement que cela ne signifie pas que les fonds quittent le secteur artistique. Pour être admissible à ces subventions, il faut avoir un profil au Conseil. Ce que nous faisons en encourageant ces partenariats, c’est justement d’optimiser nos investissements en innovation en stimulant les co-investissements issus de l’extérieur de notre secteur.

Ceci va permettre d’élargir la pertinence des arts. Cette approche entraînera des bénéfices profonds, directs et indirects pour les artistes et les travailleurs culturels du pays.

Merci de cette question.

[Michelle Chawla] 

Merci, Carolyn.

Maintenant, je vais prendre une question que nous avons reçue en direct pendant l’événement.

De nombreuses questions et des commentaires nous sont parvenus au sujet de nos plans pour la relance du secteur, entre autres : « Comment pensez-vous que vos programmes vont changer pour répondre aux besoins du secteur des arts? »

Simon.

[Simon Brault] 

En fait, c’est une excellente question.

Les programmes du Conseil ne vont pas nécessairement changer, dans le sens qu’on a déjà, avec le nouveau modèle de financement du Conseil des arts, un certain nombre de programmes qui nous permettent de couvrir l’ensemble du spectre de ce qui se fait dans le secteur. On a aussi publié nos objectifs financiers.

Carolyn Warren en a parlé tantôt, le Conseil, présentement, est le seul conseil des arts au pays accordant une si grande portion de son budget au soutien à des projets (50 %). L’autre 50 % va au soutien du fonctionnement et au soutien de base d’organismes artistiques.

Ce qui va évoluer dans les prochaines années, je dirais, c’est beaucoup l’attention qu’on va porter à tel ou tel contenu ou à telle ou telle proposition qui provient du secteur des arts.

Et ça, c’est très important pour nous de toujours être capables de réagir à ce qui est proposé par les artistes, à ce qui vient en fait du secteur, mais aussi d’être capables d’amplifier au bon moment les initiatives ou les projets qui peuvent prendre un envol et avoir un impact au Canada ou à l’échelle internationale.

Carolyn Warren, tantôt, parlait de notre fonds d’innovation. Ce fonds-là est particulièrement intéressant à l’heure actuelle parce qu’il nous permet de bâtir des ponts avec d’autres secteurs de la société qui sont en train, souvent, d’essayer de relever des défis très similaires à ceux qu’on rencontre dans le secteur des arts.

Donc, au cours des prochaines années, je m’attends à ce qu’il y ait une véritable évolution dans le contenu de la création artistique, dans la façon dont on fait la création, dans la façon dont on diffuse, et dans la façon dont on s’allie avec d’autres secteurs de la société.

Et tout ça va se passer en autant que le Conseil continue d’être à l’écoute et d’être, d’une certaine façon, en symbiose et en synchronicité avec les artistes et avec les organismes artistiques.

Merci beaucoup pour cette question.

[Michelle Chawla] 

Merci, Simon.

Carolyn, cette prochaine question est pour vous.

Nous recevons aussi des questions à savoir si les programmes comme le fonds pour les stratégies numériques ou d’autres, qui étaient populaires, est-ce qu’ils vont être de retour?

[Carolyn Warren] 

Très bonne question.

Je ne dirais pas qu’ils ne reviendront jamais, mais nous sommes très réactifs avec notre fonds d’innovation stratégique. Nous avons deux composantes assorties de subventions numériques destinées à toutes sortes de projets.

Elles sont plus vastes que les anciens programmes, je vous suggère d’aller lire les lignes directrices de ces composantes.

Elles n’existeront probablement pas pour les cinq ans du plan, mais nous avons beaucoup de flexibilité avec le Fonds d’innovation, donc nous pourrons nous ajuster selon ce que nous entendons et les propositions qui nous sont présentées par le secteur.

Nous pourrions très bien ajouter de nouvelles initiatives numériques ad hoc ou ponctuelles.

Merci de la question.

[Michelle Chawla] 

Merci, Carolyn.

Dernière question et Simon, c’est pour toi.

« Plusieurs organismes ont reçu des aides spéciales durant la pandémie. Comment le Conseil compte-t-il soutenir le prolongement ou la finalisation des projets soutenus durant cette période? »

[Simon Brault] 

C’est une excellente question.

C’est vrai que pendant la pandémie, on a eu des montants supplémentaires du gouvernement.

Pour la première fois dans toute l’histoire du Conseil, on a atteint presque un demi-milliard de budget. Ce qui veut dire qu’on a soutenu un nombre beaucoup plus important d’artistes, de collectifs et d’organismes que jamais dans notre histoire.

Une de nos grandes préoccupations, à l’heure actuelle, c’est de s’assurer que les gens qui ont été soutenus pour la première fois par le Conseil puissent continuer à progresser et à avoir un appui du Conseil.

C’est une des raisons qui nous ont incités à protéger le 50 % de toutes nos ressources pour soutenir des projets, en même temps qu’on plaide pour augmenter le financement de base.

On ne veut pas augmenter le financement de base des organismes en pigeant dans l’enveloppe qui est réservée aux projets. Si on faisait ça, on se retrouverait dans une situation où, d’une certaine façon, on refermerait la porte aux nouvelles voix. Et pour nous, le dynamisme, l’avenir des arts repose énormément sur la capacité, à la fois, de consolider ce qui est plus mature et de faire en sorte que ce qui doit émerger émerge dans des conditions adéquates.

Donc, on est vraiment en train d’examiner toutes ces questions-là, mais ce qui est certain, c’est qu’on veut s’assurer qu’il y a une continuité et que les gens qui ont été soutenus grâce aux fonds supplémentaires qu’on a eus pendant la pandémie ne seront pas abandonnés ni laissés de côté pendant que le train continue d’avancer.

Je veux dire aussi que pendant la pandémie, une de nos préoccupations immenses, c’était d’être capables à la fois d’aider les organismes à ne pas faire faillite ou à ne pas imploser à cause de la pandémie, mais on a continué tout au long de la pandémie à soutenir de façon extrêmement forte ce que j’appellerais la scène indépendante.

Pour nous, c’était très important qu’à la fin de la pandémie, non seulement on soit capables de retrouver les organismes qui existaient avant, mais qu’on soit aussi capables d’avoir un niveau de création, une vitalité et une diversité énormes.

Donc, on a vraiment essayé d’équilibrer constamment le soutien à la scène indépendante, le soutien direct aux individus et le soutien aux organismes dont on a une responsabilité comme conseil des arts.

Merci beaucoup pour cette question-là.

[Michelle Chawla] 

Merci à Simon et à Carolyn.

C’est maintenant le temps de mettre fin à la période de questions.

Je tiens à remercier nos interprètes.

J’aimerais également remercier Don Ross, le gagnant du prix Walter-Carlson 2022, pour la musique de la vidéo d’ouverture de l’événement.

Et merci à tous ceux et celles qui ont assisté à notre événement en ligne.

Nous publierons un enregistrement de cet événement sur notre site.

Pour terminer, nous aimerions vous présenter un spectacle préenregistré du duo d'électro pow-wow, The Halluci Nation.

Merci.

[Tim et Bear Witness]

Bonjour, nous sommes The Halluci Nation!

Merci de nous avoir invités.

Notre groupe a bénéficié de différentes subventions, et nous comprenons le rôle important joué par le Conseil des arts du Canada ici, au Canada, et à l’étranger.

Le monde a besoin de plus d’art dans toutes ses formes, et nous avons le plaisir de promouvoir l’art avec notre musique.

[Musique – R.E.D., par The Halluci Nation, avec Yasiin Bey, Narcy et Black Bear]

Merci encore au Conseil des arts pour toutes ces années de soutien.

Nia:wen.