Commentaire de la commissaire
Au Canada de nos jours, la danse est dynamique, tant du point de vue politique, critique qu’artistique. Par le truchement d’une lentille chorégraphique, les artistes, les commissaires et les spécialistes proposent des perspectives et des interactions uniques qui continuent d’élargir le paysage de la danse.
Onde de choc : corps et paysages présente les paysages et les multiples facettes des communautés de danse, de pratiques artistiques et de danseurs de tout le Canada. L’exposition porte un regard sur les corps, sur les mouvements et les danses faisant partie du paysage, mais aussi sur les corps et la danse en tant que paysage. Elle explore également le paysage dans lequel la danse est créée, présentée et perçue.
Le titre de l’exposition est polysémique. Au sens littéral, une onde de choc est puissante et de courte durée. Cette onde est ressentie lorsque notre corps est en contact avec les éléments naturels. Comme la danse, elle est souvent éphémère et laisse pourtant une forte impression. Au sens figuré, une onde de choc nous étonne, nous surprend et nous laisse souvent sans voix. Cette exposition est en quelque sorte l’essence de ces deux significations conjuguée avec un profond respect et une immense passion pour la danse et ses interprètes.
Onde de choc analyse et remet en question le pouvoir qu’une exposition confère aux objets qu’elle montre, au moyen de collections, de présentations et d’archivage. Elle tient compte également des traces, qu’elles soient matérielles, sensorielles, émotionnelles, politiques ou spirituelles, que laissent les pratiques artistiques axées sur le corps ou la performance. Ce faisant, elle nous amène à nous interroger sur ce point : la danse est-elle vraiment éphémère ou fait-elle encore partie de nous longtemps après la fin d’une performance?
À mesure qu’ils exploreront de cette exposition, les visiteurs découvriront des œuvres d’art, notamment des installations et des œuvres filmées, ainsi que divers objets liés à la danse. Ensemble, les composantes de l’exposition soulignent que l’intelligence physique et vécue, la narration corporelle et les interactions de corps à corps entre les interprètes de la danse, et entre les interprètes et leur public, ne sont pas aussi fugaces qu’on les perçoit souvent. En effet, elles occupent des places de choix dans les musées, les institutions et les archives, et sous-tendent de nombreuses pratiques axées sur le corps, qui vont des performances de danse aux mouvements que nous effectuons au quotidien.
Cette exposition comprend une grande variété d’œuvres d’artistes de la danse de partout au pays, comme les notes de répétition de l’œuvre SNOWANGELS de Deepti Gupta; le monument en hommage au travail des danseuses et des danseurs Names of Dancers de l’artiste anonyme La calq; une vidéo et des collages de photographies de Laura Taler; et la radiocassette perlée d’Angela Miracle Gladue, dont les pratiques combinent le hip-hop et la danse traditionnelle des Premières Nations. De plus, l’exposition présente des œuvres de la collection de la Banque d’art du Conseil des arts du Canada, dont The Widow, de Shary Boyle et Close Knit, d’Aganetha Dyck.
Bien sûr, cette exposition ne donne qu’un aperçu de la danse contemporaine au Canada. En ce moment même, d’innombrables communautés, formes, pratiques et interprètes de la danse de partout au pays effectuent des recherches, explorent et expérimentent, et leur travail est d’une grande importance. Il n’en reste pas moins qu’Onde de choc : corps et paysages laisse entrevoir la diversité de la pratique de la danse au Canada et en fournit une présence tangible aux visiteurs.