De la musique tous azimuts
De la musique tous azimuts
Si vous avez un jour la chance de cheminer parmi les magnifiques épinettes et feuillus du Sentier Meike sur la côte est de l’Île-du-Prince-Édouard, vous pourriez croiser un oiseau de proie, une paruline ou peut-être même un musicien.
C’est le propre d’une expérience magique lancée par l’Orchestre symphonique de l’Île-du-Prince-Édouard afin de tirer parti du pouvoir de la nature et de la musique au cœur des restrictions liées à la COVID.
« Les gens avaient vraiment besoin d’un répit de tout ce qui se passait dans le monde à ce moment-là, et nous voulions aider à créer le calme dont ils avaient tant besoin, tout en permettant aux musiciennes et aux musiciens de recommencer à faire de la musique », explique la responsable des opérations de l’Orchestre symphonique, Laura Ono.
« Nous avions besoin de sortir des sentiers battus et de trouver une solution créative pour réunir les gens dehors. C’est comme ça que l’initiative Tuning into Nature a vu le jour. »
L’idée était de faire sortir les membres de la communauté pour leur permettre d’interagir entre eux et de renouer avec l’espace et la beauté de la nature locale. Pendant une quarantaine de minutes, les gens seraient invités à parcourir un sentier auto-guidé le long duquel des musiciennes et musiciens seraient postés à une distance sécuritaire.
L’initiative s’est rapidement concrétisée et a récolté un franc succès.
« Il est rare que les communautés rurales se voient proposer de la musique de cette façon, et les commentaires des participantes et participants sur cette nouvelle occasion d’interagir aussi bien avec la nature qu’avec les musiciennes et musiciens ont été si positifs que nous avons décidé de continuer », se remémore-t-elle.
Quatre ans plus tard, plusieurs collaborations et partenariats ont vu le jour grâce à cette initiative, les discussions visant à l’étendre à l’échelle de l’île se sont multipliées et chaque fin de semaine de la fête du Travail, le sentier accueille un flux constant de visiteuses et de visiteurs de toute la province et d’ailleurs au son de musiques diverses : classique occidental, autochtone, acadienne et musique du monde éclectique.
La communauté, la clef de voûte
À bien des égards, cette initiative innovatrice, qui allie la musique et les sons du monde naturel, reflète la nature de l’Orchestre symphonique de l’Île-du-Prince-Édouard lui-même, qui, depuis 57 ans, a à cœur de rallier la communauté locale autour de la musique.
« Il peut être intimidant de repenser les activités d’un orchestre, mais les arts sont tout autour de nous, qu’il s’agisse d’entendre la bande sonore d’un film ou d’une série sur Netflix, ou encore d’écouter la radio dans sa voiture », explique Jaelem Bhate, le nouveau directeur musical de l’Orchestre symphonique.
« La musique est le reflet de la vie, et l’orchestre doit aller à la rencontre des gens – et non leur demander de venir à nous – et leur fournir une occasion de s’adonner à cette réflexion. »
— Jaelem Bhate
C’est une philosophie qui témoigne à la fois de la longue histoire de l’organisation sur l’île et de la voie qu’elle compte suivre à l’avenir, à mesure qu’elle œuvre à rendre son offre musicale plus accessible et à développer sa façon d’interagir avec la communauté.
« On croit parfois que la musique symphonique est réservée à un certain type de public ou qu’il faut avoir étudié dans une école de musique pour l’apprécier. Mais la musique est tout autour de nous et elle résonne auprès de personnes de tous les horizons… c’est un langage qui tisse des liens », dit-il.
« Quand un groupe de soixante personnes produit des sons, la musique parle aux gens, comme vous et moi. L’important, ce n’est pas le titre de la pièce ou le nom du compositeur, mais le fait d’entendre de sons extraordinaires. »
L’idée de mobiliser la communauté se répercute non seulement sur les approches adoptées par l’orchestre symphonique pour créer et faire entendre des sons, mais également sur sa façon d’exercer ses activités, ce qui comprend l’embauche de Jaelem.
« Nous devions embaucher un nouveau directeur musical et nous voulions adopter une approche non traditionnelle, plus axée sur la communauté. Nous avons donc amorcé une recherche à l’échelle du Canada et une année de concerts en direct, ici, sur l’île. Ceux-ci se voulaient des auditions pour les candidates et candidats, et le public avait l’occasion de fournir une rétroaction après chaque spectacle », explique Laura.
Ils ont également mis sur pied une résidence pour le nouveau directeur musical. Ce dernier a notamment donné des conférences dans la communauté qui ont aidé à préparer le terrain pour une première saison emballante dirigée par son nouveau leader artistique.
Le soutien du Conseil des arts
Selon Jaelem, le soutien du Conseil des arts du Canada a été important pour l’Orchestre symphonique de l’Île-du-Prince-Édouard pour plusieurs raisons.
« C’est la base qui nous aide à offrir une rémunération juste à des musiciennes et musiciens locaux, à diversifier et à élargir notre répertoire pour mieux servir la communauté et à entrer en contact avec les gens d’ici pour que leur orchestre puisse mieux répondre à leurs souhaits », explique-t-il.
Il ajoute que le soutien qu’il a lui-même reçu du Conseil des arts au fil des ans pour créer des liens à l’international et profiter d’occasions de mentorat en tant qu’artiste profite également à la communauté de l’île.
« Il n’est pas tellement question de soutenir un artiste, un concert ou une saison en particulier. Il faut s’assurer qu’une chose mène à une autre, puis à une autre, puis à une collaboration accrue avec des artistes d’ailleurs, comme aux États-Unis et au Royaume-Uni, car celle-ci aura pour effet d’enrichir ce qui se passe en ce moment dans cette communauté. »
Apprenez-en plus sur l’Orchestre symphonique de l’Île-du-Prince-Édouard (en anglais).