Un homme assis sur un divan a les mains dans les cheveux d’une femme assise sur le plancher devant lui.

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21 février 2024
« Es-tu en amour? » lui demanda-t-il. « Chaque jour. » – Scène 8 de Not That Deep mettant en vedette Cindy Ansah et Jared Herring. Photographe(s) : Ximena Rios - DOP, Misha Maseka - Réalisatrice, Kaly Maseka - Photographe BTS
 

Misha Maseka : Not That Deep

22 février 2024

Une célébration de la communauté africaine des Prairies et de son art

Misha Maseka est une artiste multidisciplinaire établie dans les Prairies. Née en Eswatini de parents zambiens, elle a grandi en Afrique du Sud et en Australie avant de s’installer au Canada durant son adolescence, puis de se lancer dans une carrière en opéra.

Son bagage cosmopolite a toujours orienté son travail d’artiste multidisciplinaire. Comme cinéaste, auteure et musicienne, Misha explore les réalités de la diaspora africaine. Elle a animé un balado, intitulé In Rehearsal with…, où elle tâchait de célébrer le processus plutôt que le résultat final. Misha dirige aussi une société de production, Village Girls, qui cherche à donner de l’importance aux histoires humaines modestes et restées dans l’ombre.

Éternelle « nouvelle venue », elle s’est intéressée à l’altérité, à l’inconfort d’être la seule personne noire dans la pièce et à la notion de « simplicité volontaire ». Ces thèmes donnent le ton à son œuvre sur l’amour et la peine d’amour, un triptyque intitulé Not That Deep.

Une équipe de tournage composée de trois personnes est debout à l’extérieur et discute d’un élément du projet.
La cinématographe Ximena Rios et la réalisatrice Misha Maseka étudient une scène pendant le tournage de Not That Deep. Photographe(s) : Ximena Rios - DOP, Misha Maseka - Réalisatrice, Kaly Maseka - Photographe BTS

Not That Deep

Dans ce projet financé en partie par une subvention du programme Explorer et créer du Conseil des arts du Canada, l’artiste de Calgary envisage la peine d’amour comme une expérience universelle. À quel point les relations et les interactions des gens sont-elles profondes? Ont-elles une influence durable? Ou ne sont-elles tout simplement « pas si profondes que ça » (comme le suggère le titre anglais de l’œuvre)? Misha creuse ces questions au fil de « trois interprétations artistiques d’une même histoire de peine d’amour, de page qui se tourne et de deuil de la vie ordinaire. Je me suis inspirée de la musique et de la poésie que je crée sous mon pseudonyme, Lemba. »

La première interprétation est un poème visuel inspiré de faits vécus. Captée dans la petite ville de Drumheller, en Alberta, elle fait appel à l’imagerie des Prairies, ce qui met la table pour le reste de l’œuvre. La deuxième est un microalbum folk-pop de six pistes produit par Colin Carbonera et lancé sous le pseudonyme Lemba, qui est aussi le second prénom de Misha. « Je joue de la musique sous le nom Lemba, qui signifie “demander”. Quand je veux étudier des zones grises, sur le plan créatif ou spirituel, je m’appelle Lemba », explique-t-elle. La troisième interprétation prend la forme d’un court métrage qui a été largement diffusé (notamment lors de la première et de la fête de lancement à guichets fermés) et qui a remporté le titre de meilleur court métrage et le prix du public au Berlin Short Film Festival. Il a aussi été officiellement sélectionné pour le Festival international du film de Calgary.

Un homme et une femme sont assis ensemble devant un fond blanc et à proximité d’une autre femme, qui est debout.
« Regarde-moi. La façon dont mon regardcherche le tien pour qu’ils soient le pont vers nos âmes. » Scène 4 de Not That Deep, où Lusa rêve de son amoureux, Amir. Photographe(s) : Ximena Rios - DOP, Misha Maseka - Réalisatrice

Une mine de créativité dans l’altérité

Il était important pour Misha que les Prairies – et Calgary en particulier – fassent partie intégrante du projet, pour remettre en question l’idée que la diversité est l’apanage des métropoles de l’Est du Canada comme Montréal ou Toronto. « Ces œuvres témoignent assez directement de mon identité intersectionnelle. Pour la petite histoire, le projet reposait en grande partie sur une volonté de me mettre au défi de raconter un même récit de différentes façons, et d’élargir la perception de l’intimité et des étapes qui nous aident à tourner la page en faisant appel à des corps qui ressemblent au mien dans une ville comme Calgary », précise Misha.

En effet, ce n’est pas un hasard si tous ses collaborateurs et collaboratrices de Not That Deep – devant et derrière la caméra – viennent de Calgary. Soulignons que Misha a travaillé avec la chorégraphe Sabrina Naz Comănescu, la vidéaste Jessica Sanchez et la danseuse Cindy Ansah. Elle souhaitait s’adonner à la création avec des personnes qui s’impliquent dans la communauté artistique de l’Alberta et qui la reflètent, mais qui, tout comme elle-même, ont beaucoup voyagé et viennent d’horizons divers, ayant des attaches un peu partout dans le monde, comme en Afrique du Sud, en El Salvador et en Roumanie, pour ne nommer que ceux-là. Dans une province de l’Ouest canadien qui évoque plus couramment la fracturation hydraulique, le hockey et le Stampede, on trouve un trésor de diversité et de talent artistique.

Not That Deep raconte une histoire universelle dans laquelle toutes et tous, partout, peuvent se reconnaître, mais c’est aussi une œuvre qui met en valeur le talent des artistes formant la scène diversifiée des arts de Calgary. Bien que le récit présenté à l’écran traite de peine d’amour, en tant que projet, Not That Deep se veut plutôt une lettre d’amour adressée à la créativité et à la compétence des personnes qui sont fréquemment traitées comme autres par la société.

Trois femmes sont debout à l’extérieur, emmitouflées dans de chauds manteaux et des couvertures.
Les comédiennes calgariennes Cindy Ansah, Priscilla Cherry et Lowkita entre le tournage de deux scènes de Not That Deep. Photographe(s) : Ximena Rios - DOP, Misha Maseka - Réalisatrice, Kaly Maseka - Photographe BTS