Un triptyque de photos de famille.

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21 novembre 2023
Photos de famille, collection de la famille Howe Family, Gary Weekes.
 

Poèmes et histoire : Thandiwe McCarthy explore la réalité des personnes noires au Nouveau-Brunswick

21 novembre 2023

« Ma grand-mère nous a appris à être braves. »

C’est durant la pandémie de COVID-19 que Thandiwe McCarthy a découvert sa vocation.

Après l’obtention de son diplôme en loisirs et bien-être communautaire, Thandiwe voulait aider les autres à être en bonne santé. Or, quand les mesures de distanciation physique ont mis un frein à ses plans de carrière, il a plutôt décidé d’explorer son propre bien-être.

« J’avais du temps à revendre, explique-t-il. J’ai donc commencé à explorer ma propre identité, ma masculinité en tant qu’homme noir au Canada. »

Féru de la tenue de journal, Thandiwe a couché ses pensées sur papier en cours de route. Ainsi est né son premier livre, qui raconte sa vie de sa naissance à ses vingt ans, intitulé Social Oblivion: Raised Black in Canada* et financé par le Conseil des arts du Nouveau-Brunswick.

Aujourd’hui, Thandiwe réunit tout ce qu’il a appris sur la communauté noire du Nouveau-Brunswick pour créer une anthologie qu’il espère voir devenir un héritage durable. Son projet, qui est à la fois un livre d’histoire, un album photo et un recueil de poésie, a bénéficié du soutien de la composante Recherche et création du programme Explorer et créer du Conseil des arts du Canada.

Trois personnes assises ensemble examinent des documents
Numérisation de documents familiaux historiques au rassemblement de Rose-Marie Sewart. Photographe(s) : Jeannie Rediker

« En remplaçant les essais par la poésie, les rimes, allitérations et métaphores qui rendent les histoires plus intéressantes et émotionnelles, accompagnées de photos de personnes, s’entremêleront dans l’esprit des lectrices et des lecteurs et laisseront leurs traces même après la lecture du livre. »

La poésie est devenue le véhicule par excellence de Thandiwe. Il a toujours écrit des essais et tenu un journal dans un objectif thérapeutique, mais après avoir reçu des mots d’encouragement lors d’un cours pour auteures et auteurs en émergence, il s’est découvert une passion pour l’écriture de poèmes. En seulement trois ans, Thandiwe s’est forgé une solide réputation sur la scène artistique en tant qu’auteur et poète de créations orales.

Par sa poésie, Thandiwe s’efforce de toucher celles et ceux qui vivent des moments difficiles. « Je sais que de la lumière se cache dans chaque personne plongée dans la noirceur. C’est cette lumière que je vise. Je cherche à transpercer ce filtre d’absurdités et ce syndrome de l’imposteur, en espérant que la vibration de mes mots atteigne cette lumière tapie au plus profond d’eux, et que cette dernière s’éveille et affirme sa présence. »

Thandiwe se remémore son enfance, lorsqu’il était le seul élève noir de son école primaire à Woodstock, au Nouveau-Brunswick.

Une grande famille pose pour une photo autour d’un module de jeu.
Sans titre, de la famille Halfkenny – Cooke. Photographe(s) : Gary Weekes

« Ma peau noire n’avait jamais fait partie de mon identité – elle n’était pas non plus un obstacle, honnêtement, révèle-t-il. Ma grand-mère nous a appris à être braves, et à ne pas nous définir par la couleur de notre peau. Elle nous disait toujours : “Vous avez deux pieds et un cœur qui bat. Utilisez-les.” » Malgré tout, il a commencé à découvrir comment son enfance dans une communauté majoritairement blanche l’a affecté et façonné.

L’intérêt de Thandiwe pour son histoire familiale a crû au même rythme que sa conscience de soi. Il se rappelle que sa grand-mère lui a déjà dit qu’il était un Canadien noir de 7e génération, mais il admet ne jamais avoir su que cela signifiait.

Thandiwe a alors commencé à explorer l’histoire de la population noire du Nouveau-Brunswick, et a vite découvert qu’il y avait peu d’information disponible sur le sujet. Nullement découragé, il s’est tourné vers les historiennes et historiens ainsi que les archives publiques et les bibliothèques locales. Encore aujourd’hui, il découvre toujours des pans d’une histoire riche, complexe et largement méconnue, perdue dans ce qu’il appelle « le fossé de l’oubli ».

Une famille de onze personnes pose pour une photographie en noir et blanc.
De la collection de la famille Nash/Tyler.

« Beaucoup de gens ignorent que des familles d’esclaves trouvent leur origine ici, au Nouveau-Brunswick, et que le point le plus septentrional du chemin de fer clandestin se trouve ici aussi. Il n’y a pas d’histoire des personnes noires au Canada sans celle des personnes noires au Nouveau-Brunswick ».

Thandiwe explique : « Je peux rentrer dans une pièce, écouter les gens parler, puis écrire un poème qui interpelle chaque personne présente et le réciter à l’instant. On me demande souvent comment j’y arrive et, sincèrement, je n’en ai aucune idée. Lorsque la muse me parle, j’entends le poème. Ce n’est pas moi qui l’écris ».

Il ajoute que son inspiration lui vient des gens et de leurs histoires. « Si je n’étais pas un membre actif de la société, je ne crois pas que je pourrais coucher quoi que ce soit sur papier. »

Une femme pose, avec un chat, près d’un bâtiment.
Sans titre, de la famille Drummond-Leslie. Photographe(s) : Gary Weekes

Thandiwe McCarthy est un écrivain et poète de créations orales. Son œuvre a été publiée dans AfriCANthology: Perspectives of Black Canadian Poets*. Défenseur de sa communauté, il a cofondé la New Brunswick Black Artists Alliance et a collaboré à la republication d’un livre d’histoire de 1972 intitulé The Blacks in New Brunswick*.

* : pages en anglais seulement