15 février 2022
 

Nous avons besoin de l’art, plus que jamais, mais il n’y a pas d’art sans artistes

15 février 2022
 
 

Billet de blogue du directeur et chef de la direction

Bien que le déconfinement s’accélère, les ravages de la pandémie se font toujours sentir dans tout le secteur des arts. Depuis presque deux ans, le Conseil des arts respecte un équilibre entre le soutien accordé aux organismes et celui destiné aux personnes et aux collectifs qui soumettent un nombre record de demandes pour réaliser des projets de création artistique et littéraire.

Pour la première fois de son histoire, le budget annuel du Conseil va excéder 500 M$ en 2021-2022, notamment en raison des fonds d’urgence liés à la pandémie. Près de 90 % de cette somme est injectée directement dans le secteur sous forme de subventions, de paiements aux autrices et auteurs et de prix remis aux artistes. En combinant les fonds d’urgence reçus du gouvernement et les économies réalisées au niveau de notre propre budget de fonctionnement, le taux de réussite pour les demandes de financement de projets dans nos programmes réguliers cette année s’établit à 47,2 %.

Ce sont des chiffres impressionnants qui témoignent aussi des efforts exceptionnels fournis par nos équipes. Mais, si de nombreux organismes ont reçu un soutien leur permettant de garder la tête hors de l’eau, la situation demeure très précaire pour la scène indépendante. La réalité c’est que malgré tous nos investissements et ceux consentis par les autres ministères et organismes de financement, la majorité des artistes et des travailleuses et travailleurs de la culture vivent des pressions économiques et psychologiques de plus en plus insoutenables.

Alors que de nombreux secteurs se retrouvent aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre, le secteur des arts vit une situation opposée; les gens sont plus que prêts à travailler, mais les projets ne démarrent pas, sont reportés ou annulés en raison des restrictions et des mesures sanitaires. Il en résulte que de nombreux artistes et spécialistes de la production ont quitté le secteur, temporairement ou de façon définitive. Cette saignée est particulièrement forte dans le domaine des arts de la scène.

On entend haut et fort depuis le début de la pandémie que la société a besoin de l’art et de la culture. Mais, ce qui est paradoxal en ce début d’année, c’est de constater à quel point notre société n’a toujours pas mis en place les mécanismes permanents pour soutenir adéquatement ses artistes et celles et ceux avec qui ils collaborent pour créer, produire et diffuser. Pourtant, il n’y a pas d’art sans artistes!

Agir à court et à long terme

Par la force des choses, le Conseil est devenu, depuis le début de la pandémie, bien plus qu’un bailleur de fonds pour ses clients. Nous avons le devoir de nous préoccuper du sort de tous les artistes et travailleuses et travailleurs de la culture et de sensibiliser la population et les autorités pour que leurs conditions de vie et de pratique soient bonifiées quand ils travaillent, mais aussi quand ils ne peuvent pas travailler. Nous nous sommes réjouis quand le gouvernement fédéral a accepté de mettre sur un pied d’égalité les travailleuses et les travailleurs autonomes du secteur des arts à l’occasion du programme de Prestation canadienne d’urgence et de Prestation canadienne de la relance économique. Il faut toutefois convenir que la Prestation canadienne pour les travailleurs en cas de confinement limitée à 300 $ par semaine aggrave le désespoir de milliers d’artistes et de techniciennes et de techniciens qui ne pourront vraisemblablement pas trouver d’emploi avant quelques mois. Nous plaidons pour que le montant maximal de cette prestation soit majoré à 500 $.

Au Canada, comme ailleurs dans le monde, la réflexion est commencée pour modifier les façons de soutenir les arts. La question du filet de sécurité sociale pour les artistes et les travailleuses et travailleurs autonomes du secteur culturel donne déjà lieu à de nombreuses initiatives en Europe, des initiatives que nous suivons de près.

Le Conseil continuera de financer et d’accompagner les organismes du secteur des arts, sans perdre de vue le soutien direct aux artistes et autres travailleuses et travailleurs de la culture, mais il est certain que des améliorations devront être faites à nos politiques culturelles et à nos mécanismes de redistribution de la richesse pour que notre secteur atteigne son plein potentiel.

En terminant, j’aimerais vous inviter à venir parler d’espoir et d’avenir lors de la prochaine assemblée annuelle du Conseil qui se tiendra le 30 mars 2022. Je suis convaincu que tous ensemble, nous arriverons à reconstruire un secteur des arts plus juste, inclusif et résilient qui bénéficiera à toute la société.

Mots-clés Financement