Plus de 350 artistes ont assisté à la Collab du Conseil des arts du Canada à Toronto en juin 2019.
Qu’ont en commun la conception de costumes et les études sur la surveillance?
Ces deux domaines sont honorés par les prix Molson du Conseil des arts du Canada de 2020
Les gagnants de 2020 des prix Molson du Conseil des arts du Canada sont la scénographe Mary Kerr, dans la catégorie des arts, et le chercheur en études sur la surveillance David Lyon, dans la catégorie des sciences humaines et sociales.
Chaque année, le Conseil décerne deux prix Molson de 50 000 $ à deux Canadiens remarquables. Le premier se distingue dans le domaine des arts, et le deuxième, en sciences humaines et sociales. Financés grâce aux revenus d’une dotation de 1 million de dollars accordée au Conseil des arts par la Fondation Molson, ces prix encouragent leurs gagnants à continuer de contribuer au patrimoine culturel et intellectuel du Canada. Le Conseil des arts du Canada administre ces prix en collaboration avec le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).
Nous avons demandé aux gagnants de cette année de commenter leur travail : leurs sources d’inspiration, leurs défis, leurs réalisations, et de nous donner quelques conseils.
Mary Kerr
Le Conseil des arts du Canada remet un prix Molson de 2020 à Mary Kerr pour sa remarquable carrière en tant que directrice artistique dans les domaines du théâtre, de la danse, de l’opéra, du cinéma, de la télévision, des expositions et des événements spéciaux.
Les décors et les costumes sans pareils de Mary Kerr ont été présentés sur scène au Canada et partout dans le monde. Son œuvre se caractérise par une expérimentation avec des concepts architecturaux, des jeux d’échelle, des matériaux inhabituels, des couleurs, des distorsions, l’antiréalisme et des commentaires culturels, souvent satyriques, sur la condition humaine. Elle a travaillé sur près de 275 productions et événements, notamment les XVes Jeux du Commonwealth, en 1994, l’Expo 86, l’émission canadienne de télévision pour enfants Toy Castle, et 28 pièces pour la Danny Grossman Dance Company.
Elle a été élue membre de la Société royale du Canada. Elle est la seule scénographe à avoir remporté cet honneur.
Qu’est-ce qui vous inspire, dans votre pratique artistique?
Albert Einstein a dit : « La créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse ». Cette phrase résume bien ma philosophie de vie. La création est un besoin, un appel à la vie des idées. Je gagne ma vie et je pratique mon art en transformant des idées en imagerie de performance cinétique, pour métamorphoser et guérir mon auditoire. Mon public m’inspire. Ma formation de sculptrice, de danseuse, de majorette, d’écrivaine, de pianiste ainsi que les merveilleux mentors que j’ai rencontrés au cours de ma vie y ont aussi contribué. Marshall McLuhan m’a convaincu que les artistes créent leurs œuvres à travers le prisme culturel du temps. Mon inspiration me vient d’une évaluation des cultures fascinantes et de l’époque où l’on vit.
La création est un besoin, un appel à la vie des idées.
Mary Kerr
Quels obstacles avez-vous surmontés pour arriver là où vous êtes aujourd’hui?
Quand j’ai commencé ma carrière, les femmes concevaient surtout des costumes, pas des décors. J’ai souvent été méprisée par des hommes scénographes qui jugeaient que les femmes n’avaient pas l’expertise technique nécessaire pour concevoir des décors. Même à l’école, il était bien vu de se faire dire des choses comme : « Tu sculptes comme un homme ».
Les metteurs en scène étaient considérés comme les véritables « architectes » des pièces. Or, je suis une créatrice à part entière : une dramaturge sur le plan visuel. Cette approche collaborative s’harmonise avec une conception plus européenne du rôle de scénographe, une approche inhabituelle au Canada.
Mon travail diffère du style de conception anglo-saxon populaire, alors j’avais besoin de metteurs en scène braves pour travailler avec moi. Des gens comme Stephen Katz, Christopher Newton, Keith Turnbull, Brian Richmond et Bill Glasgow.
David Lyon
Le Conseil remet un prix Molson de 2020 à David Lyon pour sa précieuse contribution au domaine des études sur la surveillance.
Formé à l’Université de Bradford, au Royaume-Uni, David Lyon s’est tout d’abord intéressé aux études sur la sécularisation. Il s’est mis à étudier la surveillance et à publier dans ce domaine au milieu des années 1980. Il a écrit 30 livres et de nombreux articles et chapitres de collectifs. Son plus récent ouvrage, The Culture of Surveillance, est paru en 2018. Il a dirigé plusieurs grands projets de recherche collaboratifs sur la surveillance, dont les fonds de recherche totalisaient presque 8 millions de dollars. Ses travaux ont été reconnus partout dans le monde, par l’entremise de bourses, de prix, de récompenses et d’un doctorat honorifique.
David Lyon est le directeur du Centre d’études sur la surveillance de l’Université Queen’s.
Une question classique en entrevue : quelle est la réalisation qui vous rend le plus fier?
Je suis enchanté d’assister à la croissance et à l’épanouissement du Centre d’études sur la surveillance de l’Université Queen’s, et, bien sûr, de l’expansion du Réseau d’études sur la surveillance, partout dans le monde. Les mots « réalisations » et « fier » ne s’appliquent pas tout à fait, parce que je n’ai pas « créé » quoi que ce soit, et si le Centre fonctionne si bien, c’est grâce au travail acharné et au dévouement de bien des collègues, partenaires et étudiants. Mais le fait d’avoir joué un rôle dans ce tout nouveau domaine d’études, lié à des enjeux réels de plus en plus pressants, est un énorme privilège, une grande responsabilité, et une immense source de joie.
Mais le fait d’avoir joué un rôle dans ce tout nouveau domaine d’études, lié à des enjeux réels de plus en plus pressants, est un énorme privilège, une grande responsabilité, et une immense source de joie.
David Lyon
Y a-t-il une chose cruciale que vous avez apprise au fil de votre carrière et que vous aimeriez nous révéler?
J’ai appris qu’il y avait toujours plus à apprendre. Cela me rend pleinement conscient de ne savoir que très peu de choses, en fait. Ce que je connais, je ne le connais qu’en partie. Et le savoir est relationnel, il a des aspects tacites, et il est holistique : tout est connecté – mon histoire et les histoires que je raconte sont liées aux histoires des autres, et ainsi, d’une histoire encore plus grande.
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