Simon Brault

Un manifeste pour les arts au temps du numérique

16 mars 2017

Par Simon Brault

Sommet sur les arts à l’ère numérique
Mars 2017, Montréal

Bonjour à toutes et à tous. Merci d’avoir accepté notre invitation de participer à ce Sommet sur les arts à l’ère numérique. Ce matin, comme sans doute la plupart d’entre vous, j’éprouve un grand sentiment d’excitation et de fébrilité qui s’ajoute à une grande anticipation sur la suite des choses.

Évidemment, au Conseil, ça fait déjà plusieurs mois que nous tentons de préciser le mieux possible les prémisses et les retombées attendues de ce sommet. Et le précieux appui du comité de sages que nous avons convoqués a grandement éclairé notre démarche. Depuis plusieurs mois, nous réfléchissons aux contours du fonds numérique que nous nous sommes engagés à créer à la suite de la confirmation du doublement progressif du budget du Conseil. Depuis plusieurs mois, nous échafaudons des hypothèses; rencontrons des geeks et des artistes technophiles ou non ici et à l’international; débattons sur de nombreuses plateformes; analysons chaque question, chaque commentaire et surtout lisons des études, des rapports, des analyses de sondages et des essais critiques…

Bref, nous avons cherché à délimiter l’espace d’échange et de travail inventif et constructif que pouvait être ce sommet en nous concentrant d’abord sur ce qui relève de notre propre responsabilité – une responsabilité qui est aussi partagée avec d’autres instances de financement public et j’en profite d’ailleurs pour saluer la présence de plusieurs de leurs leaders.

Nous avons voulu que le Sommet porte sur la création, le rayonnement et, surtout, le partage de l’art avec nos concitoyens.

Comme nous l’avons annoncé, nous avons choisi de ne pas mettre l’accent sur la pratique des arts numériques qui seront soutenus et reconnus comme une discipline à part entière dans notre nouveau modèle de financement qui débute dans quelques semaines.

Nous avons surtout choisi d’écarter d’emblée les grands débats sur les enjeux légaux et réglementaires, sur les modèles de financement à repenser à l’ère du capitalisme 3.0 ou sur les demandes légitimes et documentées pour un véritable accès à internet à la grandeur du territoire.

Évidemment, tout cela est extrêmement important, préoccupant et urgent, mais cela est déjà traité dans de nombreux forums de consultation, déjà débattu avec compétence dans des conférences locales, nationales et internationales et déjà considéré et soupesé par nos gouvernements, pendant que les monopoles et les nombreuses entreprises du numérique annoncent des décisions ou lancent des nouveautés technologiques qui changent constamment l’état des lieux.

Évidemment, nous devons tenir compte du contexte dans lequel le secteur des arts évolue. Nous devons être constamment à l’affût. Nous devons et devrons composer avec les initiatives actuelles et futures des gouvernements et des partenaires publics et privés.

Nous devons aussi toujours tenter de mieux comprendre les effets créés par l’effondrement continu des modèles de distribution, de consommation et de fréquentation que nous tenons encore, et à tort, pour acquis.

Aujourd’hui et demain, ce que nous vous proposons, c’est d’imaginer ce que nous pouvons faire de mieux et de plus structurant ̶ à court et moyen terme ̶ pour que la création artistique passée, actuelle et surtout à venir demeure vitale, diversifiée, forte, libre, possible, partagée, capable de prendre des risques, appréciée et hautement signifiante pour les individus, pour les communautés et pour notre société.

 Simon parle à Sommet sur les arts à l’ère numérique

Nous vous proposons un partage effectif de responsabilités dans une perspective pragmatique à partir de ce que nous sommes et de ce que nous représentons comme secteur.

Nous sommes maintenant prêts à vous entendre, à développer avec vous des idées, des approches, des avenues, des projets, des coalitions, des réseaux et des collaborations pouvant être financés et mis en œuvre au cours des 4 prochaines années afin que l’art continue à se frayer un chemin fréquenté au temps du numérique.

Nous venons à ce sommet sans pouvoir ni vouloir en prédire les résultats. Nous acceptons que l’horizon numérique soit en grande partie insondable; nous considérons qu’il faut faire preuve d’humilité et d’ouverture et, surtout, nous sommes persuadés qu’il faut combattre le fatalisme en mobilisant nos intelligences et nos volontés de défendre ce à quoi nous tenons le plus : notre liberté de créer de l’art dans ce pays et de refaire le monde une émotion à la fois.

Pour lancer ce sommet, nous avons donc pensé vous indiquer là où nous en sommes, en réitérant nos valeurs et nos choix fondamentaux et en tentant de recadrer les questions qui nous semblent les plus pressantes.

C’est un genre de manifeste que je vous propose ce matin. Une déclaration au fil de départ, une série de repères possibles pour lancer nos travaux dont les conclusions nous appartiendront toutes et tous.

Manifeste pour les arts au temps du numérique

La révolution numérique qui s’accélère sans cesse depuis le tournant des années 2000, nous interpelle, nous inquiète, nous fascine, nous bouscule, nous exclut, nous rallie, nous inspire, nous appauvrit, nous déçoit ou nous galvanise.

Tous les secteurs de la société, tous les aspects de la vie humaine et tous les territoires sont touchés. Un nouveau modèle de civilisation s’impose avec fracas.

Probablement pour la première fois, l’enjeu central de ce modèle civilisation est la place que l’être humain pourra continuer d’y occuper.

La progression incessante et relativement sournoise des capacités qu’ont les algorithmes d’influencer et même de remplacer une partie sans cesse grandissante de nos pouvoirs de décision remet en question la notion même de libre arbitre.

La volonté de maîtriser et de rentabiliser toujours plus la technologie, conduit à reproduire la vie réelle jusqu’à l’organisation biologique, le séquençage des gènes, des chromosomes ̶ voire du génome complet ̶ et même des attributs du cerveau humain. Comme si la maîtrise sans cesse plus poussée de la technologie allait nous permettre non seulement de tout prédire, mais aussi de prévoir, de prévenir et de corriger les maladies, les accidents et les fatalités. Comme si la technologie allait nous permettre de vivre en échappant aux imperfections et aux mystères de la condition humaine. Pour le meilleur et pour le pire.

Un poète italien a déjà écrit que l’art est bien la preuve que la vie ne suffit pas. Puisque la technologie continue à vouloir régir nos vies au point de nous en aliéner, l’art est sans doute appelé à devenir la véritable preuve que la technologie ne suffit pas.

Avant d’en être dessaisi et pour empêcher cette aliénation, utilisons notre capacité et notre pouvoir de faire des choix :

  • Pour ne pas devenir les touristes des ruines de notre passé.
  • Pour que les diktats des géants du numérique ne formatent pas unilatéralement la création et le partage de l’art
  • Pour contrer la déshumanisation du numérique et la déshumanisation par le numérique
  • Pour que l’art et la culture restent au cœur du destin de nos semblables comme un ancrage de société et de civilisation
  • Pour que nous puissions être les acteurs solidaires d’un avenir dont nous refusons d’être bannis

Et c’est bien de solidarité dont il est question ici. D’une solidarité à bâtir en ne niant pas les divergences ou les nuances de point de vue, mais en misant fortement sur les valeurs partagées et les convergences majeures qui transcendent nos conditions spécifiques, nos pratiques, nos contextes, nos échelles organisationnelles, nos moyens, nos horizons disciplinaires.

Sous des allures de hackathon, les sessions, conférences, ateliers et bibliothèques humaines du Sommet nous invitent à remiser l’esprit de compétition qui nous fait trop souvent carburer et à partager le sentiment de l’urgence d’agir ensemble ici maintenant. Ici, maintenant et demain, car la communauté que nous formerons à la fin de ce sommet est aussi appelée à être celle de la continuation. Ce sommet n’est que le début de notre campagne pour inscrire davantage et d’une façon durable les arts au cœur de la société numérique. N’en concevons pas la fin, car ce serait là sous-estimer notre capacité à nous réinventer et ce serait renier la place que doit occuper l’innovation dans nos discussions et nos actions. La communauté artistique professionnelle doit pouvoir s’adapter et ajuster ses modes de fonctionnement à l’occasion de la plus grande mutation sociale qu’elle a connue.

Le glas de la méritocratie

Aujourd’hui, il est moins une. Des systèmes et des secteurs d’activités entiers implosent parce que les prémisses sur lesquelles ils reposaient n’existent plus. Les frontières et les marqueurs traditionnels que sont, par exemple, les nations ou les disciplines s’estompent. Les intermédiaires – diffuseurs, distributeurs, médiateurs – sont visés et souvent déclassés par des plateformes dont les algorithmes imposent une quasi-invisibilité de certains contenus, et minent tout particulièrement la diversité des contenus.

Comme le constate le philosophe Éric Sadin dans la Silicolonisation du monde: « l’interprétation industrielle des conduites est devenue le principal pivot de l’économie numérique». Opaque, inégalitaire et efficace, le nouveau modèle de consommation confond consommateur et contenu. La relation au contenu ou au produit a plus de valeur que le produit ou le contenu lui-même. La rémunération des créateurs est souvent une peau de chagrin.

Le carburant des algorithmes – les traces que nous laissons souvent inconsciemment sur nos écrans ou en manipulant des objets – fait avancer le capitalisme numérique en piétinant la pensée critique, la créativité, la découverte, la diversité et même la vérité. Comme l’écrit Dominique Cardon dans son essai À quoi rêvent les algorithmes2 : « …la fabrication de la popularité numérique est désormais versatile, brusque et déroutante. Elle privilégie la synchronisation, le mimétisme et l’obsolescence programmée. »

Les plateformes numériques de distribution sonnent le glas de la méritocratie et de la diversité. On pourrait croire que leur objectif ultime est le degré zéro de l’imagination et du discernement. Il est moins une pour la communauté artistique, et celle-ci doit refuser de suivre le convoi que mènent ces géants pendant qu’elle en a encore le loisir et les moyens.

Tirons des leçons de la crise qui frappe les médias pour qui il est beaucoup plus tard qu’il ne l’est pour notre propre secteur. Nous serions avisés de prendre acte de leur réalité, parce que l’information est un acte de communication, très près du nôtre. Le secteur des communications est contigu au secteur de la culture.

Aujourd’hui, la fonction civique des médias de critiquer, de rapporter des faits, de les analyser et de nous en informer se perd dans un débat public hors de leur contrôle, un débat où la participation superficielle de la multitude l’emporte sur la saine critique informée, quand elle ne l’emporte pas sur la véracité des faits. Dans la course à la technologie à laquelle se livrent les médias – plateformes, commentaires, chaînes d’info continue, chaînes spécialisées et autres –, l’objectivité et le professionnalisme journalistiques se retrouvent confrontés aux attentes d’un public intoxiqué par la rapidité des réseaux et avide de celle-ci. S’ajoutent à cela les défis financiers dus, en majeure partie au morcellement des revenus, sinon à la disparition de sources de revenus comme les petites annonces pour les journaux. Dans Le miroir éclaté, qu’a publié Le Forum des politiques publiques en janvier dernier, Edward Greenspoon, président-directeur général du Forum, disait en conclusion : « [A]près deux décennies de crise existentielle, le monde de l’information est en péril et le ciment social que je connaissais dans ma jeunesse a perdu sa force. »

Sans entrer dans toutes les complexités de la situation des médias et, ultimement, des conséquences de l’absence d’une information de qualité sur la démocratie, il faut noter que la confiance du public envers ces derniers subsiste encore et toujours malgré les erreurs qui ont été commises.

D’ailleurs, pas plus tard que le 25 février dernier, Philippe Papineau du Devoir rapportait une hausse des abonnements et des auditoires radio pour les médias américains ayant opté pour une couverture politique qui privilégie l’enquête de fait plutôt que la recherche de sources. C’est encourageant.

Retenons de la dérive des médias, la stérilité de s’embarquer dans une compétition technologique qui se compte à coup de clics. Retenons aussi l’importance cruciale de susciter l’engagement du public, dans cet acte de communication et de partage que sont ultimement les arts et la pratique artistique; et, enfin, retenons la nécessité de ne pas s’enliser dans des modèles en fin de course ou dépassés, de vouloir les reproduire par habitude ou de les maintenir par dogmatisme.

Le véritable questionnement au sujet du numérique, c’est ultimement un questionnement sur le caractère essentiel de sa propre fonction pour le développement humain. Pour cela, il faut s’affranchir tant de la pensée magique à l’égard des technologies que de la rigidité de nos habitudes et modèles prénumériques.

Le pari de l’imprévisibilité

Évidemment, le contenu artistique n’est pas en soi codifié ou prescriptible. Il se renouvelle constamment; c’est là la nature même de la création.

Mais l’un des grands dangers de la codification des arts réside notamment dans sa conformité aux paramètres que lui imposent les bailleurs de fonds. Et le Conseil des arts du Canada a fait bonne figure pour imposer des paramètres. Ainsi, la communauté artistique s’est longtemps conformée aux multiples exigences de nos centaines de programmes. Qui plus est, surtout à partir des années 1970, l’engagement avec le public a fait figure de grand absent ou de parent pauvre de nos objectifs pour le développement des arts. Un vrai tour de force pour un organisme public qui a des responsabilités sociales et dont la légitimité et la pertinence reposent sur l’exercice de ses responsabilités!

Pendant près de 5 décennies, nous avons grandement favorisé l’avancement des arts presque en vases clos. Ce mea culpa n’est pas le constat de l’absence de résultats. Loin de là! La scène artistique est plus que jamais dynamique, diversifiée et vibrante. Nos investissements ont donc été profitables. Mais le modèle de financement normatif et autoréférentiel du Conseil des arts n’est plus viable en 2017. La suite des choses à l’ère numérique exige collaboration et leadership partagé et, par-dessus tout, un anticonformisme à tous crins.

Nous devons ensemble saisir toutes les occasions pour mettre au cœur de notre société la contribution fondamentale des arts à la culture, à la démocratie, à l’émancipation des individus et des groupes marginalisés, discriminés ou exclus, à la réconciliation entre les peuples autochtones et non autochtones, à la cohésion sociale, à la diversité, à l’éducation, à l’environnement, au développement économique, au commerce et à la diplomatie publique. Cette contribution doit être comprise, amplifiée et soutenue à long terme.

À l’ère du numérique, le soutien public aux arts doit redevenir un véritable projet de société défendu non seulement par les artistes et les organismes de financement, mais aussi par les citoyens et les diverses instances de la société civile qui le considéreraient comme un poumon du développement humain.

Une communauté de l’innovation

L’innovation a la cote dans les discours technolibéralistes dont nous sommes abreuvés jusqu’à plus soif depuis quelques années. Mais il ne faudrait surtout pas confondre l’innovation réelle avec la concrétisation de la dernière meilleure idée qui exploite les technologies disponibles. Une application n’est souvent pas une innovation…c’est quelques fois une bonne idée!

Comme on dit : ce n’est pas en améliorant la bougie qu’on a inventé l’ampoule électrique qui était à la fois une invention et une innovation.

Le numérique favorise des innovations de rupture, des disruptions. Et comme le rappelle l’écrivain et philosophe Éric Sadin : « La disruption ne découle pas d’une volonté, mais relève d’une conséquence ». L’innovation de rupture est une innovation qui aboutit à la création d’un nouveau marché, radicalement différent de ce qui existait. Elle consiste en un changement radical de concept pour les clients qui leur apporte des bénéfices supérieurs à un coût inférieur. Contrairement aux apparences, l’innovation de rupture se base très souvent sur des technologies existantes et éprouvées. La disruption est davantage une conséquence qu’une intention. C’est Netflix quoi !, qui ne propose essentiellement rien de plus qu’une nouvelle agrégation de contenus produits conçus ailleurs et par d’autres. C’est un modèle qui est déjà convoité par d’autres géants et qui sera inévitablement remplacé par une autre innovation de rupture.

Ne confondons pas création et innovation. Nous avons besoin des deux en ce moment dans notre société.

Si le secteur des arts recèle d’une capacité de création immense et illimitée, il doit aujourd’hui augmenter sa capacité et sa volonté d’innover.

La bonne nouvelle, c’est que la création véritable et l’innovation authentique puisent à la même source : celle l’imagination et de l’invention. Il nous faut répondre aux disruptions facilitées par le numérique en innovant à notre tour, en proposant des changements radicaux d’expérience et des bénéfices supérieurs pour les citoyens. (« nos clients »)

Refusons le confort de la conformité à des règles que nous avons nous-mêmes édictées ou adoptées en d’autres temps. Renforçons ce qui nous définit pour mieux nous affirmer, pour mieux communiquer, pour mieux susciter l’engagement du public envers les arts.

Les avancées et les disruptions du numérique nous donnent des occasions pour innover. Nous avons en ce moment des moyens pour le faire dans nos propres termes, profitons-en avant qu’il ne soit trop tard.

Libérés de l’obsession de la technologie pour la technologie et de nos certitudes prénumériques en matière de partage de l’art, dotons-nous d’une pensée numérique progressiste, humaniste et éthique.

Du même souffle, dotons-nous d’une gouvernance numérique qui favorise l’équité, l’engagement, la diversité, la transparence, l’ouverture, l’agilité, la primauté des droits et la responsabilité d’un développement humain durable.

Dans leur ouvrage L’Homme nu3, Marc Dugain et Christophe Labbé écrivaient : « En externalisant notre mémoire, nous risquons d’altérer une qualité purement humaine, l’imagination, puisque cette dernière se nourrit du vécu émotionnel gravé dans nos cerveaux. Les données et les automatismes n’ont jamais fait un être humain. Ce qui constitue notre humanité, c’est indubitablement la conscience, les idées, la création artistique, les rêves. L’information certes, mais en extraire la connaissance et, mieux, la sagesse, ce qu’aucun algorithme ne peut extraire. Le super calculateur Exascale qui consommera en électricité l’équivalent d’une ville de 30 000 habitants, quand notre cerveau se contente d’un million de fois moins d’énergie, ne sera jamais capable d’inventer la théorie de la relativité, d’écrire Guerre et Paix ou de composer la Flûte enchantée. »

C’est un peu dans cet esprit de retour aux sources de la création artistique que nous avons pensé le Sommet et le fonds numérique dont ma collègue Sylvie Gilbert vous présentera les grandes lignes dans quelques minutes.

Un regard critique

Comment déterminerons-nous le succès de notre entreprise? Dans L’âge de la multitude4, Nicolas Colin et Henri Verdier expliquent que « La multitude est désormais la clef de la création de valeur dans l’économie. Qui sait susciter, capter et redistribuer la créativité de la multitude peut devenir un géant de l’économie numérique. Qui accepte et nourrit la multitude peut gouverner avec une efficacité jamais atteinte. À l’inverse, qui ne voit pas que l’essentiel de l’intelligence et de la puissance est en dehors de son organisation risque de se faire balayer par les champions de l’économie numérique : ceux qui, par des innovations radicales, font alliance avec la multitude. La multitude est devenue la clef du succès des organisations. Elle est la richesse des nations d’après la révolution numérique. »

Il faut viser à mobiliser à notre façon cette multitude et non s’y perdre. À cette fin, il faut avoir une compréhension claire des mécanismes de la société numérique dans laquelle nous évoluons.

Retrouvons l’essentiel. Trouvons des façons de nous adapter au numérique et d’en maîtriser les avantages pour pouvoir continuer de créer, de produire et de partager du sens, de la valeur, de la pertinence et de l’utilité existentielle.

Cela dépasse les capacités de chacun de nous, mais cela est à la hauteur de notre communauté.

Merci

Éric Sardin, La Silicolonisation du monde : l'irrésistible expansion du libéralisme numérique, Éditions l’échappée, Paris, 2016.
Dominique Cardon, À quoi rêvent les algorithmes. Nos vies à l'heure: Nos vies à l'heure des big data, Seuil, Paris, 2015.
Marc Dugain et Christophe Labbé, L' homme nu : la dictature invisible du numérique, Plon, Paris, 2016.
Nicolas Colin et Henri Verdier, L’âge de la multitude : Entreprendre et gouverner après la révolution numérique, Armand Colin, Paris, 2015.

Portrait - Simon Brault 2014
Simon Brault, O.C., O.Q.

Directeur et chef de la direction

Simon Brault est directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada. Auteur du Facteur C : l’avenir passe par la culture, un essai sur l’avancement des arts et de la culture dans l’arène publique, il a participé activement à d’importantes initiatives, notamment à l’Agenda 21C de la culture au Québec. Instigateur des Journées de la culture, il a aussi été membre fondateur de Culture Montréal et, de 2002 à 2014, président élu de l’organisme. En 2015, l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec lui remettait le prestigieux prix Hommage pour avoir réussi « à réunir deux univers que tout opposait auparavant, les arts et le milieu des affaires, une union des plus profitables pour l’ensemble de la société ». Suivez Simon Brault sur Twitter : @simon_brault

Mots-clés Numérique Discours