La cérémonie d’ouverture
: en grandes petites pompes
La cérémonie d’ouverture : Les Jeux de La Francophonie
Depuis deux ans, le Conseil des arts du Canada a grandement accru sa présence dans les médias sociaux et compte bien rejoindre de plus en plus les jeunes si présents dans ces réseaux. Évidemment, la culture, dans la vie comme dans l’univers virtuel, se propage de bouche à oreille, à coups de J’aime et de Je partage. Cette année, le Conseil, en collaboration avec le Patrimoine canadien, entend parler encore plus haut et fort des jeunes artistes qui se lancent sur la scène internationale par le biais des Jeux. Suivez‑nous, partagez les histoires de ces jeunes plein de talents - tels que Marie Beland, Stéphane Guertin et Supernaturalz. Merci Guillaume de nous secouer dans notre francophonie et de nous dire : sur la scène internationale, nous brillons, l’avez-vous remarqué?
Quand j’apprends que ma nouvelle Les effets secondaires a été sélectionnée pour représenter le Canada à Nice aux Jeux de la Francophone, en 2013, je sors tout juste de l’École nationale de théâtre du Canada. Je me réjouis en me disant que cela représente sans doute une occasion de me faire connaître outre-mer.
À mes amis, j’apprends fièrement la nouvelle.
— Tu vas aux quoi?
— Au jeux de la Francophonie!
— Jamais entendu parlé.
— Ah non ? Non, en fait moi non plus, c’est vrai, mais quand même… c’est super, tu ne trouves pas ?
Cette nuit-là, je ferme les yeux et je m’imagine devant une foule en délire au Stade olympique de Londres.
Arrivé à Nice, j’enfile mon uniforme aux couleurs du Canada en vue de la cérémonie d’ouverture.
Sur la place Masséna, j’agite mon petit drapeau et je salue la modeste foule venue applaudir les participants. Très peu de gens se sont déplacés. Aussi le décor paraît très humble à côté de l’extravagance olympique que je m’étais imaginée.
Sur scène, les pays continuent de se succéder. Bien sûr il y a la France, la Suisse et la Belgique, mais l’Arménie ? La Bulgarie ? Mais surtout, les îles Vanuatu ? Je ne savais rien à propos des Jeux, c’est vrai, mais je n’ai aucune excuse de connaître si peu la francophonie !
La Francophonie : connais pas !
Je me suis souvent plaint de l’isolement culturel du Québec. Je disais que, perdue au milieu d’un océan anglophone, entre le Canada anglais et les États-Unis, la Belle Province bénéficierait grandement d’une plus grande ouverture du monde francophone à ses productions, sinon condamnées à un marché de quelque six millions de personnes.
Mais là, je me rends compte que je prenais le problème à l’envers. Comment pouvais-je exiger de la francophonie qu’elle s’intéresse à moi alors que je ne m’étais jamais ouvert à elle ?
La rencontre des autres
Le soir, plusieurs participants se retrouvent sur les galets, face à la Méditerranée. Jusqu’aux petites heures du matin, nous discutons en buvant du vin. Je suis heureux d’écouter Cosmin Perta, de la Roumanie, expliquer pourquoi il a choisi d’écrire son délire kafkaïen en français, Edgar Kosma, de la Belgique, me décrire ses projets de bande dessinée et de roman protéiforme à propos du monde du travail, Valérie Cachard, du Liban, me raconter que, chaque fois qu’elle quitte le pays, son père lui fait promettre de ne pas rentrer si la guerre éclate…
C’est vrai que, sans les participants, il n’y aurait eu personne à la cérémonie d’ouverture. Nous étions entre nous. L’objectif de ces Jeux n’était peut-être pas d’assurer notre rayonnement, mais de nous permettre de nous rencontrer.
J’ai finalement remporté la médaille d’or. En rentrant à Montréal, je n’ai pu m’empêcher de me googler. Aucun média ne faisait mention de mon triomphe : la vérité, c’est que ça m’est égal. Deux ans et demi ont passé depuis et, chaque fois que je vais en Europe avec une de mes pièces de théâtre, je retrouve mes amis avec qui j’ai bu du vin sur le bord de la Méditerranée au mois de septembre.