Une semaine dans ma vie
Carissa Klopoushak est l’une des gagnantes du dernier concours de la Banque d’instruments de musique du Conseil des arts du Canada (BIM). En 2013, elle a participé au concours en d’obtenir le prêt du violon Jean Baptiste Vuillaume de 1869 (avec l’archet de modèle Vuillaume) de la Banque d’instruments pour trois ans. Elle remettra l’instrument à la Banque cet été, afin que d’autres musiciens puissent courir la chance de l’obtenir pour repousser leurs limites créatives, devenir concurrentiels sur la scène mondiale et faire valoir leurs talents aux publics du Canada et de l’étranger.
Ce billet nous présente une semaine dans la vie de Carissa, sa relation avec l’instrument et les répercussions de cette aventure sur sa carrière.
Nous pouvez suivre Carissa sur son site Web ou sur Twitter @cklopoushak.
Dimanche 8 mars 2015
C’est dimanche matin, et je me rends à Montréal pour quelques jours de montage. Avant de prendre la route, je sors mon Vuillaume et joue les œuvres pour violon de Bach, mes pièces de prédilection quand j’ai peu de temps pour répéter.
J’adore conduire sur l’autoroute. C’est le meilleur moment pour réfléchir, écouter de la musique et nourrir sa créativité. (En passant, en tant que Saskatchewanaise, je crois que le passage à l’heure avancée me nuit, même si je vis depuis huit ans dans le fuseau horaire de l’est, je n’arrive pas à m’y faire et je me sens crevée et amorphe.) Je suis arrivée à Montréal saine et sauve (à force de cafés!) et j’ai rencontré Barbara Scales mon agente. Nous travaillons ensemble depuis sept mois maintenant, et mes réunions avec elle m’inspirent et m’énergisent.
Après plusieurs autres cafés dans le Mile-End, je suis allée rencontrer Jeremy Tusz aux studios de Diapason Mobile pour amorcer le processus de mixage de mon prochain album. À la fin de décembre, j’ai enregistré des pièces pour violon et piano avec mon bon ami Philip Chiu, et Jeremy travaillait à la console. L’album compte trois sonates écrites par Janáček, Debussy et Healey Willan, toutes composées à trois ans d’intervalle, et deux œuvres plus courtes de Pat Carrabré et Claude Vivier. Le lancement aura lieu cet automne. J’ai hâte de faire entendre le produit fini!
Nous avons commencé par écouter tous les enregistrements de la Pièce pour violon et piano de Claude Vivier. Le processus de mixage est vraiment captivant! J’ai trouvé fascinant de consacrer du temps à l’écoute critique et au choix des meilleurs enregistrements (ou des plus intéressants). J’ai été surprise de constater la variété de choix d’interprétations qui pouvaient être effectuées même après avoir joué toutes les pièces! Dans l’œuvre dynamique de Vivier, nous pouvions explorer beaucoup de niveaux d’intensité, de couleurs différentes et de possibilités sonores sur nos instruments. J’ai vraiment aimé l’expérience d’enregistrer des pièces avec le Vuillaume, d’avoir accès à sa pureté sonore et à sa profondeur… Le fait d’écouter à nouveau les enregistrements m’a fait prendre conscience du privilège d’avoir un tel instrument. J’ai également appris que le mixage exigeait beaucoup – énormément – de concentration. Alors, Jeremy et moi avons pris une pause bien méritée pour dîner au Nouveau Palais et nous avons établi un plan de match pour attaquer avec succès la deuxième journée.
Lundi 9 mars 2015
Ce matin, je me suis réveillée fraîche et dispose, encouragée par les progrès réalisés la veille. J’ai passé une agréable soirée avec ma grande amie (et ancienne colocataire) Andrea et j’ai dormi chez elle. Nous avons bu une bière ou deux, et j’ai joué avec Kali, son Golden Doodle! Rien de tel qu’un chiot qui se blottit contre soi, n’est-ce pas? Après un bon déjeuner, je suis retournée au studio de Jeremy pour entreprendre la deuxième journée de mixage. Nous avons décidé de commencer par la sonate de Janáček et nous avons passé l’avant-midi à travailler sur les premier et troisième mouvements.
J’ai trouvé le processus particulièrement intéressant en raison du caractère rhapsodique de l’œuvre. J’ai pu choisir parmi de nombreux et excellents enregistrements (et quelques-uns sans valeur). Chacun avait sa propre saveur. Beaucoup consistaient en des interprétations complètes enregistrées dans le moment présent. Le processus de mixage permet donc de créer une version idéale/perfectionnée de ces enregistrements, en prenant les meilleures parties ou les plus intéressantes et en les combinant en une seule interprétation.
Par exemple, la sonate de Janacek s’ouvre par l’éclat d’un solo de violon suivi d’une très longue ligne musicale ininterrompue. J’ai vraiment pris plaisir à choisir l’interprétation qui ouvrirait le mieux le mouvement (et, dans le présent cas, l’album) et refléterait le caractère du moment.
L’ensemble du processus d’enregistrement est très intéressant et complexe. J’ai commencé par élaborer une proposition de programme, m’assurer du concours de Phil et Jeremy en trouvant trois jours consécutifs dans nos horaires (très différents) et organiser des concerts préparatoires. Nous avons enregistré pendant trois jours, juste avant Noël, et laissé les résultats mariner un peu, et voilà, nous y sommes! Hier et aujourd’hui ont été nos premiers jours de mixage. Jeremy et moi allons poursuivre le processus au cours des deux prochains mois. Nous espérons que tout sera mixé et gravé d’ici juin ou juillet, ce qui laissera suffisamment de temps pour produire les exemplaires, imprimer les pochettes et sortir l’album au début de l’automne.
Cette semaine sera très chargée. L’Orchestre du Centre national des arts (dont je suis membre à temps plein) présente un enlevant programme d’œuvres de Ravel et de Beethoven, j’interprète une œuvre de musique nouvelle sur scène avec la troupe invitée LA Dance Project et j’ai quelques réunions et appels téléphoniques prévus pour organiser mes projets. Je suis aussi vraiment enchantée d’interpréter de la musique de chambre en fin de semaine! Je fais jouer ma sélection musicale et je prends la route de retour à la maison vers Ottawa.
Mardi 10 mars 2015
Ce matin, je suis allée à la répétition des œuvres du prochain programme de l’Orchestre du CNA (OCNA), soit la Symphonie pastorale de Beethoven, le Concerto pour piano en sol majeur et le ballet Ma mère l’oye de Ravel. Au cours des dernières semaines, j’ai constaté que le Vuillaume produisait un son un peu sec et feutré. Après la répétition, je l’ai donc amené faire une cure du printemps sous forme de massage de l’âme. Je trouve incroyable qu’un ajustement d’un millimètre puisse augmenter l’amplitude et la résonnance d’un instrument et le rendre plus facile à jouer. C’est curieux comme ce petit ajustement (en fait, énorme ajustement) me touche. Je me demande toujours si j’ai oublié comment produire un beau son, etc., mais, par la suite (heureusement), je me rends compte que ce n’est pas SEULEMENT ma faute. #musicianproblemz
Après avoir fait ajuster l’âme de mon violon, je suis retournée à la maison et j’ai envoyé quelques courriels sur l’album et le petit festival de musique de chambre, intitulé Ritornello, que j’organise à Saskatoon, ma ville natale. Nous en sommes aux étapes finales de la programmation et de l’embauche des artistes de 2015 et nous planifions une soirée de lancement vers la mi-avril.
J’ai un peu pratiqué cet après-midi. Un de mes plus grands défis consiste à trouver du temps pour m’exercer pour le plaisir ou pour jouer des œuvres musicales que je n’ai pas besoin d’apprendre pour une répétition particulière. Certains jours, je cours au plus pressant – je règle d’abord les choses les plus urgentes. Je suis certaine que tout le monde vit ce genre de recherche d’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle.
Ce soir, je retourne au CNA me préparer pour un type différent de concert. La troupe LA Dance Project est en ville pour interpréter une soirée de danse contemporaine et je vais jouer sur scène avec les danseurs demain soir. Mais je vous en dirai plus demain! En route vers le CNA, je me suis arrêtée au bureau du Festival international de musique de chambre d’Ottawa pour signer un contrat pour un concert que je donnerai le 1er avril avec ma grande amie et collègue de l’OCNA, Julia MacLaine. Ce soir, nous allons nous rencontrer pour prendre un verre et discuter de la programmation.
Mercredi 11 mars 2015
Ce matin, nous avons répété plus intensément le programme du CNA en travaillant avec le pianiste soliste Inon Barnatan. En jouant le ballet Ma mère l’oye de Ravel ce matin, je me suis demandé si les instruments expérimentaient l’équivalent de « ressentir une affinité » pour la musique de leurs lieux d’origine… Je sais, cela peut sembler étrange. Mais, il semble que le Vuillaume ait été conçu pour produire les sons requis pour interpréter cette musique. Il existe peut-être un lien. Encore aujourd’hui, j’ai consacré du temps à envoyer des courriels – cette fois pour organiser un prochain récital à Régina et une courte séance d’enregistrement avec clavecin à Ottawa, ainsi que pour louer des musiques pour le Ritornello.
Ce soir, j’ai eu la chance unique d’interpréter de la musique de danse contemporaine sur scène avec la troupe LA Dance Project. Ils ont effectué une tournée en ville et interprété un ballet intitulé Moving Parts, dont la musique a été composée par un de mes compositeurs vivants préférés, Nico Muhly. Écrite pour clarinette [amplifiée], violon et orgue, l’œuvre se compose de quatre parties. Lors de la première, l’orgue a été joué par le compositeur. Par la suite, la partie de l’orgue a été préenregistrée sur une piste qui comporte aussi une piste rythmique pour aider les deux musiciens qui jouent sur scène à se coordonner avec l’orgue. Mon ami et collègue de l’OCNA, Sean Rice (clarinette), et moi avons préparé nos parties séparément et avons ensuite rencontré les danseurs et l’équipe technique pour répéter avec la piste d’enregistrement de l’orgue pour la première (et seule) fois hier soir. L’œuvre est vraiment remarquable – les parties de violon et de clarinette sont souvent en canon (le même motif mélodique répété, dans ce cas-ci, à un intervalle d’un temps) et le son de l’orgue s’intensifie ou s’amenuise constamment. L’œuvre nous a posé problème sur le plan logistique. Nous devions ajuster les écouteurs à l’amplification, intégrer nos parties à la piste de l’orgue, à la piste rythmique, aux mouvements des danseurs et nous coordonner entre nous sur scène – bref, rien que nous ne pouvions surmonter!
Je n’avais jamais joué sur scène avec des danseurs auparavant et j’ai adoré l’expérience! Les danseurs, aimables et bienveillants, ont vraiment été heureux que nous ayons joué sur scène avec eux. J’ai été très heureuse de rencontrer cette merveilleuse troupe et de travailler avec elle. Si je reviens à mes réflexions antérieures sur les instruments et la musique avec laquelle ils pourraient « avoir des affinités », je me demande en quoi le fait de jouer une musique nouvelle comme celle-là, si étrangère aux oreilles de Vuillaume, cadre avec cette idée. Je crois que, en fin de compte, une musique est une musique et qu’elle s’adresse à tout le monde, peu importe l’époque.
Jeudi 12 mars 2015
Après avoir bu mon café du matin, je me suis rendue au foyer pour répéter avant la répétition générale de l’OCNA. Matthias Pintscher est le chef d’orchestre invité cette semaine et beaucoup d’entre nous ont hâte aux représentations. Après le dîner, j’ai rencontré les autres membres de mon quatuor à cordes (nouvellement formé) pour une courte répétition pour cordes seulement du fameux quintette pour piano de Dvořák. Le quatuor comprend la violoniste Jessica Linnebach, la violoncelliste Julia MacLaine, l’altiste David Marks et moi – tous des musiciens de l’OCNA. Notre première représentation ensemble a eu lieu au Mercury Lounge, situé dans le quartier Marché By à Ottawa, dans le cadre d’une série lancée récemment, intitulée Les sessions WolfGANG.Nous avions interprété de nouveaux quatuors composés par Esa-Pekka Salonen et Ana Sokolovic. Des œuvres magnifiques! Ce sera sympa de passer à autre chose et de jouer des pièces de Dvořák. Le pianiste soliste de cette semaine, Inon Barnatan, s’est joint à nous pour interpréter l’œuvre dimanche. La pratique d’aujourd’hui a vraiment été agréable – nous avons coordonné nos mouvements d’archets et essayé différentes interprétations musicales, ce qui était une bonne chose à faire avant de répéter avec Inon samedi. La plupart d’entre nous ont interprété cette œuvre de nombreuses fois, mais il est toujours possible de trouver quelque chose de nouveau dans la pièce chaque fois qu’on entreprend de la jouer!
Je suis certaine que vous vous sentez comme moi ces jours-ci… Nous sommes prêts pour une température printanière ainsi que pour le nettoyage et les mises au point qui l’accompagnent. Il en va de même pour le Vuillaume. J’ai remarqué lors de la répétition de cet après-midi que l’instrument résonnait deux fois plus et produisait un son riche et chaud après l’ajustement de mardi. Je suis toujours surprise de constater qu’une petite pression peut engendrer une telle amélioration du son et de la maniabilité d’un violon. Je trouve vraiment stimulant d’avoir un instrument qui répond si bien à ce que je lui demande, particulièrement lorsque je sculpte les mélodies aux octaves plus basses de la partie du second violon. Le Vuillaume de 1869 est un des violons les plus gros de la collection du Conseil des arts du Canada, ce qui rend les registres plus graves très agréables à jouer. Fait amusant, Jessica Linnebach est la musicienne à qui le Conseil avait prêté ce Vuillaume avant moi. En fait, nous sommes les deux seules personnes à avoir joué de cet instrument! (voir la liste cumulative des gagnants ici.) Depuis lors, elle s’est acheté un Vuillaume de 1840. Il va sans dire que la sonorité combinée de nos deux instruments était sublime!
Ce soir, nous avons donné notre premier concert d’interprétation de la suite Ma mère l’oye de Ravel, du Concerto pour piano en sol majeur et de la Symphonie pastorale de Beethoven. J’ai hâte de remonter sur scène demain soir!
Samedi 14 et dimanche 15 mars 2015
Nous avons répété le quintette de Dvořák de bonne heure hier au Musée des beaux-arts du Canada. C’est toujours agréable de monter une œuvre majeure de musique de chambre en une seule répétition. C’est vraiment intéressant de voir comment on peut si rapidement combiner des années d’expérience et différentes approches de la même œuvre en une solide interprétation. Nous avons travaillé à un rythme plutôt modéré et avons joué jusqu’en après-midi. Et que faire de mieux après? Répéter individuellement un peu plus, se reposer et sortir prendre un repas dans un restaurant coréen!
Ce matin, je me suis réveillée très enthousiaste. J’adore cette sensation! L’enthousiasme qu’on ressent d’un concert à l’autre, peu importe l’expérience qu’on acquiert, constitue un des meilleurs aspects d’être musicien. Ce concert était particulièrement électrisant parce que notre tout nouvel orchestre de chambre était accompagné d’un pianiste invité et qu’il a joué à guichets fermés. Les membres de l’orchestre collaborent facilement.
Même si nous n’avons présenté que deux concerts ensemble, je me rends compte que nous avons joué ensemble tous les jours depuis les deux dernières années (depuis que nous avons intégré l’orchestre), mais en compagnie d’environ 50 autres personnes! Certains de nos collègues ont ouvert le programme avec une magnifique interprétation du Quatuor pour flûtes en do majeur de Mozart. Inon a ensuite joué une pièce pour piano seul. Nous sommes montés sur scène après l’intermission.
Le premier mouvement a été exaltant! Lorsque nous l’avons terminé et que nous essayions de nous ressaisir pour entamer le deuxième mouvement, une magnifique dumka, nous pouvions entendre le public murmurer son enthousiasme. Cette œuvre est particulièrement agréable à jouer pour le deuxième violon (moi) parce que la partition comporte beaucoup de petits solos et de parties mélodiques et qu’il y a beaucoup d’interaction entre les deux violons. L’interprétation a vraiment été fougueuse, pleine d’énergie nerveuse canalisée, et la réaction du public se faisait sentir. Quelle sensation incroyable!
Lorsque nous attendions en coulisse avant le concert, Jessica et moi étions totalement surexcitées et nous avons joué sur l’instrument de l’autre pour les comparer. Son Vuillaume est 20 à 25 ans plus vieux que le mien, et nous avons découvert que, malgré quelques caractéristiques similaires, ils ne sont certainement pas identiques. La plus grande différence réside dans le son plus grave que produit l’instrument du Conseil des arts du Canada. Il résonne comme un mini-alto, mais la corde de mi émet un beau son éclatant.
Je crois que nous nous sentions tous très euphoriques après notre représentation de l’après-midi, mais, comme toujours, toute bonne chose a une fin. Nous avons dit au revoir à Inon, qui nous a quittés pour aller prendre son avion pour New York et nous sommes partis prendre une bière pour célébrer. Puisque c’est dimanche, nous allons tous à un souper de famille ou quelque chose du genre. Ce soir, c’est le moment de se reposer et de se préparer pour les projets passionnants à venir!
Samedi 14 et dimanche 15 mars 2015
Nous avons répété le quintette de Dvořák de bonne heure hier au Musée des beaux-arts du Canada. C’est toujours agréable de monter une œuvre majeure de musique de chambre en une seule répétition. C’est vraiment intéressant de voir comment on peut si rapidement combiner des années d’expérience et différentes approches de la même œuvre en une solide interprétation. Nous avons travaillé à un rythme plutôt modéré et avons joué jusqu’en après-midi. Et que faire de mieux après? Répéter individuellement un peu plus, se reposer et sortir prendre un repas dans un restaurant coréen!
Ce matin, je me suis réveillée très enthousiaste. J’adore cette sensation! L’enthousiasme qu’on ressent d’un concert à l’autre, peu importe l’expérience qu’on acquiert, constitue un des meilleurs aspects d’être musicien. Ce concert était particulièrement électrisant parce que notre tout nouvel orchestre de chambre était accompagné d’un pianiste invité et qu’il a joué à guichets fermés. Les membres de l’orchestre collaborent facilement. Même si nous n’avons présenté que deux concerts ensemble, je me rends compte que nous avons joué ensemble tous les jours depuis les deux dernières années (depuis que nous avons intégré l’orchestre), mais en compagnie d’environ 50 autres personnes! Certains de nos collègues ont ouvert le programme avec une magnifique interprétation du Quatuor pour flûtes en do majeur de Mozart. Inon a ensuite joué une pièce pour piano seul. Nous sommes montés sur scène après l’intermission.
Le premier mouvement a été exaltant! Lorsque nous l’avons terminé et que nous essayions de nous ressaisir pour entamer le deuxième mouvement, une magnifique dumka, nous pouvions entendre le public murmurer son enthousiasme. Cette œuvre est particulièrement agréable à jouer pour le deuxième violon (moi) parce que la partition comporte beaucoup de petits solos et de parties mélodiques et qu’il y a beaucoup d’interaction entre les deux violons. L’interprétation a vraiment été fougueuse, pleine d’énergie nerveuse canalisée, et la réaction du public se faisait sentir. Quelle sensation incroyable!
Lorsque nous attendions en coulisse avant le concert, Jessica et moi étions totalement surexcitées et nous avons joué sur l’instrument de l’autre pour les comparer. Son Vuillaume est 20 à 25 ans plus vieux que le mien, et nous avons découvert que, malgré quelques caractéristiques similaires, ils ne sont certainement pas identiques. La plus grande différence réside dans le son plus grave que produit l’instrument du Conseil des arts du Canada. Il résonne comme un mini-alto, mais la corde de mi émet un beau son éclatant.
Je crois que nous nous sentions tous très euphoriques après notre représentation de l’après-midi, mais, comme toujours, toute bonne chose a une fin. Nous avons dit au revoir à Inon, qui nous a quittés pour aller prendre son avion pour New York et nous sommes partis prendre une bière pour célébrer. Puisque c’est dimanche, nous allons tous à un souper de famille ou quelque chose du genre. Ce soir, c’est le moment de se reposer et de se préparer pour les projets passionnants à venir!