Andréa Tyniec avec violon

5 questions :
Andréa Tyniec, violiniste

12 septembre 2014
 

5 questions : Andréa Tyniec, violiniste

12 septembre 2014

La violoniste torontoise Andréa Tyniec éblouit des auditoires de partout au Canada avec son incroyable talent et son violon Scarampella de 1900, un prêt de la Banque d’instruments de musique du Conseil des arts du Canada.

Le 26 septembre 2014, Andréa participera à une journée entière en partenariat avec l’Orchestre symphonique de Torontol’événement Conduct Us (« Dirigez-nous ») et le Conseil des arts du Canada, dans le cadre des événements festifs de la Fête de la culture. De 10 h à midi, elle sera au Roy Thomson Hall à Toronto pour rencontrer les membres du public et leur parler d’elle et de ce qu’elle ressent en jouant avec le Scarampella de 1900, qu’elle nomme affectueusement « la bête ». Elle racontera les tournées et les prestations qu’ils ont réalisées ensemble et elle interprétera quelques pièces de l’un de ses compositeurs favoris.

Andréa a récemment accepté de répondre à quelques-unes de mes questions.

Tu t’es intéressée aux arts dès ton plus jeune âge : te souviens-tu de l’une de tes premières expériences? D’un événement particulier qui t’a incitée à devenir musicienne?

J’aimais assister à des concerts et je me souviens particulièrement de celui où Pascale Giguère a interprété Les quatre saisons de Vivaldi. Sa prestation était remarquable! Je me souviens aussi de ma toute première performance à l’âge de six ans, devant ma communauté, à l’église. Je me souviens du silence avant la première note, du sentiment d’être écoutée... entendue. Ce fut un moment déterminant dans ma vie. Je n’en étais pas tout à fait consciente à l’époque, mais je venais de découvrir ma voix et je venais de l’utiliser pour offrir quelque chose aux gens. Cela a donné à la petite bonne femme de 6 ans que j’étais un but précis et une passion pour l’interprétation qui ne m’a jamais quittée depuis.

De ton point de vue de musicienne ou de celui de membre de l’auditoire, pourquoi les expériences musicales en direct sont-elles si importantes pour toi?

Un concert en direct crée une synergie entre le compositeur, son œuvre, les interprètes, le lieu et le public. Chaque concert est une expérience unique, car, même si la musique demeure la même, les personnes sur scène et dans la salle sont différentes d’une prestation à l’autre.

Faire l’expérience d’un concert en direct, c’est choisir d’être entièrement présent, être à l’écoute de la musique et de nos réactions à la musique. Je trouve fantastique que la musique nous rassemble et nous lie grâce à nos émotions et à cette humanité que nous partageons tous. S’il y a une chose dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de délaisser la technologie et de se souvenir que nous sommes humains! C’est un privilège d’être musicienne, d’être la voix des compositeurs et d’interpréter des œuvres majeures qui interpellent notre humanité, qui nous font vibrer et qui nous invitent à réfléchir à ce que nous sommes ici et maintenant.

Qu’as-tu ressenti en jouant avec le Scarampella de 1900? Cela a-t-il changé ta manière de jouer ou d’interpréter de la musique?

Mon violon, « la bête », aime me prouver qu’il porte bien son nom. Il m’a fait vivre toute une gamme d’émotions. Nous avons joué un répertoire extrêmement varié. Pour décrire au mieux cette relation, je dirais que ma technique s’est améliorée grâce à la grande confiance que j’accorde à cet instrument. Ce n’est pas un instrument délicat, il est plutôt robuste, et j’ai dû m’exercer pour être à sa hauteur. 

Pour la Fête de la culture, tu interprètes des œuvres d’Eugène Ysaÿe, un compositeur belge de la fin des années 1800, début des années 1900. Pourquoi as-tu choisi ses compositions? À quoi le public peut-il s’attendre?

Ysaÿe n’est pas aussi connu que ses contemporains Bach, Beethoven ou même Debussy. Il a composé 6 sonates phénoménales pour violon seul, qui sont aussi belles que difficiles à jouer. Chaque sonate se distingue par sa forme et son expression, parce que chacune a été écrite pour six différents violonistes virtuoses que le compositeur connaissait personnellement et à qui il a dédié l’œuvre. Ces sonates vous rappelleront Bach par moments, et leurs nuances vous surprendront. Vous serez émerveillé par la virtuosité et captivé par l’originalité du langage musical de Ysaÿe!

Un des objectifs de la Fête de la culture est de permettre aux Canadiennes et Canadiens d’incorporer les arts dans leur vie quotidienne. Selon toi, quel effet cette Fête pourrait-elle avoir sur notre pays et sur nous? 

L’art, la création d’une œuvre, est un acte qui fait appel à la voix d’une personne. Il faut songer à utiliser notre voix avec sagesse et confiance et l’enseigner à nos enfants, car elle nous aide à réaliser que nous pouvons contribuer au changement et faire une différence. L’art constitue un reflet du monde, de la vie et de ce que nous sommes. Il peut nous offrir la perspective qu’il nous manque, car nous sommes tellement pris dans notre routine. Il peut aussi nous rapprocher des valeurs telles que le courage, la beauté et l’excellence, et nous inspirer à intégrer ces idéaux dans nos vies.

Le fait de pratiquer un art a le même effet sur notre caractère qu’une marche quotidienne produit sur notre organisme; l’art fait appel à une autre partie essentielle de ce qui nous représente en tant qu’être humain. Je crois que le fait d’incorporer l’art dans notre vie quotidienne et de vivre d’une manière plus consciente (inspirée par l’art) peut avoir un énorme impact sur notre pays et pourrait même mener à transformer une démocratie sans influence en une nation ayant une vision. Bien sûr, la pratique d’un art demande plus d’efforts que de mettre à jour son fil de nouvelles sur Facebook ou de regarder la télévision. Et c’est justement ce qui fait la valeur de cette pratique. Il faut aussi consentir plus d’efforts pour changer notre réalité que pour continuer à accepter le statu quo.

Lana Crossman est rédactrice au Conseil des arts du Canada. Elle carbure aux incroyables projets artistiques qui voient le jour partout au pays (notamment ceux ayant reçu l’appui du Conseil des arts). Plus encore, elle adore partager ses découvertes avec vous.

Éditeur : Conseil des arts du Canada

Mots-clés Musique Gagnants des prix