Fond bleu

La cinéaste Helen Doyle reçoit le
prix Barbara-Helen-Greene

30 mai 2018

Si l’actualité récente rappelle que les femmes n’occupent pas encore toute la place qui leur revient au cinéma, l’attribution d’un prix par le Conseil des arts du Canada (CAC) met en lumière l’importante contribution de deux femmes au documentaire canadien.

La première est Barbara Helen Greene. Originaire de la Colombie-Britannique, elle a réalisé des documentaires radio pour la BBC et la CBC à partir de Londres après la Deuxième Guerre mondiale. De retour au Canada, elle s’est tournée vers l’image, réalisant notamment plusieurs documentaires pour l’ONF, dont Bella Bella et Ruth and Harriet: Two Women of the Peace.

Décédée en 2016 à l’âge de 92 ans, Barbara H. Greene a légué un montant de 20 000 $ au Conseil des arts. Le Conseil a utilisé ce legs en attribuant un prix unique à une autre réalisatrice canadienne. La Québécoise Helen Doyle a ainsi reçu le prix Barbara-Helen-Greene en reconnaissance de sa carrière de documentariste.

Helen Doyle
Helen Doyle Photographe(s) : © Livia Saavedra

Pour Helen Doyle, ce prix vient bonifier la bourse que lui a attribuée le CAC pour le projet de long métrage documentaire sur lequel elle travaille actuellement : Au lendemain de l’odyssée. « Je m’intéresse au sort des enfants migrants non accompagnés, et plus particulièrement à celui des jeunes filles, explique-t-elle. Il en arrive beaucoup sur les côtes de l’Italie, mais on en reçoit aussi au Canada. Les mineures non accompagnées se retrouvent dans des situations qui les rendent particulièrement vulnérables. »

Ce projet illustre bien l’approche humaniste d’Helen Doyle – une approche qui était aussi celle de Barbara H. Greene. Helen Doyle y ajoute une perspective féministe. « Je ne fais pas uniquement des films sur la condition des femmes, mais dans tous mes films, ça paraît que je suis féministe ! » dit Helen Doyle en souriant.

Je ne fais pas uniquement des films sur la condition des femmes, mais dans tous mes films, ça paraît que je suis féministe !

Helen Doyle

Dès son premier film en 1979, Chaperons rouges, elle aborde le douloureux sujet du viol, avec déjà un souci de dépasser la forme du documentaire traditionnel. « J’y ai greffé des éléments tels qu’un extrait filmé d’une pièce de théâtre et des vignettes illustrant le harcèlement des femmes, raconte Helen Doyle. La comédienne Louisette Dussault racontait Le Petit Chaperon rouge à ses filles, leur conseillant de donner des coups de panier sur le nez au grand méchant loup pour se défendre ! On mélangeait plusieurs styles, dans une forme un peu hybride. Cette préoccupation de trouver la forme la plus adaptée au sujet ne m’a pas quittée : j’y accorde une grande importance dans chaque projet. »

En 1973, elle cofonde à Québec, avec Nicole Giguère et Hélène Roy, le groupe Vidéo Femmes. « La vidéo émergeait comme moyen de communication, c’était un peu le téléphone mobile de l’époque, se souvient la cinéaste. Nous avons commencé à produire des films sur les femmes, par les femmes et pour les femmes. Puis, nous avons distribué nos films et ceux d’autres réalisatrices. 

Par la suite, Helen Doyle poursuit un parcours de scénariste et réalisatrice indépendante. Elle s’intéresse notamment aux conflits armés (Le rendez-vous de Sarajevo), aux artistes engagés (Les messagers) (English: The Messengers) et à la façon dont les images sont rapportées dans l’univers numérique (Dans un océan d’images j’ai vu le tumulte du monde).

Ses œuvres lui valent, au Canada et à l’étranger, de nombreuses marques de reconnaissance, dont une Bourse de carrière du Conseil des arts et des lettres du Québec et une rétrospective à la Cinémathèque québécoise. En 2015, le livre La liberté de voir, accompagné de quatre DVD présentant ses œuvres, souligne ses 40 ans de réalisation. Au fil de ses projets, elle partage ses découvertes et ses rencontres sur son blogue illustré de nombreuses photos.

« L’attribution du prix Barbara-Helen-Greene m’a donné la chance extraordinaire de découvrir l’œuvre de cette créatrice au parcours étonnant et inspirant. Elle me permettra de poursuivre et de pousser encore plus loin mes projets en cours. » 

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