Un théâtre pour tout le monde
« Investir dans la créativité, c’est investir dans le bien-être et la santé du pays. C’est aussi simple que ça. »
— David Nairn
Située à une heure de Toronto, Orangeville fait grand effet avec le cachet d’une petite ville qui dégage une forte créativité.
Dire que le théâtre local fait partie intégrante de la vie de cette ville est un euphémisme.
Tout a commencé lorsqu’une ancienne mairesse a voulu concrétiser sa vision d’une compagnie de théâtre professionnelle, fondée sur le service à la communauté et installée dans le bâtiment historique de l’Opéra.
Depuis ce temps, le théâtre Orangeville s’est épanoui; il attire des interprètes et des publics de tous horizons avec une programmation pour tous les âges et les capacités.
« Je pense que c’est bon signe d’avoir eu une série de maires ravis quand 280 enfants entraient dans l’édifice en criant de joie, excités à l’idée d’assister à un spectacle », dit David Nairn, qui en est à sa vingt-sixième année et dernière saison en tant que directeur artistique du théâtre Orangeville.
Le fait que l’administration de la ville et les activités du théâtre se déroulent dans les mêmes locaux historiques entraîne régulièrement des moments particuliers.
Et pas seulement pour le personnel municipal, mais également pour les touristes qui sont là en quête de conseils à savoir quoi faire durant leur séjour en ville, ainsi que les citoyens ordinaires qui demandent des permis ou paient leurs impôts parmi le brouhaha des nombreuses activités théâtrales en cours.
Parmi ces activités, il y a les productions à l’affiche sur la scène principale, les festivals d’été, le développement de nouvelles pièces, la construction des décors, les événements Auteurs en scène et le soutien aux productions des écoles des environs.
Le brouhaha émane aussi du flot ininterrompu des troupes d’amateurs, des académies de danse et des jeunes qui participent à des programmes parascolaires, des camps, des ateliers, des répétitions du chœur, ainsi que le très populaire bingo musical drag du samedi soir.
« De la joie de la mairesse qui salue les enfants en route vers un spectacle jusqu’à l’enthousiasme des clubs Rotary, Optimistes et Lions de la région qui offrent d’aider à gérer les kiosques de concessions lors d’événements spéciaux, on sent une ferveur envers le théâtre dans cette communauté », explique David.
« C’est réellement l’ingrédient secret du théâtre Orangeville. »
Le bien-fondé de l’inclusion
L’un des volets d’activités du théâtre qui suscite une fierté particulière au sein de la communauté est la programmation théâtrale pour les enfants et les adultes neurodivergents.
Depuis plus de 20 ans, le théâtre collabore avec Community Living Dufferin* afin de mettre en lumière les expériences des personnes atteintes d’un trouble du spectre de l’autisme.
« Les personnes neurodivergentes sont marginalisées dans toutes les communautés. Je pense que c’est l’un des domaines dans lesquelles le théâtre a pu bien servir notre communauté en outillant ces personnes avec les moyens de raconter leur propre histoire. »
Et il y a fort à faire pour bien raconter l’histoire.
« Nous mettons tout en œuvre pour réaliser ces productions uniques. Nous travaillons avec des dramaturges et des chorégraphes, autant pour les pièces basées sur la musique que celles axées sur l’art dramatique. Les personnes participantes contribuent directement à la création du scénario, de sorte que les spectacles portent sur leurs préoccupations, qu’il s’agisse du défi d’être perçu comme différent ou des inquiétudes universelles, telles que les changements climatiques. »
De plus, le théâtre partage activement ses spectacles avec d’autres publics à l’échelle de la province et au-delà, grâce à la diffusion en continu, ce qui permet d’améliorer la compréhension de l’inclusion partout dans le monde.
« Des publics du monde entier regardent nos productions. Les spectateurs se branchent pour voir le travail de ces personnes neurodivergentes en particulier. Et c’est vraiment génial. »
Une touche d’avant-garde
Chaque année, le théâtre s’affaire également à présenter des spectacles d’avant-garde du festival Fringe de Toronto.
« Nous voulions donner l’occasion à notre public régional de vivre des expériences théâtrales un peu différentes et un brin plus audacieuses », raconte David.
Les visiteurs viennent à Orangeville pour voir un spectacle qu’ils ont manqué dans la grande ville. Parfois, ils passent la nuit sur place. Puis, ils s’arrêtent dans les restaurants et les entreprises du coin. Tout le monde y trouve son compte.
Dans l’esprit d’avant-garde du festival Fringe, les représentations ont souvent lieu dans des lieux non traditionnels, entre autres un bar clandestin dans un sous-sol, un bar-restaurant, ainsi que le hall du club de curling d’Orangeville.
« Nous choisissons des lieux qui servent la nature d’une pièce et qui permettent à notre public de découvrir des endroits qu’ils n’ont jamais fréquentés en ville. Ça donne des résultats très sympathiques. »
Selon David, une vaste partie de l’œuvre du théâtre ne verrait pas le jour sans le soutien de ses partenaires financiers, notamment les subventions de base du Conseil des arts du Canada.
« Pendant la pandémie, nous avons tous constaté comment la créativité nous aidait à garder le moral lors des moments éprouvants, que ce soit le fait de regarder quelque chose d’intéressant sur Netflix, d’écrire ou de lire une histoire, ou bien de peindre. La créativité a permis à la population de tenir le coup », dit David.
« Investir dans la créativité, c’est investir dans le bien-être et la santé du pays. C’est aussi simple que ça. »
Quant au théâtre Orangeville, si bien enraciné ici, son avenir semble fermement lié à celui de la ville.
« La vie de tout un chacun peut être enrichie par le théâtre. Lorsque des membres de la communauté évoquent le théâtre Orangeville, ils ne songent pas qu’au divertissement et aux cinq spectacles principaux offerts par année avec l’abonnement : ils voient la contribution apportée au développement d’une communauté plus engagée et plus saine. »
* : lien en anglais seulement