Mosaïque de photos de près artistes différents.
27 mai 2025
Mentors du Canadian Artists Network. Photo avec l’aimable autorisation du Canadian Artists Network
 

L’art, un exposant positif

27 mai 2025

« L’art fait au Canada est un portrait du Canada. Il témoigne de ce qu’on a vécu et de ce qu’on pourrait devenir. Il donne l’impression de faire partie d’un groupe de semblables; il suscite un profond sentiment d’appartenance, de confort et de sécurité. »

– Guy Maddin

À l’âge de 16 ans, Peggy Baker a gagné une récompense qui a défini le parcours de sa vie.

« J’ai reçu 100 $ pour un prix d’interprétation que j’ai dépensé pour participer à un atelier d’un mois à l’extérieur de mon école… et c’est ainsi que j’ai découvert le monde du mouvement », raconte-t-elle.

À partir de ce moment charnière, Peggy s’est forgé une carrière remarquable en tant que directrice artistique, chorégraphe et danseuse acclamée.

Danseuse en maillot couleur peau en mouvement sur fond noir.
Peggy Baker dans a way to master silence.
Photo de Von Tiedemann, avec l’aimable autorisation de Peggy Baker

Son parcours sera jalonné de nombre d’autres prix, mais surtout du soutien de collègues artistes comme Patricia Beatty, figure emblématique de la scène émergente de la danse moderne au Canada dans les années 1970.

« Ma vie dans les arts a été remplie de personnes qui m’ont encouragée à vivre des moments décisifs », dit Peggy. « Cela m’a permis de comprendre l’importance des relations. »

C’est un principe que Peggy perpétue à ce jour dans son travail de mentore au sein du Canadian Artists Network, une organisation qui soutient les artistes tandis qu’elles et ils vieillissent, poursuivent leurs carrières et encadrent des pairs plus jeunes.

« Nous offrons plusieurs programmes destinés aux artistes aîné(e)s à travers le Canada », explique Scott Walker, le directeur général de l’organisation.

« Notre programme de mentorat est un élément clé de notre mission : l’idée est principalement d’outiller la prochaine génération d’artistes canadiens. »

Peggy n’est qu’un(e) des mentor(e)s primé(e)s, riches d’une vie entière de talent et d’expérience, qui apportent aux heureuses personnes mentorées du Canadian Artists Network une expertise allant bien au-delà des connaissances que l’on peut acquérir à l’école.

« À mes débuts, je me suis tourné vers des cinéastes expérimentés », confie le célèbre scénariste et réalisateur canadien — et aujourd’hui mentor — Guy Maddin, qui a à son actif une longue carrière dans la réalisation de films d’avant-garde de renommée internationale.

« Il y avait toujours quelques personnes assez patientes pour répondre à mes questions, m’encourager avec enthousiasme et me donner leur avis, ou même m’avertir lorsque je devenais trop décadent », ajoute Guy.

« J’aime enseigner, alors il m’a semblé naturel, maintenant que je suis plus âgé, que je puisse être utile à des cinéastes en herbe. Cela fait du bien d’aider quelqu’un et d’être présent dans ces inévitables moments d’insécurité. »

Alors que Peggy et Guy réfléchissent au soutien qu’ils ont reçu tout au long de leurs carrières, les deux ne manquent pas de souligner l’importance de l’aide apportée par les organismes de soutien public aux arts.

« Je n’en ai plus besoin de nos jours, mais durant les 15 premières années de ma carrière, je n’aurais pas pu continuer de faire des films sans le financement public des arts », dit Guy.

« Au fil des ans, mon travail a été porté par différents types de financement public des arts, ajoute Peggy.

« Tout l’argent que je recevais m’aidait à financer mes études en arts, ma pratique de la danse et même des formations que j’ai données à l’échelle du Canada. […] Cet investissement a été crucial, non seulement pour soutenir mon travail, mais aussi pour bâtir au cours de plusieurs décennies la scène de la danse canadienne qui fait maintenant partie intégrante de notre identité nationale. »

Homme aux cheveux blancs et à la barbe blanche vêtu de noir sur fond noir.
Le réalisateur winnipegois Guy Maddin.
Photo de Lebruman, avec l’aimable autorisation de Guy Maddin.

Une histoire du Canada

Aujourd’hui, en se remémorant leurs parcours artistiques professionnels, Peggy et Guy partagent une compréhension plus profonde du rôle primordial des arts au Canada.

« Quand j’ai commencé, je ne voulais pas créer des choses “américaines” ou “canadiennes”; je voulais seulement créer quelque chose qui m’était propre. Mais tout ce que j’ai produit reflète l’endroit d’où je viens, Winnipeg », explique Guy.

« J’ai une vision du monde et un genre de tempérament ancrés dans ce lieu géopolitique, ce qu’illustre mon œuvre artistique. C’est une histoire représentative de la culture, au même titre que la littérature irlandaise, la musique pop britannique ou l’art russe. »

« L’art fait au Canada est un portrait du Canada. Il témoigne de ce qu’on a vécu et de ce qu’on pourrait devenir. Il donne l’impression de faire partie d’un groupe de semblables; il suscite un profond sentiment d’appartenance, de confort et de sécurité », dit le cinéaste winnipegois.

« Imaginez si Gordon Lightfoot n’avait jamais chanté de chanson », s’interroge Scott. « Selon moi, il est important de considérer les arts comme un multiplicateur et non seulement en matière d’argent », explique-t-il. Même si une personne n’a jamais vu un spectacle de danse de Peggy ou un film de Guy, elle a probablement vu quelque chose qui a été inspiré d’eux. »

« [C]haque dollar investi dans les arts […] génère plus de dollars. Mais il génère également quelque chose de plus difficile à quantifier : un sentiment d’identité, un lien qui garde les communautés tissées serré. Et ce lien est particulièrement fort au Canada parce que les arts sont davantage rattachés aux communautés. »

Pour Peggy, qui conserve précieusement la lettre lui annonçant son premier prix artistique à l’école secondaire, il s’agit avant tout de célébrer la personne.

« Nous apportons tous des choses à la société. Nous avons besoin de médecins. Nous avons besoin de travailleuses et travailleurs de la construction. Et nous avons aussi besoin d’artistes, car il arrive à tout le monde d’avoir de la difficulté à se comprendre », précise-t-elle.

« Nous ne pouvons pas tous vivre les expériences des personnages d’un roman ou d’un film, mais nous pouvons apprendre grâce à eux. L’art nous élève. Il nous aide à comprendre qui nous sommes en tant qu’humains, dans toute notre vulnérabilité intégrale. Et une société sans culture est l’équivalent d’une ville incendiée ou d’un camp de prisonniers : c’est la pire existence possible. »

« Tous les citoyennes et citoyens méritent d’avoir accès aux arts et à la culture. »

Le Canadian Artists Network est une organisation à but non lucratif fondée en 2011 dans le but de soutenir les artistes professionnels aîné(e)s à travers le Canada. Il propose des activités de réseautage, de mentorat et d’apprentissage. Il prône aussi l’élimination des obstacles liés à l’âgisme afin que les artistes puissent poursuivre leur carrière professionnelle. Le CAN a déjà eu recours au financement du Conseil des arts du Canada afin de promouvoir son offre auprès d’artistes de régions sous-représentées comme l’Ouest canadien.

Pour en savoir plus sur le CAN, y adhérer ou même faire un don, visitez le www.canartnet.ca. (en anglais seulement)