Gros plan sur des cordes colorées qui se croisent pour former un cercle autour du logo du Conseil des arts du Canada, qui semble lui aussi fabriqué de cordes, sur un fond fuchsia.

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17 octobre 2024
 

Il est temps de changer ce qui se raconte sur les arts

17 octobre 2024
 
 

Une lettre ouverte à la communauté artistique de la directrice et chef de la direction du Conseil des arts du Canada


À la communauté artistique,

Il y a une histoire qui circule beaucoup au sujet du secteur artistique canadien.

Je l’ai entendue souvent au cours de ma première année comme directrice et chef de la direction du Conseil des arts du Canada. Les artistes, les leaders du milieu et les responsables des orientations politiques dans des communautés partout au pays me l’ont racontée et je l’ai aussi entendue aux nouvelles. J’ai moi-même raconté cette histoire, et peut-être que vous avez fait de même.

Mais le moment est venu de changer cette histoire, avant qu’il ne soit trop tard.

Une histoire de crise

L’histoire dont il est question est la suivante : le secteur des arts vit une crise. Des organismes artistiques partout au pays sont sur le point de fermer. Certains ont déjà glissé la clé sous la porte. Pendant ce temps, des artistes et des travailleuses et travailleurs quittent le secteur au profit de domaines plus viables. La conclusion : nous devons faire quelque chose avant de tout perdre.

Je voudrais bien pouvoir dire que cette histoire doit changer parce qu’elle n’est pas vraie. Malheureusement, elle l’est en grande partie. Les résultats préliminaires d’un sondage que le Conseil a mené auprès du secteur cet été l’ont confirmé, en plus de mettre en lumière des défis importants.

Alors, si le secteur des arts vit véritablement une crise, qu’y a-t-il de mal à raconter cette histoire? À mon avis, il y a deux pièces manquantes fondamentales à cette dernière.

Ce qui manque à cette histoire

Pour commencer, beaucoup de gens ne se rendent pas compte des vraies conséquences de la crise. Les arts font face à d’énormes défis. Des organismes fermeront leurs portes. Des artistes et des travailleuses et travailleurs quitteront le secteur. L’écosystème artistique s’écroulera. Mais qu’est-ce que ça fait?

Si la réponse est évidente pour nous qui faisons partie du secteur, nous ne pouvons pas supposer que c’est le cas de tout le monde, surtout pas les décisionnaires.

Qu’est-ce que ça fait? Eh bien, les arts sont importants pour les Canadiennes et les Canadiens. Ils ont des retombées culturelles, sociales et économiques considérables. La population canadienne a autant à perdre que nous.

Le deuxième élément qui manque à cette histoire est le caractère essentiel d’un financement public robuste et soutenu. Ce financement est nécessaire pour aider les arts à traverser cette période difficile. Il est également nécessaire pour aider le secteur à continuer de se transformer et à assurer sa survie afin qu’il puisse continuer pendant encore longtemps à apporter des contributions vitales à la société.

Raconter l’histoire des retombées

Quand je rencontre des décisionnaires dans différentes régions du pays, je commence toujours par leur parler des retombées plutôt que de la crise.

Je leur parle des retombées économiques importantes des arts. Les arts et la culture contribuent à hauteur de 60 milliards de dollars au PIB du Canada et emploient plus de 850 000 personnes dans des emplois liés à la culture. Les arts attirent des entreprises, qui investissent dans les communautés. Ils attirent des touristes des quatre coins du monde. En effet, le tourisme artistique et culturel a des retombées économiques trois fois plus importantes que les autres types de tourisme.

Je leur parle également du sentiment d’appartenance suscité par les arts, qui créent des expériences de joie partagée et nous réunissent pour discuter de sujets difficiles qui, autrement, pourraient nous diviser.

Lorsque je parle des retombées, je tire souvent des exemples de votre travail, que le Conseil a soutenu dans plus de 2 000 communautés d’un bout à l’autre du pays, dans toutes les disciplines artistiques et à toutes les étapes du processus créatif. Des artistes et des organismes artistiques dans toutes les régions du pays incarnent le génie et l’innovation. Je suis profondément inspirée par votre talent, votre passion et votre créativité.

Quand je parle aux décisionnaires, j’insiste sur le fait que ces retombées dépendent d’investissements publics. Ce soutien est important à tous les échelons : fédéral, provincial, territorial et municipal. La combinaison d’investissements publics et privés ainsi que de revenus gagnés est ce qui permet à l’écosystème artistique de prospérer.

Nous devons répandre cette histoire ensemble.

Un appel urgent

Tout le secteur artistique doit commencer à partager l’histoire des retombées des arts avec les décisionnaires, et nous devons le faire sans tarder.

Je fais appel à vous — leaders du domaine, artistes et travailleuses et travailleurs du secteur — pour que vous rencontriez les décisionnaires dans vos communautés ou que vous leur écriviez dès que vous avez terminé de lire ceci.

Racontez-leur l’histoire unique de vos retombées. Vous pouvez leur parler d’un projet qui a aidé votre communauté à explorer un enjeu local. Vous pouvez leur dire combien de gens sont attirés dans votre communauté grâce à votre travail et visitent en même temps d’autres entreprises locales. Chacune et chacun de nous aura une histoire différente à raconter, mais ensemble, nous pouvons créer un narratif convaincant.

Faites-leur savoir que le soutien public des arts a été essentiel à votre réussite et qu’il est nécessaire pour que les arts puissent continuer de contribuer aux vies des Canadiennes et des Canadiens.

Racontez cette histoire à vos publics, à vos bénévoles et à vos donatrices et donateurs. Encouragez-les à dire aux décisionnaires à quel point les arts comptent dans leur vie.

Il serait facile d’ignorer cet appel, mais il sera impossible d’ignorer ce qui se passera si nous ne faisons rien.

Ensemble, changeons ce qui se dit sur les arts en ouvrant la conversation sur nos retombées économiques, sociales et culturelles aux quatre coins du pays et dans les communautés, des plus petites aux plus grandes. Crions cette histoire sur tous les toits pour qu’elle soit entendue par tout le monde, des publics aux décisionnaires.

Michelle Chawla
Directrice et chef de la direction