© Patrimoine canadien / Jeux de La Francophonie 2013

Une participation, une médaille et un aveu, celui de se présenter de nouveau

22 février 2016

Une participation, une médaille et un aveu, celui de se présenter de nouveau

J’ai participé aux Jeux de la Francophonie en 2013. Ce fut une expérience très singulière dans mon parcours d’artiste. Le contexte était très différent de celui de ma pratique professionnelle parce qu’il s’agissait de se mesurer aux autres, non seulement aux autres œuvres, aux autres artistes, mais aussi aux autres cultures. Qu’est-ce qui me distingue, fait ma force, ma signature? Qu’est-ce qui est culturel dans mon œuvre, dans ma danse? En assistant aux quatre soirées de présentation en danse, j’avais devant moi un certain panorama des approches de la danse, comme un survol de la façon dont nos cultures respectives influencent ce moyen d’expression et le transforment. La danse peut être comprise de tellement de manières différentes, abordée par des corps que la culture et les traditions ont façonnés. J’ai été touchée de voir que ce que nous partagions peut avoir des différences esthétiques radicales.

Danseurs de la compagnie maribé - sors de ce corps, Jeux 2013
Danseurs de la compagnie maribé - sors de ce corps, Jeux 2013 Photographe(s) : © Patrimoine canadien / Jeux de La Francophonie 2013

Se laisser prendre au jeu de la compétition


Nous sommes toujours en train de nous comparer, mais le fait d’en faire l’enjeu principal de notre rencontre a décuplé chez moi l’envie de briller, de me dépasser, d’être la meilleure. J’ai revécu ce plaisir enfantin de la compétition sportive, de la médaille, de l’honneur. Chaque jour, dans ma pratique, je cherche à me dépasser, à aller plus loin que l’œuvre antérieure, que l’idée précédente. De transposer cette soif du dépassement dans le contexte d’un jeu, des Jeux, m’a rendue féroce! Féroce, mais aussi terrorisée à l’idée de me faire juger aussi sévèrement. Se présenter devant jurys demande toujours une forme de mise à nu, on sait qu’on sera scruté, et que chaque faux pas pourra nous perdre. On se met en danger. Cependant, j’étais confiante, j’avais été choisie pour représenter mon pays, on croyait en moi et en l’œuvre. J’avais aussi une équipe formidable, motivée, prête aussi à foncer tête baissée et à décrocher une médaille.

Se mesurer à l’échelle du monde


Les Jeux deviennent comme un jalon dans le continuum de la pratique artistique. Un temps pour prendre la température de son travail, de celui des autres. Un moment pour voir d’un coup une panoplie d’idées comme on a rarement l’occasion d’en voir. C’est une fierté, une expérience que je peux raconter, qui s’inscrit dans mon parcours comme un moment de réussite. J’ai même l’intention de me présenter à nouveau pour les Jeux 2017, car je suis mauvaise deuxième. Cette fois, je voudrais revenir avec la médaille d’or! Et revoir les gens que j’ai croisés là-bas, qui viennent de Belgique, du Cameroun, du Burkina Faso, et avec qui j’ai eu trop peu de temps pour me permettre de bien connaitre leur vision de ce qu’est ou peut être un art qu’on appelle danse.
Marie Béland
Marie Béland

Chorégraphe

Marie Béland est chorégraphe et fondatrice de maribé – sors de ce corps. Elle a produit des œuvres singulières à l’indiscipline admirablement calculée, dont Dieu ne t’a pas créé juste pour danser (2008), prix ARRIMAGES, BEHIND : une danse dont vous êtes le héros (2010) et Vie et mort de l’élégance (2012), médaille d’argent des Jeux de la francophonie 2013. Ses œuvres ont été présentées dans différents festivals internationaux. Marie Béland est également membre de La 2e Porte à Gauche.

Éditeur : Conseil des arts du Canada

Mots-clés Danse Histoires d'artistes Jeux de la francophonie