Derrière l'objectif : la réalisation de la vidéo sur Bill Vazan

Derrière l’objectif : la réalisation de la vidéo sur Bill Vazan

Imaginez avoir l’occasion de créer un court métrage sur une figure marquante des arts visuels ou médiatiques avec l’appui d’un centre de production local et une entière liberté créative pour réaliser votre œuvre.  

Voilà le mandat confié récemment à un groupe de cinéastes indépendants. Le résultat : des portraits vidéo fascinants, souvent inspirants, et toujours créatifs des huit gagnants de 2016 des Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques. L’année 2016 marque le 4e anniversaire de ce projet vidéo – un partenariat entre le Conseil des arts et l’Alliance des arts médiatiques indépendants.

La réalisatrice montréalaise Julie Perron nous donne plus de détails sur la vidéo #GGArts qu’elle a tournée sur le montréalais Bill Vazan, artiste en arts visuels.

Derrière l'objectif : la réalisation de la vidéo sur Bill Vazan

Quel a été l’aspect le plus difficile/intéressant de ce projet?

Lorsque j’ai appris que j’avais été choisie pour faire le portrait de Bill Vazan, j’étais très heureuse. Avoir l’occasion de faire le portrait vidéo d’un artiste aussi accompli était pour moi un beau défi professionnel.

Il a fallu du temps avant que Bill soit disponible pour une première rencontre, car il était en voyage en Floride pour créer une de ses œuvres. Fidèle à ma manière de travailler, ma première rencontre avec l’artiste a eu lieu dans son appartement et sans caméra afin de pouvoir l’observer dans son environnement. Cela m’a aussi permis de confronter mon idée de film à ce qu’il était capable d’offrir en temps et en investissement personnel.

J’avais le projet de tourner en extérieur dans les transports en commun en suivant les lignes de son parcours artistique. Ce fil conducteur des « lignes » m’inspirait, car cette forme est très présente dans toute son œuvre (Canada Line, Worldline), y compris sa toute première encre que j’ai tout de suite aimée intitulée Phenocrysts). 

Toutefois, j’ai constaté rapidement que Bill était trop occupé pour faire plusieurs tournages. Et puisque l’œuvre de Bill est vaste et variée (photographie, land art, sculpture), je savais qu’il serait difficile de l’aborder de manière exhaustive dans une vidéo de trois minutes. Devant cette difficulté, j’ai demandé à Bill s’il pouvait envisager de créer une œuvre à l’extérieur, pas trop loin de chez lui. Cette idée lui a tout de suite plu et nous nous sommes entendus pour nous retrouver la semaine suivante avec mon équipe au jardin botanique de Montréal.

Qu’avez-vous appris de cette expérience? 

Nous avons pu le filmer en train de créer quatre œuvres de land art : Neutrino Impact, Digital Field, Neutrino et une esquisse pour un projet qui pourrait être un jour réalisé dans un bassin d’eau du jardin. C’était très touchant de voir cet artiste de 82 ans créer sous l’œil attentif de notre caméra. Son plaisir et sa concentration sont visibles à l’écran. Cela a été une grande satisfaction pour moi de réussir à créer les bonnes conditions pour vivre un moment de cinéma empreint d’humanité en si peu de temps. Dans ces moments-là, on se dit qu’on fait un bien beau métier. Permettre la rencontre entre un personnage, sa passion et le public et l’immortaliser grâce au cinéma.

Quels projets emballants vous occupent maintenant? 

Mon plus récent film Le Semeur a reçu un accueil très positif à la suite de sa première diffusion internationale au Festival de Berlin en 2014. Il a ensuite pu faire la tournée d’autres festivals internationaux sur une période de deux ans. Je suis maintenant dans une période d’écriture et de développement pour de nouveaux projets; documentaires (Une place au soleil, le portrait d’un village en Grèce du Nord) et de fiction (Niki et Nadia, l’été mouvementé d’une petite fille de neuf ans à Montréal pendant les Olympiques de 1976).

Julie Perron
Julie Perron

Cinéaste

Née à Montréal, la cinéaste Julie Perron commence sa carrière en 2000 à l’Office national du film. Son premier film, Mai en décembre (Godard en Abitibi), relate l’expérience de télévision libre de Jean-Luc Godard dans une station de télévision abitibienne en 1968. Julie a enseigné le cinéma à Main Film (Montréal) et au New Trier College (Chicago). Elle est membre des Films de l’Autre depuis 2001. Autres réalisations: Lucie de tous les temps, Pierre Gauvin, un moine moderne, Le Semeur.