Une femme avec un livre regarde par la fenêtre sur une scène enneigée.

Derrière l’objectif :
Mark Lewis

14 mars 2016

Je suis privilégié : on m’a demandé à deux reprises de réaliser un portrait vidéo pour les #GGArts. Le premier portait sur le sculpteur Kim Adams, qui a gagné un GG en 2014. À l’époque, je ne connaissais pas la pratique artistique de Kim, et j’ai été tout simplement ravi par mon expérience de travail avec lui, car j’ai acquis une certaine compréhension de son processus et de ses œuvres ludiques et frappantes. Mon désir de créer un autre portrait vidéo était étroitement lié à cette expérience des plus agréables.

Cette fois-ci, j’ai répondu spontanément à l’appel de propositions le jour de la date limite, et j’ai été agréablement surpris lorsque j’ai appris que ma candidature avait été retenue. Cela étant dit, j’ai appris par le passé qu’il peut être bénéfique de ne pas suranalyser un projet : noter rapidement quelques idées, quelques réflexions, lancer la bouteille à la mer et voir ce qui en résulte. C’est pourquoi j’ai reçu comme un cadeau l’appel du Conseil des arts m’apprenant que le sujet de ma vidéo serait Mark Lewis, un cinéaste dont j’avais entendu parler, mais dont je n’avais pas vu les œuvres. 

Ma partenaire Jennifer et moi nous sommes immédiatement rendus à la Power Plant Gallery, à Toronto, où étaient présentées quelques-unes des œuvres de Mark l’automne dernier. L’exposition, qui en passant était organisée par la partenaire de Kim Adams, Barbara Fischer, présentait les œuvres magistrales Pavilion et Snow Storm at Robarts Library. Cette impression d’avoir reçu un cadeau s’est poursuivie là-bas : j’ai trouvé les films de Mark extraordinaires. Ils sont cérébraux, bien exécutés, souvent mystérieux et ludiques, bien que différents des sculptures de Kim même si je leur accole le même qualificatif. L’ambiguïté entre l’action chorégraphiée et saisie spontanément dans l’œuvre de Mark touche autant au cinéma documentaire que de fiction. La caméra scrutatrice et le mouvement expressif montrent les possibilités de création d’images en cinéma d’une manière qui n’est pas accessible aux autres formes d’art, suggérant ainsi sa richesse unique.

Mark Lewis, artiste de la vidéo
Mark Lewis

La métaphore du cadeau s’est maintenue lorsqu’on m’a dit que je devrais interviewer Mark à Londres, en Angleterre, où il vit et travaille depuis le milieu des années 1990. N’y étant jamais allé, j’ai accepté avec enthousiasme cette occasion de pouvoir voyager au Royaume-Uni.

Mon intention était d’ailleurs de situer Mark en ne manquant pas d’évoquer Londres. Je me suis dirigé vers la Tamise et j’ai filmé, entre autres, des images de la Cathédrale St-Paul à partir d’un balcon de la Tate Modern. Je suis allé au Tower Bridge et j’ai filmé la Tour de Londres (qui, à mes yeux de Torontois, porte à peine son nom!). J’ai erré pendant des heures dans la ville, fait une incontournable visite au pub, et emprunté fréquemment le métro. Et lorsque je me suis rendu dans le sud de Londres pour interviewer Mark dans son studio, il m’a confié que le fait de s’être installé à Londres avait été d’une importance capitale dans son développement en tant qu’artiste, que ça avait changé sa création artistique et que c’était la meilleure chose qu’il avait faite. J’ai fait un enregistrement sonore dans le métro : « Point de correspondance » disait l’annonceur, voilà qui était tout à fait opportun. L’approche du carnet de voyage que j’avais adoptée, consistant à saisir des images de Londres-avec-un-L-majuscule, semblait, par pur hasard, avoir opéré.

Pour le reste, j’avais dit à Mark que j’aimerais faire une sélection de ses œuvres (Ludovica, la talentueuse assistante de Mark, a gentiment rassemblé ses films et images pour moi); l’utilisation d’extraits de ses films dans le portrait vidéo s’imposait. Ma seule petite inquiétude réside dans le fait que les regardeurs ne pourront avoir une juste appréciation de l’art de Mark Lewis, car les extraits de quelques secondes de ses œuvres caractéristiques, tournées en plan-séquence et durant habituellement plusieurs minutes, semblent ne pas lui rendre justice. D’un autre côté, si la vidéo contribue, comme je l’espère, à les convaincre que Mark Lewis est un cinéaste remarquable, alors j’aurai le sentiment du devoir accompli. 

Ross Turnbull
Ross Turnbull

Cinéaste

Ross Turnbull est détenteur d’un baccalauréat en études cinématographiques de l’Université Queen’s. Ilréalise des films et des vidéos indépendants à Toronto depuis de nombreuses années, notamment Morgan's Fall et Sight Unseen, ainsi que le court métrage primé Letters from R. Il a récemment terminé la réalisation de Terminal Device, son premier long métrage documentaire.[No text in field]