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Pour un financement des arts plus équitable et durable
Dernier billet de blogue de Simon Brault, directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada
Au cours de mes dernières semaines comme directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada, j’ai eu la chance de rencontrer des leaders d’organismes de soutien aux arts de partout au pays et dans le monde pour discuter des défis qui sont au cœur de notre travail et qui redéfinissent nos rapports à nos sociétés.
Il y a quelques semaines, le Conseil a accueilli à Ottawa un rassemblement d’organismes de soutien aux arts et de fondations − de portée municipale, provinciale ou territoriale de partout au Canada. C’était une première! Nous avons pu identifier les enjeux complexes que nous rencontrons, discuter de possibilités d’approfondir nos collaborations à plusieurs niveaux et envisager d’autres moyens d’inscrire l’équité et la durabilité au centre de nos interventions respectives.
La semaine suivante, je suis allé à Stockholm pour participer au 9e Sommet mondial sur les arts et la culture organisé par le Conseil des arts de Suède et la Fédération internationale des conseils des arts et des agences culturelles (IFACCA), dont je suis le président sortant. Je me suis ensuite rendu à la Biennale d’architecture de Venise 2023 dont le thème est « Le laboratoire du futur ». J’y ai rencontré des artistes, des architectes, des diplomates et des spécialistes du développement culturel préoccupés par la crise du logement, la justice climatique et d’autres grands enjeux insolubles sans un grand supplément d’imagination et de volonté d’agir.

Au fil de mes discussions, un constat s’est dessiné clairement : les organismes de soutien aux arts doivent poursuivre et accélérer leur transformation pour répondre aux réalités du 21e siècle et améliorer notre planète divisée, appauvrie et menacée.
Comme le Conseil, beaucoup d’organismes de soutien aux arts ont été créés au milieu du 20e siècle. Le premier quart du 21e siècle s’achève maintenant, et le monde a considérablement changé. Nous vivons présentement une période de crises multiples, notamment les pandémies, les conflits mondiaux, les menaces à la liberté artistique et aux autres droits culturels et humains, ainsi qu’une polarisation et un isolement social croissants. Il nous faut réagir à ce nouveau contexte et redéfinir nos champs d’action, sans quoi nous risquons d’être de moins en moins pertinents, voire de disparaître.
À mon avis, les organismes de soutien aux arts doivent accélérer quatre grandes transformations :
- Placer l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accès au premier plan
- Décoloniser le financement
- Abolir les silos et cultiver les liens
- Ne pas se limiter au financement
Le Conseil doit répondre aux besoins d’un secteur beaucoup plus diversifié et étendu que celui qui émergeait lors de sa création, en 1957. Notre financement doit mieux refléter la diversité du secteur artistique actuel tout en soutenant la prise en charge du développement artistique et culturel par les nombreuses communautés qui vivent au Canada.
La décolonisation est un concept évolutif et ouvert. C’est un processus aussi irréversible que complexe. Il n’y a pas de feuille de route sur la manière de décoloniser le financement des arts. Mais cette démarche doit être enracinée dans un désir profond de corriger les torts causés par les valeurs et les systèmes colonialistes qui ont influencé la création d’organismes publics de soutien aux arts comme le Conseil des arts du Canada.
Les principaux problèmes de notre société – la crise climatique, l’isolement et la détérioration de la santé mentale et les conflits internationaux – ne peuvent être abordés par un seul secteur, sans la participation de tous les autres. Une approche éclairée et concertée des différentes sphères de la société est nécessaire. Les arts ont certainement un rôle à jouer pour nous aider à faire face à ces questions pressantes. Les artistes peuvent faire le choix d’éveiller les consciences, de faire évoluer l’opinion publique sur les sujets les plus troublants et de favoriser l’articulation de nouvelles solutions à des problèmes persistants et même systémiques.
Si les activités de subvention doivent demeurer un élément fondamental de l’action des organismes de soutien aux arts, le secteur a besoin que nous assumions d’autres fonctions. Nous avons un rôle accru à jouer afin de défendre certains dossiers, notamment l’amélioration des conditions de travail et la rémunération dans le secteur artistique. C’est un problème chronique qui ne pourra être résolu sans amplifier les voix de celles et ceux qui ont fait le choix de travailler dans notre secteur. Nous avons aussi un plus grand rôle à jouer à titre de partenaire. Nous devons nous allier avec d’autres pour apprendre de leurs connaissances et de leurs connexions avec leurs communautés pour guider notre travail. Nous pouvons aussi rassembler différentes forces de la société qui n’auraient peut-être pas collaboré autrement, mais qui doivent travailler ensemble pour dénouer des problèmes d’envergure.

Heureusement, le Conseil tente continuellement de s’adapter pour répondre aux besoins, mais aussi pour favoriser des avancées sur les enjeux que les artistes et les mouvements sociaux mettent en lumière. Au cours des neuf dernières années, j’ai eu l’honneur et le privilège immenses de diriger un organisme qui est prêt à s’engager dans les chemins parfois très difficiles que sont la décolonisation, la démocratisation et l’inclusion, qui mènent tous à une utilisation plus équitable et durable des fonds publics mis à la disposition des arts.
La transformation du Conseil est toujours en cours et elle se poursuivra bien après la fin imminente de mon mandat. Mais je crois que nous avons fait des progrès considérables avec votre appui. Nous avons une fabuleuse occasion de promouvoir une évolution globale de l’écosystème du financement des arts, tant ici qu’ailleurs dans le monde, et d’y participer résolument. Nous faisons partie d’une communauté de pensée et d’action qui a le pouvoir de faire advenir un avenir meilleur pour toutes et tous. Soyons à la hauteur des défis qui nous unissent!