1. Pleins feux
  2. Gagnant du prix Walter-Carsen 2021
  3. Gagnant du prix Walter-Carsen 2021

Gagnant du prix Walter-Carsen 2021

 

Description de la vidéo

Don Ross est le gagnant 2021 prix Walter-Carsen d’excellence en arts de la scène. La vidéo a été réalisée par Ryan McCarvill.

Le Conseil des arts du Canada est une société d’État autonome créée en 1957 par une loi du Parlement fédéral (la Loi sur le Conseil des arts du Canada). Il a pour rôle de « favoriser et de promouvoir l’étude et la diffusion des arts ainsi que la production d’œuvres d’art ».

Pour plus d’information, visitez https://conseildesarts.ca/financement/prix/prix-walter-carsen

Date de publication

16 décembre 2021

Scène deux, prise un. [Son de claquette.]

Quand vous voulez.

[Musique de guitare.]

Je m’appelle Don Ross et je travaille depuis longtemps comme compositeur et comme musicien.

Depuis la fin des années 1980, c’est ce que je fais à plein temps.

Mes origines sont assez inhabituelles, je dirais.

Mon père est Écossais. Il a immigré au Canada et a rencontré ma mère, une Autochtone, à Montréal.

Je suis très fier de faire partie de la Première Nation micmaque de Millbrook.

Je n’ai jamais habité sur la réserve,

mais mes parents, oui. Bien sûr, c’est là que ma mère a grandi.

Plus tard dans leur vie, mes parents ont décidé de retourner s’y établir.

Donc, j’ai commencé à visiter la réserve beaucoup plus souvent.

J’ai appris à connaître un peu cette communauté, le chef et le conseil. C’est un groupe exceptionnel. Avec les années, ces personnes m’ont vraiment appuyé, non seulement moi, mais aussi mes filles, en contribuant à leur éducation. Je sens vraiment que je dois beaucoup à cette communauté, surtout maintenant que ma femme et moi avons décidé de déménager en Nouvelle-Écosse, puis à l’Île-du-Prince-Édouard.

C’est le Mi’kma’ki, on sent qu’il y a quelque chose de spécial avec cet endroit.

Je pense que ma musique a été très influencée par les endroits où j’ai vécu.

J’ai grandi dans un milieu francophone, donc j’ai écouté beaucoup de musique que la majorité des personnes nées au Canada anglais et aux États-Unis ne connaissent pas nécessairement.

Je pense que ça m’a grandement influencé. Mais par la suite, j’ai grandi dans de grandes villes, donc ça m’a ouvert à une multitude d’influences musicales.

[Musique.]

J’ai obtenu un baccalauréat de l’Université York, à Toronto. Il fallait absolument que je commence à gagner ma vie et que je me trouve un emploi. J’ai posé ma candidature, et j’ai fini par recevoir une subvention assez importante au début de ma carrière, à la fin des années 1980. J’ai enfin été capable de me dire : « OK, c’est un signe, je vais quitter mon emploi! », et je suis content de dire que je n’ai jamais eu ce type d’emploi régulier après.

[Musique.]

Pendant une grande partie de ma carrière, parce que je voyageais beaucoup, j’ai constaté que la géographie et les êtres humains étaient deux des principaux éléments qui m’inspiraient à composer des chansons. Une des méthodes... une nouvelle méthode assez chouette que j’utilise pour composer depuis une dizaine d’années...

J’ai commencé à enregistrer mes propres albums. Parfois, quand je compose un nouveau morceau, j’ai toutes sortes d’idées en tête, donc je me dis que je vais improviser et jouer tout ce qui me vient en tête, et je commence à enregistrer. Ensuite, je travaille à partir de ces idées-là.

Je les réécoute, et je me dis, par exemple : « Hum, OK, l’idée no 4 est assez bonne, l’idée no 7 n’est pas mal non plus », puis j’essaie de les assembler pour voir ce que ça pourrait donner. Il arrive que je trouve des trucs plutôt chouettes, et habituellement, c’est là que je réenregistre le morceau. Parfois, j’ai une pièce qui dure 16 minutes, et je la coupe à 10 minutes... Puis, je me dis que 10 minutes, c’est encore trop long, mais la pièce commence à prendre forme. Et juste avec le montage, je dégrossis, je dégrossis encore, et je peux finir avec un morceau de 4 minutes qui a vraiment de la gueule.

J’aime beaucoup cette nouvelle façon de travailler. Plus tôt dans ma carrière, je n’aurais pas été capable de faire ça.

De nos jours, entreprendre une carrière musicale, c’est complètement différent que lorsque j’ai commencé dans le milieu, c’est sûr. Quand Napster est arrivé, l’industrie du disque a été sérieusement ébranlée, et les choses ne se sont jamais vraiment replacées. Le milieu rapetisse de plus en plus, en fait.

Il y a quelques années, en été, ma femme et moi étions en voiture. Elle conduisait, et moi je râlais un peu, j’expliquais à quel point les choses étaient rendues difficiles... Elle m’a demandé : « Est-ce que tu retournerais à l’école? » Et j’ai répondu : « Eh bien... seulement si je trouvais un programme de maîtrise en orchestration pour le cinéma et la télévision offert en ligne. » On a continué notre chemin, et dix minutes plus tard, j’avais trouvé le programme que j’ai fini par suivre. C’est drôle : avant même d’avoir fini ma maîtrise, j’ai commencé à recevoir des offres de travail en cinéma et en télévision, et ça n’a jamais arrêté. Je n’ai jamais composé autant de musique, et c’est devenu une activité tout à fait viable au quotidien, que je peux exercer à temps plein. Je suis très content de ça.

Je savais que j’avais été mis en candidature pour le prix Walter-Carsen, et je savais que le volet musique ne revenait qu’une fois tous les quatre ans. Ça, c’est intéressant : ce n’est pas un prix annuel. Aussi, ce sont nos pairs qui forment le comité d’évaluation. Pour moi, cet élément-là est presque plus important que tous les autres : ces pairs me lèvent leur chapeau, d’une certaine façon. C’est un véritable privilège, parce que ça me démontre que ma musique n’est pas appréciée que par les gens qui me suivent ou des auditeurs occasionnels, mais aussi par des personnes qui connaissent vraiment le domaine, qui peuvent se prononcer sur ce genre de choses. C’est un honneur à tellement de niveaux.

Je ne sais pas ce que la population canadienne ferait sans des organismes comme le Conseil des arts. Ça ne bénéficie pas seulement aux artistes, c’est surtout au public que ça profite. Le Canada a besoin d’avoir sa propre voix, sa propre culture, sa propre activité artistique. Et si on n’investit pas pour appuyer cette culture, elle n’existera pas.

C’est fantastique que, de nos jours, on puisse compter sur des organismes comme le Conseil, qui sont appuyés par les gouvernements et par les populations. C’est génial.

[Musique de guitare.]